Retour sur le site du Azkena Festival deux ans après une première visite bien agréable (Hermano, voir chronique sur le site), on redécouvre un site qui n’a pas changé d’un pouce : quelques espaces vert, une grande esplanade bitumée, des bars partout, un marché avec plein de disquaires, et 2 scènes face à face, sur lesquels vont s’enchaîner les concerts pendant 2 jours (on ne comptera pas les petits concerts d’ouverture de la veille). On arrive sur place une bonne heure après l’ouverture des portes, les 2 premiers groupes ne paraissant pas vraiment très intéressants On arrive donc au moment où Rose Hill Drive s’emploie déja à réveiller les premiers festivaliers (les espagnols ne sont pas du genre pressés, et on voit encore beaucoup de monde rentrer dans l’enceinte du festival 5 à 6 heures après le début !). Ce jeune trio se révèle être la première révélation / bonne surprise du jour. Le hard-blues-heavy-70’s du trio fait mouche, et on se prend à se dandiner ou taper du pied, le sourire aux lèvres, au son de la gratte bien poisseuse du groupe. Les excellentes reprises de Sabbath (“Fairies wear boots”) et de Led Zep pour conclure (“Immigrant song”) nous confortent sur les influences du groupe, et nous donnent envie d’en découvrir plus ! On traverse alors rapidement le site pour ne pas manquer une note de Masters Of Reality qui enchaîne sur la grande scène. Et quelle performance ! Il s’agit du seul et unique concert de MOR en 2005, on n’allait pas rater ça ! C’est aussi le premier concert de Chris Goss depuis sa convalescence de début 2005 (et rassurez-vous, le bonhomme ne paraît vraiment pas diminué !). Etonnamment, donc (le quatuor ne bénéficiant pas d’une série de concerts pour se “roder”), MOR joue impeccablement : pas un pain, pas une approximation. Parce que la bande à Goss se traîne une réputation de “groupe à albums” (sans doute dû au fait que ses disques sont pleins de chansons remarquables ), on a tendance à oublier quel excellent groupe de scène c’est Ils nous le rappellent ici, évidemment dirigés de main de maître par un Goss leader né, impeccable tant au chant qu’à la guitare, mais aussi plus discrètement par John Leamy à la batterie, co-leader de longue date. Bonne performance également de Dave Catching (le monde est petit…) qui tient la deuxième guitare. Alors qu’on distingue un grand chauve observer le concert depuis le bord de la scène, Chris le fait appeler et demande au public de souhaiter la bienvenue à son pote Nick. Nick Oliveri rentre donc sur scène presque timidement, humblement en tout cas, un peu mal à l’aise, comme on l’a vu cette même année fouler les planches avec John Garcia pendant le concert de Hermano à Madrid. Ils se lancent ensemble dans un “Time to burn” impeccable et rentre-dedans à souhait. Nick se retire alors et le groupe se lance dans une interprétation remarquable de “She got me (when she got her dress on)”, un vrai plaisir. S’ajoute à ça un nouveau titre, inspiré selon Goss des cérémonies de remises d’Awards musicaux quelconques, appelé “Hit shit” (orthographe approximative), excellent, basé sur un riff qui, comme pour 90% des titres de MOR, nous fait se poser la question : “mais pourquoi personne n’a pensé à composer ce riff avant ?”. Bref, un sans faute.
Déjà rassasiés, on va jeter un oeil à ce groupe qui, sur le papier, nous paraissait intéressant, Drive By Truckers. En pratique, rien de transcendant pour ce groupe de gros hard rock un peu trop propre pour déchaîner les foules. Non, vraiment, rien de mauvais là-dedans, mais après MOR, ça paraît bien fade. Qui plus est, être coincé sur l’affiche entre MOR et Gov’t Mule n’était pas un cadeau ! Car oui, c’est Gov’t Mule qui foule maintenant les planches de la grande scène. Le mythique trio (devenu duo suite au décès de leur légendaire bassiste Allen Woody, puis quatuor aujourd’hui?!?) est une véritable machine à enchaîner les concerts mais rarement au delà de l’Amérique du Nord ! Les rater en concert serait donc une erreur. Gov’t Mule est un peu le groupe culte de référence en matière de blues rock tendance sudiste, Warren Haynes n’étant autre qu’un dissident des Allman Brothers. Et ce statut de groupe culte n’est franchement pas usurpé, on s’en aperçoit dès les premières notes de guitare et les premières lignes de chant de Haynes : la voix profonde et chaleureuse du patibulaire guitariste donne la chair de poule, tandis que ses soli inspirés sont d’une efficacité impressionnante. Ce bonhomme est un génie. Les morceaux s’enchaînent ainsi et l’on est comme sur un nuage, les notes de musique tombant du ciel comme par magie sur des improvisations pendant des minutes entières, où le groupe se fait plaisir et s’entend parfaitement. Ce qui paraît un cliché pour plein de groupes apparaît ici comme une évidence : c’est vraiment en concert que la musique de la Mule prend vie. Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont sorti plus d’albums live dans leur discographie que d’albums studio ! Une claque.
On quitte Gov’t Mule pour retrouver les sympathiques Wilco. Autre groupe culte s’il en est, Wilco est un combo pop-rock-folk ricain réputé pour ses compos efficaces et ses paroles enlevées et drôles. Mais en concert, sans connaître les-dites chansons, après un tel enchaînement de groupes remarquables, ça paraît un peu plat. Ca joue bien, on voit que les musiciens savent tenir une scène, l’ambiance est bonne, le groupe est de bonne humeur. Que de bonnes choses, mais on n’est pas au même niveau musical, tout simplement. C’est en tout cas le sentiment tout à fait subjectif qui se dégage de ce concert. Très sympathique, mais sans relief. Les mythiques punk de Social Distortion embrayent le pas, et le combo de Mike Ness n’y va pas par quatre chemins. Ce n’est pas le punk rock le plus extrême du monde, mais ça reste du punk, ça lasse, c’est rébarbatif. Au bout d’une heure, on a du mal à distinguer les chansons, et le moment est bien choisi pour aller se sustenter dans l’herbe à la belle étoile. Deep Purple prend la suite, et les vieux hard-rockers ont encore la pèche. Mais bon, je vais pas vous la faire, quand on les voit de près, ça fait quand même un peu pitié. Ian Paice est le plus marqué physiquement (même s’il joue toujours bien), Ian Gillian et Rogey Glover arrivent derrière, et même s’ils assurent (Gillian, quelle voix !!), le sentiment général reste mitigé. Le petit jeune Steve Morse tient quand même la baraque, il assure comme personne à la gratte, mais les quatre autres sont moins fringants. Bref, au bout de 3-4 morceaux, on apprécie moyennement : les morceaux sont très bien exécutés, mais on se pose inévitablement la question : à partir de quel âge un musicien est-il ridicule sur scène ? Je ne trouve pas qu’ils l’aient été, entre nous, mais il y avait quand même quelque chose d’un peu malsain Too old to rock.
Du coup, la journée ayant été bien remplie, et étant donné que j’apprécie très peu les Dwarves (ni leurs frasques, ni encore moins leur musique), on décide de se casser avant la fin de Deep Purple. Excellent bilan de cette première journée !
Laurent