Il y a une année le trio d’Austin, TX s’était rappelé à notre bon souvenir en publiant un single qui n’avait de single que le nom. Deux énormes jams : « Visitors » et « Early Purple », affichant respectivement 18 et 16 minutes, constituaient ce retour aux affaires qui fit s’humidifier les calbutes élimés des plus anciens d’entre nous. Disparus des radars depuis trop longtemps, les Texans font partie d’une liste d’intervenants qui nous émoustillaient déjà alors que nous lancions ce site et que les concerts typés stoner se caractérisaient par une proportion égale de spectateurs et d’intermittents du milieu culturel présents dans les salles lors des shows en nos terres !
Tia Carrera n’est pas le fait d’amateurs de belles carrosseries US et teutonnes, mais d’une triplette active dans le registre du jam purement instrumental et sacrément couillu. Active depuis une vingtaine d’années, la formation s’articule autour de son batteur Erik Conn et de son guitariste Jason Morales. Ils se sont acoquinés avec Curt Christenson qui tient la basse comme il le fit déjà sur l’impressionnant single cité plus haut (des fois que vous suiviez) ; ce dernier s’était illustré par le passé avec Dixie Witch (encore un blaze qui va faire lever la cornette aux ancêtres), Unida et Crimson Devils. C’est le guitariste de la bande qui s’est chargé de capter et mettre en boîte ce nouvel opus dans leur ville natale. Il est intéressant de noter qu’étant spécialisés dans les jams, ces lascars possèdent une pléthore d’enregistrements dans leurs tiroirs et, l’improvisation faisant partie intégrante du truc, on se demanderait presque comment ils ont sélectionné les pistes proposées sur cette sortie présentée par Small Stone (ce qui constitue en soi un gage de qualité).
Annonçant 37 minutes au compteur sur vinyle (voir le point dédié ci-dessous), cette production cogne les 71 minutes en CD avec l’ajout des 2 titres du single précédent (vous suivez toujours ?) en bonus 100% gratos pas cher ! Outre le titre éponyme, les plages réunies sur Tried and True sont d’une durée tout à fait digérable pour les ceusses qui n’affectionnent pas tant le registre de l’impro dans lequel Tia Carrera se situe nettement au-dessus de la mêlée (et je vous rassure : ces Étasuniens pratiquent la distanciation sociale avec les plans pour hippies). Le tiercé en plage A (pour les amateurs de microsillons) : « Layback », « Taos » et « Swingin’ Wing » s’articule comme une progression débutant par une tuerie à la rythmique métronomique qui évolue subtilement vers le jam, avec une présence allant crescendo de la guitare saturée qui part dans tous les sens sans jamais taper dans l’expérimentation obscure ; l’expérimentation étant plutôt du côté de la fin abrupte de « Taos » qui m’a laissé comme deux ronds de flan. On demeure au rayon rock à rouflaquettes avec un travail énorme – de la part d’un guitariste – pour mettre en valeur les parties de basse qui tabassent les tympans.
Une fois son popotin décollé du canapé (l’endroit où on sauve la planète en 2020) pour retourner la chose, les aficionados du 33 et un tiers de tours continueront leurs tribulations en terres jams version bourrin avec le concis « Zen And The Art Of The Thunderstorm » qui tape plus dans l’arrivée de l’orage au loin que dans le rayon cosmique enfumé à l’encens. Trois minutes de larsens et coups de boutoirs à la batterie font place à une tuerie magistrale. « Tried and True » est une expérience que j’approuve en tous points ; le titre de l’album, qui flirte avec le quart d’heure, constitue un véritable carnage. Ce dernier morceau justifierait d’ailleurs à lui seul l’acquisition de cette production car rarement l’exercice de style confiture n’a atteint un tel niveau. La guitare distordue se fraie un chemin sur un fond martial soutenu par un tambourinement impeccable avec toujours ce travail magnifique sur le rendu de la basse. La progression atteint son paroxysme a mi-parcours et devient obsédante : elle plonge l’auditeur dans une transe et surclasse tous les shamans de la Cordelière des Andes. Ce final de classe internationale frappe juste ainsi que fort, et le seul reproche que l’on puisse lui opposer c’est de clore cet album tant on en aurait voulu plus.
Les revenants du Sud-Ouest des USA signent un sans-faute pour ce comeback. Leur nouvelle livraison est un carton total, d’une intensité ahurissante. Le talent est une fois de plus au rendez-vous avec cette nouvelle salve de titres, sur lesquels la tension de l’exécution orientée live s’avère maîtrisée de main de maître, avec une approche artistique pugnace sans être que bourrine. C’est quand ils veulent qu’ils en rebalancent une nouvelle couche bien grasse !
Point vinyle :
Ce chef d’œuvre du jam bien burné sera dispo en deux versions « deluxe gatefold » différentes : un marbrage de jaune, de blanc et de vert ou un mélange de rouge, d’orange ainsi que de blanc. C’est les Germains de Kozmik Artifactz qui se chargent du job. La production sera limitée à 500 pièces et si vous passez par Small Stone vous n’aurez pas le choix ; vous prendrez ce qui viendra et ça vous changera la vie bande de petits capricieux mal éduqués !
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