Revenons sur une belle soirée signée Ben Crumble. L’habile programmateur Nantais se bat au quotidien pour faire vivre sa passion doomesque et psyché et ne rechigne pas à aller glaner ici et là quelques belles pépites bourrines, comme le démontre le plateau de ce soir, qui démarre avec les post métalleux de Sick Sad World pour transiter tout sludge dehors vers Old Iron avant de porter au pinacle les inclassables Verdun. La belle soirée que voilà, allons donc nous refaire le film de cette dernière.
Venus en voisins, les Nantais faiseurs de post metal de Sick Sad World n’ont pas encombré leurs valises de bons sentiments. La musique sombre et invasive du quintette ne délaisse pas la finesse pour autant. Cette entrée en matière se compose d’un set maîtrisé et d’un mix du son qui ne démérite pas. La prestation scénique de Sick Sad World est sans excès, la décontraction du batteur surprend même alors que sous ses pied martèlent les doubles pédales qui servent de tremplin aux effets saturés des gratteux et du chanteur hurleur qui, tantôt derrière sa console tantôt micro tête de mort à la main, capte l’attention de son public par de nombreuses gesticulations visant à faire sortir la puissance de ses tripes. L’habile insertion d’effets électro acoustiques puis la clôture écrasante finissent de combler le public et votre serviteur, ravis d’avoir découvert cet assemblage particulièrement réussi.
Déjà bien plus dans notre ligne éditoriale que le précédent groupe, le trio de Seattle, Old Iron revendique une étiquette sludge que l’on pourrait vite qualifier d’un rien foutraque. En effet la tendance du batteur à sortir régulièrement du temps pour quelques éphémères démonstrations stylistiques séduira une part des auditeurs mais me laissera sur le côté de la route. Malgré cet enthousiasme mitigé, la salle se remplit doucement et c’est tant mieux, nous n’allions pas nous fâcher pour si peu, après tout le groupe est d’une légitimité absolue, lui qui avait réalisé en 2022 un split sombre et violent avec Verdun, à qui ils servent la soupe ce soir. Néanmoins, c’est lorsque le rythme se ralentit et que le groupe rentre dans les standards du genre qu’il donne le meilleur de lui-même. Quelques riffs d’exception émaillent le set offrant au public ce qu’ il attend d’un bon moment. Old Iron nuance son propos ici et là de bandes sonores qui allègent la série de poutres qu’il balance à la tronche d’un public qui en redemande de plus en plus. Au final le pari est réussi pour les américains avec un set qui va en se bonifiant et conquiert indéniablement le public.
Parfum d’apocalypse lorsque les headliners de Montpellier foulent les planches au son de “Dark Matter Crisis”. Avec ses tatouages hardcore plein le visage du chanteur, Verdun renverse le cold crash. Alliant la lancinance des riffs aux blasts les plus agressifs, c’est le fer et le feu que le groupe fait pleuvoir sur la fosse . On devient peu de choses face à un tel groupe. Hurlements après hurlements le chanteur violente les tympans de l’assistance pendant que ses trois collègues instrumentistes transpercent les corps de leurs riffs. Et quand entre deux tours de chant le frontman prend la parole, on peine à croire qu’ une voix normale ait pu dormir en une pareille créature. Le morceau le plus hardcore me fait me demander si le groupe a bien sa place dans ces pages. Mais rien que pour le plaisir de valoriser la puissance d’un tel set je répondrais : oui ! Les rythmiques doom s’effacent systématiquement devant les blasts et de part et d’autre de la scène c’est la totale, un fourre-tout dont on peine à s’ extraire indemne en particulier avec les titres issus de leur split avec Old Iron, “Narconaut” et “Down Of The Angry “qui sera suivi en conclusion de “Last Man Standing”, issu lui de leur premier album. En conclusion nous laissons derrière nous toute analyse avec un seul mot d’ordre, Verdun, ça se vit, allez les découvrir en live!
Voilà passée une seconde soirée pour ma part au Cold Crash, toujours sous la bienveillante et professionnelle égide de Crumble Fight et c’est encore une réussite pleine et entière. La salle a un parfum de Michelet bis et il n’en faudra pas plus, on l’espère, pour que vive pleinement ce lieu qui semble-t-il attire déjà tout ce que la région Nantaise compte de fans de la scène stoner, doom et affiliés.
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