Ils en auront taillé de la route ces mecs! Les Melvins ont influencé plus de groupes et de courants musicaux qu’Indochine a vendu de T-shirts sur sa dernière tournée alors que, pour nos givrés d’Outre-Atlantique, le succès international sur l’avant-scène n’a jamais été au rendez-vous. On se souvient d’un Kurt Cobain béat d’admiration devant ce trio (devenu quatuor sur cet album). Si mes souvenirs sont bons, not’ bon vieux Kurt aurait même trimballé leur matos en tant que roadie pendant un certain temps.
Toujours assis entre 2 chaises, ces types ont le sens de la moquerie et de l’auto-dérision. Faut dire qu’avec leurs touches de top models, ils ont de quoi ne pas passer inaperçus… Ils pourraient prétendre au titre de papys (papes?) de l’underground. D’ailleurs, le titre de l’album (A Senile Animal) nous rappelle gaiement qu’ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Alors de quoi ça parle ici? Ou plutôt comment ça sonne? Délires bruitistes, logorrhées irritantes ou du Melvins – du bon du vrai en veux-tu en voilà – de toute bonne facture? Va pour la 3e proposition.
Ici, on est loin des schémas décousus et tiraillés entre le noisy, le lourd et l’abondance de feedback. Au contraire, cette plaque nous révèle un Melvins tout en finesse (si si, je vous jure!) avec 4 chants à l’unisson qui font penser à un chant grégorien déglingué par des moines qui auraient trop abusé de bière trappiste. Mais cela reste très audible et très plaisant. Jamais le groupe ne verse dans le doux mielleux ou le sucré poppy plein-pot, avec toujours cette touche melvinesque hyper-perso propre à chaque morceau, à chaque passage.
Si Dale Crover reste le compagnon inséparable de King Buzzo le frontman de la 1ère heure après plus de 25 ans de route, le trio est devenu quatuor avec le remplacement presté par Jared Warren à la basse et l’ajout de Coady Willis comme… second batteur! On peut rester dubitatif de prime abord tant Dale Crover est un batteur complet capable de remplir tout le spectre sonore de ses martèlements funestes. Je ne vous parle même pas des contre-temps et variations de tempos dont le type est capable. Mais c’est dans un mix de batterie très brut de décoffrage sans effet aucun que les 2 compères croisent le fer ou plutôt les baguettes. Ca donne des passages surprenants, un peu comme se sentir encore bourré de la veille au beau milieu de la circulation intense d’une capitale.
Côté gratte, on a droit à un son moins lourd et plus fini sans pour autant oublier sa touche hésitante et cracra. C’est à partir de la 5e plage que les choses se corsent ainsi que la structure des riffs et des morceaux. Les batteurs appuient la frappe et la basse peut enclencher l’un ou l’autre effet sonore. Le plus délirant, c’est d’entendre comment ils sont capables de placer leurs voix dans cet ensemble musical complexe.
Bref, la plaque est de très bonne qualité et les 10 chansons, étonnamment courtes par rapport aux formats déjà visités, nous balancent des effluves 100% Melvins dans un mix alliant dynamique et livraison brute. Ces mecs ne se renouvellent probablement pas avec cet album – (quoique le coup des 2 batteries, fallait oser), ils demeurent néanmoins un groupe des plus respectables dans leur approche sans concessions ni conventions. Avec les félicitations de la maison!
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