Alors, autant vous gâcher le plaisir de la chute et vous spoiler la fin avant même le début de la chronique : cette compilation Women of doom est un fantastique pétard mouillé. Voilà, c’est dit, vous pouvez donc reprendre une activité normale ou vous pencher sur un autre disque… Merci, à bientôt…
Plus sérieusement, essayons de comprendre ensemble pourquoi cette compilation, parue chez Blues funeral, n’apportera rien au doom, aux femmes et à la musique en général. Commençons par évoquer l’idée principale du projet: sélectionner, parmi les artistes de notre vénérée scène doom-stoner, quelques artistes représentatives du courant et mettre en avant la scène féminine. Les intentions sont bonnes, il faut le reconnaître (même si, fatalement, sortir une compilation 100% féminine rappelle que les demoiselles sont en minorité dans le petit cercle très fermé des stonerheads barbus), mais le souci est ailleurs : la sélection n’a ni queue ni tête, n’est aucunement représentative (ou sont donc les Acid King, Messa, Kylesa, Windhand, Alunah ?) et surtout, aucun titre ne donne forcément envie de découvrir la discographie des artistes présents (par exemple, le dernier album de Year Of The Cobra vaut mille fois mieux que ce piteux et médiocre “Broken” chanté par Amy Tung). Bon, un ou deux titres méritent une écoute (notamment celui de Besvarjelsen, toujours impeccable). Mais mettez-vous une seconde à la place de quelqu’un qui n’y connaît absolument rien et qui, sur un malentendu, tombe sur cette compilation… Le pauvre, il va penser que ce qu’il écoute, c’est du doom et c’est ce qui se fait de mieux dans le genre ! Pauvre de lui…
Autre grief de ce genre d’initiative : « sexualiser » le doom et faire du « doom chanté par une femme » une catégorie musicale à part entière… Le doom EST une catégorie à part entière, qu’il soit chanté ou non par une femme. Dans une période plutôt difficile pour les prédateurs sexuels et les pervers en tous genres, difficile de ne pas voir, dans cette compilation, une tentative maladroite de rendre hommage à la scène féminine. L’intention est louable mais elle tombe un peu à l’eau. Je ne suis pas une femme mais si j’en étais une, je me dirais : « ah ouais, comme çà il nous faut une compilation pour se faire connaître, pour faire savoir qu’on existe. Et en plus, ils ont choisi des bouses ! V’là la publicité pourrie ! ». J’ai l’impression que les décideurs de ce projet sont tous des mecs qui se sont dits : « bon, les gars, on va faire une jolie galette, on va prendre les premiers noms qui viennent en tapant « women » et « doom » sur Google et, comme çà, elle vont nous lâcher la grappe… De toute façon, elles sont tellement peu sur le circuit qu’elles ne nous prendront pas la tête longtemps ! ».
Et c’est là tout le souci de la musique métal en général (et de la scène stoner en particulier) : c’est un monde d’hommes et les femmes, malgré un talent souvent indéniable et reconnu, resteront toujours les faire-valoir d’une musique machiste qui n’a que faire des « brailleuses » en jupette qui montent sur scène à moitié à poil… Ne vous méprenez pas, je ne suis absolument pas ce genre de type, je ne fais que constater une triste réalité : combien de fois avez-vous déjà entendu au milieu d’une foule : « putain, il est baisable ce guitariste à la grosse barbe ! », ou alors « je lui ferai bien sa petite affaire à ce batteur au T-shirt noir ! » ? Honnêtement, jamais, et vous ne l’entendrez sans doute jamais… Malheureusement, la femme a toujours été vu comme un objet de désir, une Jessica Rabbit devant laquelle se pavanent des dizaines de loups de Tex Avery…
Alors, même si les intentions de Blues Funeral sont louables, ce genre de compilation est un peu vaine. Simplement car, que ce soit un homme, une femme, un pangolin ou une armée de martiens qui chante, ce qui comptera toujours c’est ce que la musique vous procure, vous fait ressentir, qu’elle vous émeuve ou vous terrifie, qu’elle vous fasse planer ou danser, qu’elle vous fasse vous sentir vivant, tout simplement… Et ce disque montre les limites du projet : la qualité est mise au second plan au profit du fait que ce soit une femme qui chante. Et c’est dommage, vraiment dommage…
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