Le Maryland, son fameux Doom Fest, sa ville la plus peuplée : Baltimore et sa criminalité impressionnante, sa tradition artistique avec des formations de lourdingues : The Obsessed et ses démêlées avec les douanes européennes ou Earthride, ses stars du stoner qui se paient le luxe de se produire en Mainstage au Hellfest : Clutch et maintenant son trio de gros bourrins : Yatra.
N’allez pas chercher dans ce « Death Ritual » la sagesse du pèlerinage hindouiste dont ces Étasuniens ont tiré leur blaze ni même une référence à l’album presqu’homonyme de Six Feet Under qui pourrait passer pour un recueil de comptines enfantines à côté du déchaînement doom pratiqué sur ces huit pistes où règne une noirceur d’une ténacité incroyable.
Une fois que l’auditeur s’est plongé dans le sinistre bordel fomenté par la formation mixte, il lui est impossible de s’en désolidariser : le magma sonore adhère carrément et devient, au fil du temps, addictif. Lentes, lugubres et pachydermiques, les ambiances déployées sur ce premier effort sont le fruit d’itérations étalées dans le temps et mises en boîte en plein mois d’août 2018 dans des conditions allant droit à l’essentiel et faisant fi de bricolages sonores ou de délires de producteurs. L’essentiel consistant, pour ces Étasuniens, en un mur de guitares saturées sans une once de finesse, une rythmique pugnace dans le bas de l’échelle des BPM et des hurlements pathologiques. Si ça ne vous parle pas : il y a des nouveautés intéressantes au rayon hippie en ce début d’année ; vous avez de quoi vous faire plaisir et laisser les moins finaux s’astiquer en considérant les lambeaux de leurs cerveaux qui se répandent sur le sol sous les assauts dégénérés de Yatra.
Bien qu’étalant certaines plages au-delà des 5 minutes réglementaires, le trio du Maryland renoue avec une certaine urgence du genre punk qui sied si bien à des formations comme Eyehategod dont les fans feraient bien d’écouter le brulot « Sacred Flower » qui est un bel exemple du bâtard engendré par le télescopage de la mouvance stoner catégorie poids-lourds et du crust-punk déglingué orienté metal.
Quand la triplette exécute ses longues compos, il parvient à insérer un riff de base dans la boîte crânienne de son auditoire ; « Smoke is Rising » incarne ce type d’exercice avec quasi sept minutes burnées au compteur qui s’achèvent sans artifice de manière abrupte en laissant le fameux auditoire déboussolé. Yatra a habilement placé « Mighty Arrows » en avant-dernière position de ce premier effort. Ce titre, un tantinet pugnace (pour le genre pratiqué), nous percute comme un redoutable uppercut balancé au ralenti à grands renforts de hurlements de forcenés ; on ramasse ses dents après plus de cinq minutes bestiales durant lesquelles on croisera même du solo à la gratte (c’est vous dire l’ouverture d’esprit) : diabolique et jubilatoire…à l’image de cette production !
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire