Au bord de la route, une vieille dodge semble abandonnée. Pas de circulation. Espérons qu’il y ait une gourde dans la boîte à gants. L’été est chaud et humide même le son de la radio paraît étouffé. Un chant traditionnel de l’Ohio est diffusé sur les ondes : « Worn Teeth ». Voix plaintive, une simple guitare, des clappements de mains et des pas pour seule base rythmique. L’auteur devait être condamné aux travaux forcés à casser des cailloux. Finalement trois hommes sont dans le véhicule. Le moteur avec son mur de guitare/basse/batterie est lancé. La gomme des pneus se met à chauffer, le chant traditionnel s’est transformé en hymne hard. La mécanique semble bien huilée, ça ronronne sévère sous le capot. C’est lourd et efficace. La carrosserie se met en branle. La route s’ouvre à nous.
« As Earth and Moon » débarque, wouah ! La dodge fait du 0 au 100mph en une seconde ! Le moteur est déjà chaud, ça groove de toutes parts ! Des riffs heavy s’enchainent et la section rythmique étale tout son savoir faire en break, cassure de rythme, changement de motif. Chant typé hard des sweet 90’s, ça « crie » mais c’est mélodique et puissant. Des ouuuuuuh, des yeaaaaaaaaaah. Le couplet a marqué le goudron d’une trace indélébile. Le son nous rappelle que l’on sait encore faire des productions puissantes mais claires. Loin de la mode du « si l’aiguille est dans le rouge c’est que c’est bon ».
On ne roule que depuis six minutes que l’on est déjà scotché à la banquette arrière. La route est sinueuse mais les pilotes savent négocier les virages avec maestria. « Maya » prend le relai à l’antenne. L’intro est plus posée, la route monte et descend mais une fois la dernière côte attaquée, le groove est lâché. « Nomads » se la joue basse/batterie/chant, pas de gourde dans la boîte à gants mais un minibar rempli de bières fraiches. Les Américains savent jouer et dans ces conditions vous vous dandinez de manière incontrôlable sur un groove endiablé.
« Laser Vision Intermission » laisse le temps au moteur de se refroidir un peu. Interlude bienvenu au milieu de ce déluge de riffs tranchants, de basses ronflantes et de batteries claquantes. Tout est finalement de facture classique dans cette dodge mais tellement bien assemblé. « Within the Glare » reste dans la même veine. Le gratin du rock lourd et hard des années 90 est évoqué. « The Message is Get Down » vient réclamer à Fu Manchu la couronne de king of the groovy road. Les paysages défilent, la route est tracée : on ne fera que prendre son pied à chaque intro, chaque couplet, chaque refrain, chaque break. Du power-stoner-rock! « The Sleeping Hand » ne déroge pas à cette ligne de conduite que Valley of the Sun se tient à suivre de la plus juste des manières. « Gunslinger » enfonce le clou, on va être à cours de fuel ! Les chevaux sont lâchés, ça vrombit de partout. La voiture est devenue décapotable, ça devenait urgent de pouvoir headbanger librement.
« Centaur Rodeo » nous conduit à destination, la dodge a été customisée avec un petit synthé pour appuyer le côté fin de road trip. Le voyage a été tellement jubilatoire qu’ils pourraient garer la caisse dans une décharge qu’on garderait un sourire béat.
Première signature sur le label Fuzzorama des Truckfighters, Valley of the Sun signe avec “Electric Talons of the Thunderhawk” son troisième opus et nous fait amèrement regretter de ne pas avoir croisé leur route plus tôt. L’album se clôt qu’on a envie de refaire du stop.
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