Rock En Seine, 3ème édition. Il parait qu’il faut 5 ans pour qu’un festival ne fasse ces preuves et ne se pérennise, alors que pouvions nous attendre de ce festival qui souffle là sa troisième bougie ?
La liste des groupes invités pour ces deux jours de fête est très variée et je m’attarderai bien entendu sur la performance de Queens Of The Stone Age qui nous intéresse le plus, mais je me dois aussi de vous parler du festival dans son ensemble car, n’ayons pas peur des mots, le Rock En Seine, édition 2005, est un grand cru, un très grand millésime.
Qu’est ce qui peut pousser des organisateurs à choisir le jeudi et le vendredi pour un festival plutôt qu’un week-end ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais une chose est sûre, la fréquentation du festival n’en a pas souffert le moins du monde. Le début des hostilités était fixé vers 15h00 le jeudi, mais, problème de transport oblige, je suis arrivé vers 15h30. Je décide donc d’aller directement voir la performance de Michael Franti accompagné de son groupe, Spearhead. Michael lutte contre toutes les formes d’injustice au travers de sa musique et ce depuis des années déjà. Il n’a pourtant rien perdu de sa verve et il nous offrira là une prestation particulièrement énergique. La preuve ? Une foule qui reste malgré une bonne pluie torrentielle comme on les craint lors d’un festival (heureusement, ce sera beau temps pour tout le reste). A peine fini, on se dirige vers la seconde scène pour allez se renseigner sur le potentiel britpop annoncé de Athlete. Et bien force est de constater que les quatre membres du combo anglais se défendent méchamment. Vous allez me dire, la britpop, on aime ou on déteste. Et bien quelque soit son camp, on pourra tout de même reconnaître à ce groupe son réel potentiel scénique, en particulier le talent indéniable, dans son registre, d’un chanteur qui n’a rien a envier au premier dandy anglais venu. Retour sur la grande scène pour subir Fort Minor, projet personnel de Mike Shinoda, plus connu pour l’instant par ces activités de MC au sein de Linkin’ Park. J’ai trouvé le tout un peu brouillon, voir bruyant. Forcément, on ne peut pas tout aimer lors d’un festival, surtout lorsque celui si est aussi éclectique. Et c’est là une des grandes forces du Rock En Seine, nous proposer tout un panel de styles différents, ce qui permet à tous d’y trouver son compte. Pour preuve de la variété, on passe d’un MC américain à un groupe espagnol du nom de The Sunday Drivers. Réussir à captiver son auditoire lorsque celui-ci ne vous connaît que très peu n’est pas chose aisée. Mais le combo espagnol sait y faire et nous délivrera une prestation très plaisante et convaincante. Un petit tour sur la troisième scène pour se laisser attraper par les frenchies de Hushpuppies et nous voilà déjà presque arrivés à l’heure fatidique des Queens ! Inutile de le nier, cette performance des Queens Of The Stone Age est pour moi le principal intérêt de ce festival et je trépigne comme le premier fan venu a l’idée de revoir mon groupe favori (pour la cinquième fois cette année). On se dirige donc vers la grande scène, et on se faufile dans une foule déjà bien compacte. Le mélange entre les fans des Pixies qui squattent là depuis au moins un mois pour être le mieux placés possible et les fans de Qotsa, visiblement nombreux à en noter par les t-shirts arborés fièrement, est assez cocasse à voir. Les fans des Pixies se font entendre lorsque sur les deux écrans géants placés de part et d’autre de la scène, une publicité pour le DVD à venir passe, mais c’est à l’unisson que tout le monde se concentre sur la scène lorsque retentissent les premières notes de la musique d’intro des Qotsa (Who’s afraid of the big bad wolf). Josh arrive sur scène avec une béquille puisque le bougre souffre encore du genou, vieille blessure qui ne cesse de le faire souffrir chroniquement. Pas une seule note n’a été jouée et c’est déjà l’ovation. Comment le public a pu deviner que ce soir encore les reines de l’âge de pierre allaient nous offrir une prestation solide, jouissive et non dénuée de surprises ?
« Bonsoir, mademoiselle et messieurs, nous sommes Queens Of The Stone Age », en français dans le texte s’il vous plaît, et voilà que Go With The Flow entame un set de pure folie !
Josh est dans une forme époustouflante et on dirait qu’il y met tout son coeur comme si c’était son dernier show (c’est à peu de chose près la vérité puisque le groupe devra écourter l’un des ses shows suivant et en annuler un autre pour cause d’épuisement de Josh). Le groupe enchaîne ensuite avec Medication, The Lost Art of Keeping a Secret et First It Giveth ; du classique certes mais du bougrement efficace je vous le dis ! Je m’en voudrai de ne pas évoquer la qualité du son qui est à la fois puissante et bien dosée (ce qui est d’ailleurs valable pour la totalité du festival !) mais j’en parle juste maintenant car on juge mieux de la qualité de ce genre de chose sur des chansons que l’on connaît par coeur et que l’on a déjà entendu des milliers de fois, et là pour le coup, c’est du solide, du très bon boulot.
Regular John, dans se version live admirable, sera le seul représentant du premier album du groupe. Certes, cela peut laisser certains vieux fans sur leur faim mais pas moi car je savais que le groupe nous réservait une ou deux surprises dont il a le secret pour la suite du show. En effet, peu avant le show j’avais croisé Hutch (le technicien son du groupe) et lui avait demandé si le groupe comptait jouer « Fun Machine », affaire à suivre.
Mais finalement les surprises commencent légèrement plus tôt que prévu puisque le groupe nous offre une interprétation live de I Wanna Make It Wit Chu (Desert Sessions 9 & 10) qui laissera une bonne partie de l’auditoire perplexe. Peu importe, on regonfle les accus du public en leur offrant un single du dernier album à savoir Little Sister, succès assuré. Le public dans la poche, la bande de loustics en remet une couche en nous balançant le titre explosif, toujours extrait des Desert Sessions, Covered in Punk’s Blood. D’un point de vue strictement personnel je suis aux anges, mon combo préféré est en train de faire ses preuves devant plusieurs milliers de personnes et c’est très largement convaincant !
A croire que la machine est bien rodée, ils enchaînent titres « rares » et single puisque c’est leur dernier single en date qui poursuit le show. Quoique la transition est habile puisque In My Head est après tout un titre issu des Desert Sessions lui aussi. Mais que dire de la rareté qui suit. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, le titre The Fun Machine Took a Shit and Died devait à la base figurer sur Lullabies To Paralyze, mais pour diverses raisons cela ne se fera pas. Ce titre a donc fait couler beaucoup d’encre pour finalement être interprété pour la première fois en concert trois jours avant notre show ! J’avais croisé les doigts pour que ce titre figure sur la set-list et ce fût une réelle joie de découvrir cette chanson en concert.
Mais le groupe n’en oublie pas pour autant qu’après tout il est là pour faire la promotion de son dernier album et ce sont trois titres de ce dernier qui se succèdent alors. Burn the Witch, I Never Came et Tangled Up in Plaid. A noter une version de I Never Came absolument ahurissante avec un Josh sans guitare plus provocateur que jamais, un pur régal!
Pourquoi faut il que le groupe ne puisse jouer qu’un peu plus d’une heure ? Pourquoi faut il que cela finisse si vite ? Je le sais. Oui, je le sais bien que Song for the Dead et No One Knows vont clôturer les débats alors plutôt que de m’apitoyer sur mon sort de fan basique je décide de profiter de chaque instant car je sais que j’ai là du grand et du bon Qotsa !
La claque que j’attendais, non pas pour moi mais pour ceux qui assistaient à leur premier concert des Queens, était bien là, bien puissante, bien marquante. Le groupe quitte la scène sous des applaudissements plus que mérités. Contrat rempli. Dur dur pour les Pixies de succéder à tout cela me direz-vous
et bien pas forcément. Faut dire aussi que les Pixies sont pas les premiers venus, ce ne sont pas des débutants qui peuvent être impressionnés aussi facilement, surtout qu’ils non sûrement rien vu au show des Queens. Vous savez, les Pixies, malgré les quelques années de pause, ça reste un groupe parfaitement rodé et huilé. La prestation du groupe est très solide, pas grand-chose à redire. Vous me direz, c’est encore plus simple lorsque les trois quarts de l’auditoire sont tout acquis à votre cause (encore heureux lorsqu’on est tête d’affiche !). Le groupe enchaîne les titres à bon rythme et nous offre un show bien rempli, c’est peu de le dire. Enfin voilà quoi, superbe journée, des concerts d’excellente facture et une organisation en béton !
Plus qu’une heure et demi de trajet en métro et bus m’attendent maintenant. On remet ça demain ? Je veux mon neveu !
Shinkibo