STONED JESUS ( + Elephant Tree + Mothership) – 27/09/2018 – Paris (Petit Bain)

Septembre, le mois de la rentrée, des impôts, des jours qui raccourcissent et de la veste qu’on porte que le matin et qu’on est obligé de se trimballer le reste de la journée, car « en fait, il fait plutôt bon ». Ces vicissitudes mises à part, c’est surtout l’opportunité de croiser une sacrée collection de tournées. Parmi elles, celle de Stoned Jesus en compagnie du trio survolté Mothership et des Londoniens d’Elephant Tree. Ce troupeau de solides énergumènes faisait justement halte sur la péniche du Petit Bain à Paris ce jeudi 27 septembre pour une soirée lourde et électrique offerte par Garmonbozia Inc.

Elephant Tree

Ouverture des hostilités par nos amis d’outre-Manche avec leur titre « Dawn ». La salle est déjà bien remplie pour un 19 h 30 sans pour autant compliquer l’accès au deuxième rang. Ainsi installé derrière l’armée de photographes scotchés à l’estrade, on avale à loisir une bonne dose de riffs. Entre autres choses. Les Anglais nous déballent alors leur doom pachydermique et au raffinement tel qu’il se garde bien de nous écœurer. Malgré une grosse caisse un peu forte au début et quelques écarts de justesse au niveau du chant, la prestation reste impeccable. La superposition des voix de Jack et Peter calées sur des riffs d’une lourdeur titanesque et une rythmique puissante contraste à merveille. Le tout donnant l’impression d’un vieux sage assis en tailleur sur le dos d’un cerbère lancé au pas de course. Entre leurs titres des deux premiers albums devenus rapidement des classiques, Elephant Tree nous offre le privilège de deux morceaux inédits : « Wasted » et la superbe « Bird »,qui ne sauront que galvaniser notre impatience naissante de découvrir le prochain opus. Puis, à l’occasion du dernier morceau « Aphotic Blues », Kyle Juett (le guitariste de Mothership) s’empare de sa six cordes pour venir secouer la tête sur scène avec ses copains. Et afin de s’assurer que plus personne ne souffre de raideur musculaire au niveau des cervicales, ils achèvent ensemble le set par une reprise méconnaissable de Paranoïd. La salle est pleine et le public à température.

Mothership

Et ça tombe bien, car débuter un show de Mothership à froid doit s’avérer au moins aussi dangereux pour le corps qu’un triple shot de téquila après une année de sevrage. Dès que les frères Juett et leur pote Judge Smith montent sur scène, on sent que ça va virer chocolat. Kyle est déjà torse poil et trempée de sueur du fait de son passage dans la fosse, Kelley nous demande s’il est possible de faire tanguer ce maudit bateau, quant à Smith… et bien, sa cymbale chinoise en lambeau parle pour lui. Sans surprise, le Heavy rock and roll déjanté des Américains emporte la foule dans un torrent de frénésie. Si les deux premiers titres résistent au chaos, dès le lancement du galopant « Crown of lies », c’est foutu. Le premier slam part, et très vite les pogos suivent ; au grand dam de ce pauvre monsieur (appelons-le Michel) qui n’avait jamais vu ça de sa vie et tente à plusieurs reprises de raisonner les bougres d’individus qui le bousculent. On s’excuse, Michel. La logique et la sanité n’ont malheureusement plus leur place dans ce temple d’hérésie. Une fois Michel en sécurité, on retourne se jeter dans la fosse. Les tritres comme « Cosmic Rain » s’enchaînent et parfois, entre deux, on répète un « Hell yeeeaaahh ! » lancé par Kyle. Une fois n’est pas coutume, Igor des Stoned Jesus se joint aux énervés de Dallas pour achever le set.

Mothership – Igor

Décidément, entre ça et les t-shirts à l’effigie des groupes de la tournée, on sent que tous s’apprécient beaucoup. La joie générale et le plaisir de tourner ensemble sont d’ailleurs palpables et se transmettront depuis le début d’Elephant Tree jusqu’au dernier rappel de Stoned Jesus. En ce qui concerne Mothership, ils clôturent leur impressionnante prestation par « Angel of Death ». Morceau phare dont le public conquis se plait à scander les paroles.

Stoned Jesus

La foule est dense pour accueillir la tête d’affiche du jour. Le trio made in Kiev vient justement de sortir son nouvel album Pilgrim, et il entend bien le défendre. Aussi, démarre-t-on avec trois extraits de ce dernier, dont  « Thessalia » et « Feel ». Trois morceaux inédits bien différents des standards du groupe, mais qui savent pourtant secouer les fidèles venus quérir la bonne parole. Comme pour se justifier, Igor annonce qu’il y a aussi quelques classiques incontournables à venir. ” Don’t worry, there should be « I’m the moutain » somewhere”. Homme de parole, il la place au milieu du set. Juste après le vilain « Here come the robot » qui déchaîne totalement les passions. Les pogos explosent au moindre prétexte, les slams se succèdent, on prend les santiags en crocos de Kyle dans la tronche. Même Sergey se laisse porter par la foule à deux reprises tout en lâchant ses grosses lignes de basse. On pourrait supputer qu’après la tornade Mothership, l’énergie de Stoned Jesus perdrait de sa superbe, or il n’en est rien. Les riffs sont intenses, le chant est puissant, juste, et la rythmique parfaitement maîtrisée. On redécouvre littéralement leurs morceaux. On les goûte sous un nouveau jour, surtout avec la qualité sonore irréprochable du Petit Bain. « Feel », « Hand resist him », « Apathy » et bientôt c’est le premier rappel. Et quoi de mieux pour achever cette meute de chiens affamés que de leur lâcher ce bon vieux « Black Woods » issu du premier album. Toutefois, cela ne suffit toujours pas à rassasier les fidèles. Stoned Jesus surgit donc à nouveau avec « Water me » pour un ultime rappel. Un choix audacieux, qui viendra confirmer la volonté du groupe de jouer l’intégralité de son dernier album. Néanmoins, à en juger par l’ovation, le remplissage de la salle et la quantité de sueur répandue, le pari est réussi. Les Ukrainiens confirment que même avec un album ayant reçu une critique mitigée, ils sont capables d’enflammer les foules dans un torrent Stoner bien à eux.

Stoned Jesus

On remonte donc les marches du sous-sol avec une franche joie. Celle d’avoir assisté à trois shows d’une qualité impeccable, celle d’avoir partagé l’énergie bienveillante de musiciens heureux de jouer ensemble, proche de leur public et généreux ; même celle d’avoir collecté quelques bleus et des échantillons de sueur de singuliers individus, dis donc ! Que dire de plus ? Merci le Petit Bain, et merci Garmonbozia Inc.

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