Ultraphallus – Lungville


(2006)

Ultraphallus, c’est avant tout un quatuor liégeois (Belgique) qui évolue dans les eaux troubles du sludge. La première référence qui peut surgir à leur écoute est surtout à rechercher du côté des Melvins. Mais ils serait beaucoup trop simpliste et réducteur de résumer ce groupe à une telle comparaison avec les givrés d’Outre-Atlantique.

A dire vrai, la première référence qui m’est venue à l’esprit à l’écoute de leur musique est d’ordre littéraire: le sublimissime et douloureux Voyage au Bout de la Nuit de Céline. Les 4 mecs revendiquent la noirceur de l’âme humaine et son exploration. Et bien une telle expédition est franchement réussie. C’est moite comme un mauvais trip en terres africaines pendant la période coloniale. C’est effrayant et glacé comme une matinée d’hiver dans les tranchées de la Somme juste avant de servir de chair à canon lors de l’assaut final. On retrouve aussi ce genre de road movie terrifiant et ces ambiances glauques dans Apocalypse Now de Coppola pour le 7e art, qui s’inspira d’ailleurs du Coeur des Ténèbres de Joseph Conrad.

Mais trêve de littérature et de cinéma. Ici, il s’agit bien de musique. La guitare est lourde et compressée à souhaits avec une basse qui n’hésite pas à pousser la disto dans des structures complexes et des riffs non conventionnels. Ne comptez pas sur la voix pour vous rassurer dans cet univers de noirceur! Seule la batterie rythme le tout d’une frappe limpide et assurée, tel un télégraphe savamment maîtrisé après des années de pratique.

Ce premier album intitulé Lungville fait suite à la démo U1 sortie en novembre 2004. La première plage est un crescendo chaotique où le seul point de repaire est le tempo rigide du charleston. Une voix inquiétante point doucement à travers le spectre sonore pour aboutir en un cri long et douloureux. La 2e plage nous rassure par sa première apparence de rectitude mais c’est pour mieux tromper l’auditeur. Il faut peu de temps aux musiciens pour dévier dans des mid-tempos tortueux aux riffs à rallonge. L’approche rythmique de la 6ème plage me laisse pantois tant cela semble chaotique mais ô combien structuré et magnifiquement interprété. Je vous laisse le soin de découvrir cette perle sans donner une description de chaque plage.

Côté design, on distingue une pointe d’ironie (ou de lucidité) avec ce style façon Belle Epoque, qui fut d’ailleurs le prélude à 2 cataclysmes planétaires entrecoupés d’une période d’instabilité notoire et de profonde dépression. Une manière bien appropriée pour annoncer la tempête…

Décidément, Ultraphallus est un groupe qui connaît très bien son sujet et digresse volontiers tant avec ses instruments qu’avec les images sombres de la vie qu’il véhicule avec brio et sincérité. A suivre sans le moindre doute.

Contact:
www.ultraphallus.be
www.myspace.com/ultraphallus

Thib

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