Le stoner (heavy) rock aime les reprises. Son univers s’est d’ailleurs créé là dessus. Pour la faire courte, son mouvement est celui de musiciens 90’s, sautant une décennie pour se réapproprier les vibrations 70’s, à grands coups de wha-wha. Et Tony Reed, guitariste chanteur derrière Mos Generator, l’une des formations les plus sous estimées de la scène (espérons que leur récent passage au Hellfest change cet état de fait), est un homme passionné par la musique. Fort d’une des collections de vinyles les plus conséquentes du circuit, obsédé par les 70’s (il a de nombreuses pièces tatouées sur lui, dont la Louise de Sabbath et Eddie d’Iron Maiden), Reed a, en 2015, publié un certain nombre de reprises sur internet. Multi-instrumentiste, ce dernier a tout enregistré seul, joué de chaque instrument et a essayé, par cet exercice, de montrer à ses suiveurs l’étendu de ses influences. Listenable Records, label français avec qui Mos Generator est en contrat a décidé, cette année, de presser ces titres pour le plus grand bonheur des amateurs de musiques et de son histoire.
Bien sûr un tel album peut difficilement être noté. La démarche était de publier ce contenu en ligne et si un tel pressage rendra heureux quelques collectionneurs (dont je fais potentiellement parti), son intérêt semble tout de même assez limité. Le contenu lui, dit par contre pas mal de choses qui méritent d’être décryptées.
Les 16 titres choisis viennent tous des 70’s (exception faite de « Court Of The Crimson King » de… 1969, si vous voulez chipoter et ne pas entendre qu’en musique amplifiée les 70’s ont commencé une année en avance). Le spectre musical balayé renvoie aux courants « proto »/« hard rock » qui ont court en ce moment (La série Brown Acid, les réédition Akarma etc.) et si quelques titres célèbres et/ou évidents sont présents : (« Court Of The Crimson King », dont Reed a l’artwork tatoué sur l’avant bras, trois Pentagram dont l’incontournable « Forever My Queen », que j’ai tatoué sur le bras tiens ou Atomic Rooster que… Bah que quelqu’un a bien dû se tatouer un jour mais là j’ai pas d’exemple), le reste est plus aventureux. Reed choisit soit des groupes établis mais sur des titres moins évidents (Slade, Cheap Trick, Iron Butterfly, Rush, Wishbone Ash) ou alors met en lumière quelques pépites qu’internet fait remonter à la surface (Necromandus ou Bloodrock pour les plus évidents, Boomrang, Poobah, Fanny Adams ou Highway Robbery pour les plus confidentiels). L’interprétation quand à elle est malheureusement (un peu trop) fidèle. Pas ou peu de relectures ici : le piano fou de « Battle » est absent, remplacé une guitare lead implacable, « Ain’t No Lovin’ Left » prend des allures Clutchiennes (appuyant les réminiscences de l’originale), Reed rend un peu de groupe au « Dier Not A Lover » de Bloodrock (quel étrange batterie mitraillette sur le titre originel). Mais l’audace vient plutôt du choix de « Garden Road », un (pas tout à fait) inédit du premier album de Rush, trouvable sur u bootleg nommé The Fifth Order Of Angels (et dont le riff pourrait avoir inspiré le « Lonely Boy » des Black Keys) ou du dépoussiérage bienvenu du « Still Born Beauty » de Necromandus (cette guitare acoustique en avant dans le mix !). Le reste, souvent fidèle au modèle original n’a que peu d’intérêt.
Drôle d’album que celui là, travail de mémoire offert aux oreilles de tous le net bénéficiant 3 ans plus tard d’un pressage, laissant envisager par son « Vol 1 » une suite. M’est avis que sa place sur bandcamp est ce qui reste le plus indiqué.
Point vinyle :
Le vinyle est pressé exclusivement en vinyles, black, avec seulement les 10 premiers titres et les 6 suivants en bonus sur un CD. Ce qui est disons… Couillon.
Sinon pour les autres tout est à l’écoute ici : https://tonyreed.bandcamp.com/album/the-lost-chronicles-of-heavy-rock-vol-1
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