Quelle meilleure perspective un lundi soir à Bordeaux que de s’engouffrer dans le ténébreux Void pour une nouvelle soirée Make It Sabbathy ? Aucune, clairement, même si cette fois particulièrement, votre serviteur est en mode “surprenez moi”. Ayant juste vaguement entendu parler des groupes à l’affiche, c’est uniquement parce que les MIS n’ont jamais vraiment déçu quant à leur exigeante programmation que je m’y rends un peu les yeux fermés.
Malheureusement, ce n’est pas vraiment l’état d’esprit de la majorité des bordelais semble-t-il : lorsque Little Jimi lâche son premier accord à plein volume, on est… trois personnes dans l’assistance ! Heureusement le son du trio fait suffisamment vrombir les murs pour inciter les présents à quitter le bar et rejoindre la petite salle. Au final, un bon tiers de la salle sera remplie, ce qui n’est pas déshonorant, mais reste décevant. D’autant que Little Jimi propose une prestation de très haute tenue : rodés par une expérience scénique qui commence à être substantielle, le groupe est en pleine maîtrise de son set, faisant preuve d’une énergie contagieuse. Largement instrumentale (mais avec quelques vocaux ici ou là, quasi aériens) leur musique est très empreinte de sons et influences vintage, bien sûr, mais leur fougue et leur jeunesse la rendent parfaitement moderne. Comme le laisse supposer leur sobriquet, la guitare est au centre des débats, avec force soli et un recours fiévreux à la Wah-wah. D’ailleurs il y a deux guitaristes et pas de bassiste (même si l’on soupçonne l’un des larrons de générer des lignes bien proches d’une basse, par un truchement technique qui dépasse les compétences de votre serviteur). Gros son de guitare, donc, ainsi que de batterie : derrière ça martèle dur et fort. Tout le monde passe un super moment pendant un peu moins d’une heure bien remplie.
La petite scène croule sous le matos quand l’on redescend pour assister au set de Pristine : amplis, clavier, pedal board démesuré et… des spots un peu partout ! Mais oui, le groupe est venu avec son propre matos d’éclairage et son ingé lumière ! Quel bonheur quand on est habitué aux 2 déplorables spots fixes rougeâtres du Void… Bref, Pristine se donne les moyens de ses ambitions, et va vite en faire la preuve. Très vite, c’est Heidi Solheim qui attire l’attention : la frontwoman (qui est aussi la principale ouvrière de la musique du groupe, loin des clichés de la potiche mise en avant artificiellement comem d’autres groupes scandinaves…) met un ou deux titres à être au top, mais fait très vite montre d’un fort charisme, et ce jusqu’à la fin du show. Sa voix remarquable va s’appuyer dans les confins de la soul la plus chaleureuse, et développe des sonorités blues, rock, hard rock, … Une superbe prestation à elle seule. Derrière, on s’appuie sur un bassiste stoïque mais solide (il le faut pour ce genre musical), et un batteur tout aussi robuste. Côté groove, la dose est là. Espen Elverum Jakobsen à la gratte est l’autre pièce essentielle du combo : il abat du riff, crache du solo a gogo, porte le pan mélodique à bout de bras. Et dans un coin de la scène, un peu planqué, un claviériste remarquable appuie chaque titre d’interventions magiques : son jeu incarné, possédé, fait mouche.
Les titres s’enchaînent, boogies rapides, hard rock fiévreux, ou mid-tempo bouillants… Le groupe nous fait aussi cadeau d’un petit inédit, “The Pioneer”, qui nous laisse présager un excellent nouvel album à venir. Au bout d’une petite heure, le groupe quitte la scène pour un faux rappel, puisque le batteur reste derrière son kit et n’attend pas trop longtemps pour lancer la rythmique solide de “Bootie Call”, ce qui ne tarde pas à faire revenir ses acolytes. A ce stade, le (maigre) public est conquis, ça sourit et ça danse. Au final, la soirée “découverte” a encore une fois été au rendez-vous, et comme on l’espérait, c’est une double bonne surprise que l’on a eue avec ces deux groupes.
Excellent Live Report, et, effectivement, ce groupe que nous suivons, depuis quelques années, sur Rock Meeting, méritait plus de monde pour les applaudir car leur répertoire parsemé de tube en puissance a déjà conquis l’Europe du Nord où le groupe se produit essentiellement. Pour la tournée Ninja, c’est l’Espagne qui était surtout visée car c’était la première incursion du groupe dans ce pays, sans parler de la France pour l’instant délaissée, mais, grace à Make It Sabbathy, voilà que Bordeaux, idéalement placé sur la route du retour pour effectué un concert, a offert aux PRISTINE, une opportunité de pouvoir nous visiter, de surcroit un Lundi, ce qui n’est pas le meilleur jour. Mais, qu’à cela ne tienne,les PRISTINE reviendront, surement, en France, en 2019 après la sortie de leur 5ème opus prévue en Janvier ou Février. Affaire à suivre!