On y est ! Les bacchanales organisées par les Make It Sabbathy pour leur 50ème se clôturent ce soir avec ce concert avec cette 3ème (ou 4ème selon comment on compte) soirée. On craignait une affluence famélique (les bordelais ont été bien servis en concerts ces dernières semaines) et la surprise est plutôt bonne de voir que les gens de bon goût ont fait le déplacement.
Comme souvent avec les concerts Make It Sabbathy (et c’est fort louable), c’est à un groupe local que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités. Hell in Town existe depuis quelques années et revient en réalité aux affaires après un long break, avec un nouveau line-up. Il semble tenir le bon bout de ce côté là, car les zicos tiennent bien la route. L’ensemble est d’ailleurs très solide et l’on se laisse vite embarquer par ce gros sludge sudiste (de subtils relents down-esques se font sentir ici ou là), lourd mais jamais trop bourrin. L’ensemble est chaleureux et bien interprété, et les vocaux de Matt, doté d’un bon timbre de gueulard, siéent à ravir au groupe. Seule étrangeté, ces soli super techniques un peu systématiques qui déboulent sur presque chaque titre, parfaitement interprétés (très bon guitariste lead), mais un peu abscons dans le contexte musical choisi par le groupe… Mais c’est un détail, et le set défile et se termine sur un très bon feeling.
Un changement de plateau rapide et c’est aux Necromancers de se frotter à un public qui devient de plus en plus nombreux. Avec un nouvel album sous le bras, et une intro sur “Join the Dead Ones”, on a vite cru que l’on aurait droit à un best of de ce dernier. Mais dès “Salem Girl part I” qui suit, on est agréablement surpris : le groupe ne néglige pas son premier album, et le concert sera en réalité composé d’une alternance d’extraits de leurs deux productions. Déjà que le quatuor traîne une réputation de solide groupe live, autant vous dire qu’ainsi armés d’une set list “best of”, ils mettent toutes les chances de leur côté. Reste à valider l’interprétation et l’énergie scénique, et là encore, on n’est pas déçus : la troupe est en forme, et se stranscende sur scène, comme à chaque fois qu’on les a vus, avec derrière un Tom toujours impeccable au chant (ce chant rocailleux reste un bel atout pour le groupe) un groupe qui se donne à fond. Dès lors les temps forts sont légion, et les trois quarts d’heure de set défilent et donnent la banane : un “Salem Girl” costaud, un “Erzebeth” épique et qui n’ennuie jamais sur la longueur, un “Secular Lord” catchy, le rapide “Grand Orbiter”… Le public monte en pression au fil des morceaux et quand le set se termine sur le très bon “Black Marble House”, on peut sans peine affirmer qu’ils en auraient bien repris un peu…
Place maintenant aux très attendus doomeux de Belzebong. Le quatuor vient de sortir en douce un troisième album (complètement autoproduit, le groupe a toujours tracé sa route un peu en bordure des sentiers battus) que l’on va pour une fois découvrir en live avant le disque. Un album dans lequel ils ont toute confiance en tous les cas, puisqu’ils en joueront les trois quarts (3 des 4 titres, dit autrement) ce soir. Il sera difficile de dire si ce dernier se distingue en live après cette soirée où les titres s’enchaînent dans la même masse musicale informe où les riffs lancinants succèdent à des riffs encore plus lancinants. Dès les premiers accords du lourd classique “Bong Thrower”, nos trois lascars en front de scène jouent bas et dur, headbangant en mode synchro alignés sur le devant de la scène. Et cela se répètera ainsi sur une grasse heure environ, avec quelques soli haineux pour lever un peu le nez du guidon, au grand contentement des amateurs éclairés. Il faut dire que Belzebong, aussi rare sur scène que sur disque, est devenu l’un des meilleurs groupes du genre, bien appuyé sur un genre codé qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts, avec cette distance et ce second degré qui les rend attachants et fun (une large moitié de leur set list parle de plaisirs enfumés). On est contents de se taper “Acid Funeral”, “Goat Smokin’ Blues” et autres tartines doom fumantes, entre autres, et on voit passer entre la scène et le public quelques grosses cigarettes fumantes un peu bizarres, qui semblent satisfaire notre quatuor… Que demande le peuple ? Dans les volutes et le headbang, le set défile sans accro et, encore une fois, c’est avec un mélange de satisfaction et un peu de frustration (encoooore) qu’on voit les polonais quitter la scène.
Encore une bonne soirée passée grâce aux Make It Sabbathy, on espère à l’issue de cet anniversaire pouvoir venir pour encore 50 nouvelles dates : un second anniversaire de cette tenue ne serait pas de refus ! En attendant, bravo pour ce plateau, qui aura intelligemment proposé sur plusieurs dates en Europe et en France deux groupes solides et différents, qui savent fédérer un public de connaisseurs.