Slift (+ Population II) – 15/01/2025 – Bordeaux (Rockschool Barbey)

(Re)voir Slift en salle, qui plus est headliner, était probablement sur le papier la meilleure manière de véritablement entamer 2025. C’est une file d’attente des grands jours qui sinue sur le trottoir de la Rockschool Barbey – pas forcément enthousiasmant par période de grand froid de devoir faire la queue dehors, mais ne boudons pas notre plaisir de voir le public se rallier en nombre pour le concert des nouveaux rois du psych rock.

 

Population II


Le trio québécois qui assure la première partie de Slift sur un large segment de cette tournée monte sur scène pile à l’heure, et il ne faut pas longtemps pour capter la logique de leur placement sur cette affiche : la jeune formation évolue dans un rock psyche nerveux, empruntant au noise, au garage rock et autres tendances du rock énervé. Résolument moderne, le groupe pioche néanmoins dans des influences psyche assez classiques, à l’image de ces passages où la frénésie des rythmiques rencontre une lancinance toute kraut rock. Le groupe s’appuie sur un guitariste équipé d’une sorte d’instrument à 12 cordes (dont le corps fait penser à une sorte de sitar électrique) et un bassiste (qui joue sur une 8-cordes) qui ont chacun leur clavier / rack d’effets, pour proposer toujours plus de nuances sonores. Quant aux rares lignes de chant, elles sont prises en charge par le batteur. Formation atypique, donc, pour un set très plaisant, même si marqué par beaucoup de ruptures de rythmes.


Slift

C’est en s’appuyant sur la petite boucle mélodique semi-dronesque qui aura tourné sur toute la période entre les 2 sets que Jean fait germer l’intro du set sur le rageur “Ilion”. La Rockschool, blindée jusqu’en haut des gradins, prend en pleine face le déluge de décibels développé par le trio, qui enchaîne évidemment avec “Nimh”. Le son est souvent de qualité dans cette vraie salle de concert, et celui de ce soir ne sera jamais pris à défaut, clair et puissant exactement comme il faut. Scéniquement, la formation toulousaine s’appuie sur une imposante projection vidéo, qui englobe les musiciens avant de tapisser le backdrop, changeant à chaque chanson, renforcée par un vrai light show.

Sur scène, Jean, lorsqu’il n’est pas contraint de rester le pied sur sa pédale d’effets ou derrière son micro, arpente sa moitié de scène avec fougue, sa guitare en prolongation quasi-organiques de son corps mouvant. Rémi est à peine plus calme, incarnant bien la hargne de ses lignes de basse, en soutien de la batterie de Canek, plus sobre, mais délivrant une belle performance, dernière son kit minimaliste (comme quoi, c’est pas ceux qui ont la plus grosse qui sont les plus efficaces…).

Headliner oblige, Slift a plus de place sur sa set list pour caler autre chose que ses titres supposément les plus efficaces en live. Et il ne s’en prive pas pour construire ce soir un vrai parcours musical, intelligent, aéré, reposant évidemment sur ses deux derniers albums uniquement. Il y grée néanmoins deux “presqu’inédits” (qu’il joue déjà depuis quelques mois en concert) qui ne dénotent pas (qualitativement et stylistiquement) au milieu d’un set cohérent.

Le public, nombreux et disparate, goûte chaque minute : ça danse, ça sourit, ça headbangue… Tout le monde est captivé et manifestement heureux d’être là. On aura même vu d’éminents membres de Mars Red Sky ou Red Sun Atacama par exemple venir assister à la fête.

 

Quand Jean, dont les communications avec le public sont minimales, annonce qu’il ne reste que trois titres à jouer, on ne se doute pas que c’est une grosse demi-heure de set qu’on va encore se prendre en pleine face, puisque le groupe enchaîne trois gros morceaux avec “Weaver’s Weft”, un “Lions, Tigers and Bears” absolument frénétique qui met la fosse en ébullition (ça pogote béatement, ça slamme…) et enfin le protéiforme et puissant “The Story That has Never Been Told”, qui finit de mettre tout le monde d’accord.

Les groupes qui sont capables de tenir une scène avec cette solidité, et d’embarquer un public sans temps mort pendant un set de… 1h30 (et oui !) sont rares, et Slift est de cette caste désormais. Ce qui s’est passé ce soir était assez phénoménal – littéralement. Le trio a fait une nouvelle fois la preuve de son talent et de son efficacité, affichant une insolente courbe de progression. Soyons fiers de les “avoir”, ils méritent tout ce qui leur arrive.

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