A l’instar de Triptykon, que je considère comme le tout meilleur projet musical de cette décennie, With The Dead avait su, avec son premier album, redessiner les contours d’un doom à la fois familier (en mélangeant les propriétés sonores d’Electric Wizard et Cathedral) et novateur (la noirceur et la puissance sonore du rendu définit un standard pour de nombreuses années à venir) pour un résultat d’une qualité indéniable et d’une élégance rare. L’association de vétérans de la chose heavy, Bagshaw/Grenning, la section rythmique originelle du Wizard, et Lee Dorrian, d’entre autres Cathedral, avait alors le pouvoir de transformer le moindre titre en un élixir doom aux incroyables vertus. Hélas, comme trop souvent, l’attitude de Mark Greening, génial batteur par ailleurs, ne lui aura pas permis de pérenniser sa place dans ce projet qu’il avait pourtant initié. Évincé et remplacé par Alex Thomas (ex Bolt Thrower), Greening voit ses anciens compagnons de route continuer l’aventure, With The Dead enregistrant également l’arrivée de Leo Smee (Cathedral, Chrome Hoof) à la basse (Bagshaw passant à la guitare).
Désormais quatuor, With The Dead investit de nouveau les studios Orgone. Ils reprennent ingrédient par ingrédient la recette précédemment brevetée, plongeant 7 nouveaux titres dans leur grosse marmite doom, celle-là même qui en 2015 aura offert au monde des pièces au potentiel d’asservissement auditif imparable, telles que “Living with the dead” ou “I am your virus”. Malheureusement, rien n’est plus ardu à réitérer que le génie et c’est précisément de ça que souffre Love From With The Dead : de la comparaison avec l’insurpassable aîné. Si la recette est suivie à la lettre, le rendu, lui, semble hélas agir à la manière d’un placebo. La faute à un manque de trouvailles peut être ou de riffs marquants qui auraient changé ce disque certes homogène et puissant, en quelque chose de profondément génial. Ce disque à la noirceur et la radicalité prononcée, passe finalement comme un nuage menaçant sans que jamais ne s’abatte sur nous ne serait-ce qu’une averse. Certes « CV1 » et sa fin d’apocalypse technoïde tonne dans le lointain, certes « Cocaine Phantoms » convoque quelques images spectrales dans un tourbillon de metal sombre et froid, mais rien ici ne supporte la comparaison avec le glorieux premier né qui avait tant enchanté notre année 2015. Il ne reste alors que les regrets et l’envie furieuse de se replonger dans cette aventure sonore que propose le premier album de With The Dead, un groupe qui a le défaut de sa qualité : il nous a appris à être très exigeant. Habitués que nous sommes à boire un breuvage aux multiples vertus, la nouvelle potion ici proposée semble malheureusement éventée. Pas étonnant que le charme soit rompu.
Point Vinyle :
Rise Above gâte ses acheteurs, même un peu trop. Pour le With The Dead, une première version Die Hard à 100 exemplaires, réservée aux membres du groupe et famille est pressée (Clear). S’en suivent deux autres version Die Hard à 200 exemplaires chacune (black et purple sparkle), puis 4 versions plus classiques : deux pour l’Europe (rosewood et Aztek gold, 1000 chacune) et deux pour les US (solid purple et silver color, respectivement 500 et 300 pressés). Voilà qui fait beaucoup de fioles pour un si peu efficace élixir.
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