Les tournées de Brant Bjork ne répondent à aucune logique, autant au niveau des itinéraires que des salles de concerts. Que ce soit un bar ou une salle de concert très pro, du moment que vous avez une prise de courant pour brancher le matos, Brant vous fera un concert. Ce soir nous avons de la chance puisque c’est une vraie salle qui accueille le groupe, le Nouveau Casino. Je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller et je dois dire que c’est une chouette salle.
Autre particularité de ce concert, c’est le groupe de première partie. J’avais eu l’occasion de me plaindre du fait que My Sleeping Karma était annoncé en ouverture de Brant pour toute la tournée sauf une seule date, je vous laisse deviner laquelle, ne revenons pas là-dessus. N’y revenons pas d’autant plus que c’est un excellent groupe français qui décroche la timbale, j’ai nommé Alcohsonic.
Il est donc un peu plus de 19h30 lorsque le quatuor frenchy monte sur scène pour nous délivrer un set de qualité, très convaincant. Honte à moi, je n’avais encore pas eu l’occasion de voir ce groupe en concert mais comme le dit si bien le dicton, mieux vaut tard que jamais. Alcohsonic nous offre une bonne quarantaine de minutes de rock/blues bien senti. L’entente sur scène est flagrante, la performance solide et le groupe nous offrira même leur tout nouveau titre Dark Side of Blues. Visiblement contents d’être là, les musiciens ont vraiment l’air de prendre du plaisir à enchaîner leurs titres et auront su à n’en pas douter convaincre une bonne partie du public. A la fin de leur performance, je me dis une nouvelle fois que la scène française a de beaux jours devant elle, il manque juste au public d’en prendre conscience. Et en écrivant ces quelques lignes, je prends conscience qu’à aucun moment je ne me suis dis « et dire qu’on aurait pu avoir My Sleeping Karma ». La soirée commence donc très bien et la suite ne fera que confirmer cette impression.
Il est environ 20h30 lorsque Brant Bjork et ses trois acolytes montent sur scène. La salle est alors très correctement remplie, en tout cas bien plus que lors des précédentes prestations du groupe en France. Le concert débute par un très cool Freaks of Nature qui sans véritablement transcender les foules a le mérite de planter l’ambiance du concert. Le son est très bon dans cette salle, la lumière bien gérée et rien ne viendra perturber notre soirée.
Le concert tourne principalement autour de trois albums, Somera Sol, Jalamanta et bien entendu le dernier en date Gods & Goddesses. Alors bien entendu, j’aurai préféré un concert plus long (1h30 au compteur) avec des extraits de chaque album mais les temps changent inévitablement. Beaucoup d’artistes ont tendance avec le temps à jouer moins longtemps alors que leur catalogue s’étoffe et Brant Bjork ne fait pas exception. Et celles et ceux qui ont vu Brant jouait plus de 2h30 de concert alors qu’il n’avait que 3-4 albums dans sa musette ne peuvent qu’avoir un petit regret de ce côté-là. Mais qu’importe, même si les impros sont moins longues et moins fréquentes, même si la setlist est maintenant écrite à l’avance, le show n’en reste pas moins un plaisir total. Des titres comme Low Desert Punk ou Too Many Chiefs que Brant exécute depuis des années maintenant ont toujours autant d’impact et l’ensemble des titres s’harmonise bien. En particulier, les extraits de Gods & Goddesses (6 titres sur les 8 que compte l’album) sont particulièrement convaincants en concert ce qui ne peut que confirmer le bien que beaucoup pensent de cet album. Une setlist peu variée dans le choix des albums donc mais un ensemble cohérent et une interprétation probante. Je n’avais pas encore eu l’occasion de voir le nouveau line-up du groupe depuis le départ de Peffer/Herandez, Cortez et Roche et malgré toutes les mises en garde que les fans ayant vu le groupe un paquet de fois avant avaient pu me faire, je dois dire que j’ai été convaincu. Alors oui, soyons clair et net, rien n’égalera le line up Bjork, Roche, Peffer, Cortez, c’est un fait. Mais il est aussi très clair que Brant ne s’est pas entouré de bras cassés à l’instar d’un Nick Oliveri par exemple. Le jeu de basse est solide, la seconde guitare très efficace d’autant que Brant lui laisse plus de place que du temps de Cortez. Pour le batteur, grand fan de Michael Peffer, je l’attendais au tournant. Et ce mec, Giampaolo Farnedi, fait du bon boulot assurément. Il a son propre feeling et apporte quelque chose de différent de Peffer mais pas forcément moins bon.
Mais revenons au concert qui commence peu à peu à prendre, le public étant de plus en plus réceptif. Les trois titres de Gods & Goddesses joués en suivant passent très bien. Il n’est pas évident de jouer des titres récents que certains ne connaissent pas forcément encore très bien et c’est un risque de voir l’ambiance retomber, mais pas ce soir. L’ambiance est très bonne, le public très attentif et captivé par le jeu de scène de Brant Bjork (bon ok, vous pouvez considérer cette dernière partie de la phrase comme une blague). L’enchaînement avec Hydraulicks est très bien choisi, d’autant que le groupe entre dans sa première véritable impro. Les regards entre Brant et Giampaolo se multiplient, les autres membres suivent sans broncher. Une réussite.
Suit alors une version très punchy d’Oblivion (notamment sur la partie batterie) et ce que j’aime chez Brant. Les versions live des chansons apportent toujours quelque chose aux versions studio. Très souvent jouées sur un tempo légèrement plus rapide, agrémentées de nouveaux solos ou d’improvisations, chaque chanson a bien deux versions, celle en studio et celle en concert. Un très cool Radio Mecca suit cette débauche d’énergie et là encore un point fort de Mr Cool, l’alternance, la variation constante d’ambiance. Et de ce côté-là, Radio Mecca m’a bluffé complètement. Certainement l’un des meilleurs titres de la soirée. C’est peut être d’ailleurs à cause de cela que je considère Somewhere, Some Woman comme la partie la moins motivante du concert. Trop basique et répétitive à mon gout, ce titre fait retomber légèrement l’adrénaline. Passage bien vite oublié avec l’imparable Automatic Fantastic exécuté de mains de maîtres par le groupe. Plus de dix minutes de pur bonheur.
Le groupe reviendra après un mini pause pour trois titres en rappel dont l’incontournable Too Many Chiefs… Not Enough Indians et finira le concert sur un nouveau titre, excellent choix à mon avis. Il est un peu plus de 22h lorsqu’on nous invite poliment à quitter la salle. Le public semble avoir passé une bonne soirée, c’est en tout cas ce que je ressens.
Je ne peux terminer sans des remerciements sincères pour Iro22 et l’équipe du Nouveau Casino sans qui nous ne pourrions vous offrir en écoute l’intégralité du concert de Brant ainsi qu’un titre d’Alcohsonic.
Shinkibo
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