Weedeater – Goliathan


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Si Weedeater était des stakhanovistes de la production musicale, ça se saurait. A leur décharge le quotidien n’est pas non plus des roses pour eux du côté de la Caroline du Nord. Si ce n’est pas un orteil perdu qui a ralenti le processus de sortie d’un nouvel album, c’est le départ d’un membre fondateur, pour des raisons plus ou moins claires, qui a remis en question la venue d’une quelconque progéniture musicale. Keith « Keko » Kirkum a quitté le radeau mais bien loin d’avoir sombré Weedeater a embarqué dans le paquebot Season Of Mist depuis. Après avoir ressorti en grandes pompes tout son catalogue, le label nous offre aujourd’hui l’opportunité de retrouver le trio boueux avec désormais Travis « T-Boogie » Owen derrière les fûts.

En même temps une production intensive trahirait un peu l’imagerie inspirée par le nom Weedeater et puis quatre ans pour se reprendre une dose bourbonnée de sludge mal lavé, ça laisse le temps de se décrasser les tympans. La formule n’a pas changé, les riffs les plus gadoueux se débattent entre basse baveuse et ronde batterie, merci à une production très pure presque live. Ce n’est pas le sérieux qui étouffe la formation américaine comme le démontre l’intro tout en synthé dernière classe « Processional », la respiration banjonienne « Battered and Fried » en milieu d’album ou l’outro basse-psyché « Bennadiction ». En comptant « Reprise » cela fait tout de même quatre titres sur dix qui n’offre pas de nouvelles doses de stoner-doom dépecé au southern-sludge.

Seul reproche à faire à cet album ? Certainement. Weedeater fait du Weedeater, enfonce vos esgourdes un peu plus profond dans la moiteur du sol battu par les battements de pieds qui marquent le groove toujours aussi dégoulinant du groupe. Les six morceaux restant offrent leurs lots de riffs en boucle savamment boutés par un break à la rythmique imprévue. Le chant glaireux participe aux échanges graisseux tout en communion entre les instruments. C’est un sombre bloc qui avance vers vous inexorablement, parfois qui fonce « Bully ». Mais qui vous écrase plus souvent en mid tempo, pour mieux vous ruminer comme une montée de vomi contrôlée. La classe « non-classe » en synthèse.

Weedeater ne lutte pas pour être premier mais pour la place au fond de la salle, le majeur fièrement dressé. Au chaud, rien à démontrer. De toute façon que vaut un trône quand on peut siéger dans un rad miteux suintant l’alcool frelaté aux relents de fumée psychotropique avec la bande son idéal : Goliathan. Du début à la fin, la messe est dite. Mangez l’herbe avec eux ou passez votre chemin.

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