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Brant Bjork, 21 avril 2006, Batofar, Paris, France

Moins d’un an après leur dernière visite dans ce beau village qu’est Paris, les quatre musiciens infatigables qui composent le désormais célèbre Brant Bjork And The Bros sont de retour pour une date unique en France.
La première chose que je me demande lorsque j’arrive devant cet endroit atypique et au combien charmant qu’est le batofar, c’est ce qui va bien pouvoir différencier ce show de la cinquantaine d’autres concerts qui composent cette tournée européenne interminable. Est-ce l’heure à laquelle tout cela commence et finit ?
Pour des raisons d’horaires à respecter, le groupe devra quitter la scène au plus tard pour 22 heures et commencera donc à jouer un peu avant 20h. Ce n’est pas vraiment dans les habitudes du combo de jouer si tôt et j’ai l’intime conviction que ce n’est pas vraiment pour plaire au groupe et que c’est bien sous la contrainte qu’il se plie à toute cette mascarade. Est-ce l’endroit ?
Assurément, car le Batofar est à mon avis une salle parfaite pour le groupe, tant par son atmosphère et son ambiance que par sa capacité réduite… Et il faut bien dire que malgré la réputation du guitariste vedette, la salle est loin d’être remplie. Je trouve d’un point de vue strictement personnel que c’est bien malheureux. Voilà un artiste qui fait une musique de qualité et dont les concerts sont à chaque instant de purs moments de bonheur, mais malgré tout, le public français reste pour sa majeur partie insensible à tout cela. Est-ce le fait de jouer seul ?
Toujours pour des questions d’horaires qui m’échappent un peu, le groupe jouera seul ce soir. A la place de Loading Data qui avait parfaitement officié la dernière fois il n’y aura personne. Là encore, c’est bien dommage car plus d’un groupe rêve d’ouvrir pour un groupe comme celui-ci. Toujours est il que le concert de ce soir sera une nouvelle fois un ravissement, un vrai moment de plaisir que beaucoup vont manquer sans même s’en rendre compte.

Comme à son habitude, le groupe entame le show par leur enchaînement Lazy Bones/Automatic Fantastic devenu incontournable et tellement efficace pour nous plonger directement dans cette ambiance si particulière que seul Mr Cool peut créer. Ces titres, déjà joués des centaines de fois sont ici légèrement modifiés en particulier pour une partie instrumentale agrémentée de quelques sons de guitares peu habituels mais au combien agréables. L’enchaînement avec ’73 est bluffant. Ce titre extrait du dernier album coule de source tant le lien avec l’esprit du premier album solo de Brant est évident. Et il ne faut pas attendre très longtemps pour voir un troisième album du groupe représenté avec un Gonna Make The Scene impeccable.

C’est sur le titre suivant que la réputation du groupe de savoir transformer un titre en musique obsessionnelle et envoûtante prendra véritablement tout son sens. En effet, la partie instrumentale sur The Ultimate Kickback se transforme en quasi-impro nous prouvant une nouvelle fois que Brant a bel et bien rangé ses baguettes au placard pour vivre pleinement sa nouvelle passion, la guitare. Il aime jouer de cet instrument et on lui pardonnera quelques maladresses tellement son envie de bien faire fait plaisir à voir. L’occasion une fois de plus de saluer le reste du groupe pour sa rythmique impeccable et infaillible en particulier lors des « échanges musicaux » entre Brant et Cortez dont le talent est de mieux en mieux exploité au sein du groupe.
Tout comme Automatic Fantastic, Low Desert Punk se voit agrémenté d’une nouvelle partie instrumentale qui ravit les habitués de cet incontournable titre de Jalamanta. L’ambiance générale est très bonne et Brant y va de ses quelques petites remarques et remerciements, certes convenus mais toujours les bienvenus.

C’est une surprise lorsque le groupe entame le titre Paradise On Earth extrait de leur dernier album. Je ne pensais jamais voir ce titre plus proche d’un « spoken word » que d’une véritable chanson interprétée un jour sur scène. Et ceux qui comme moi connaissent assez bien le répertoire du groupe auront certainement remarqué que les paroles de ce titre ont pour l’occasion totalement été modifiées et sont en partie improvisées.
On continue la (re)découverte de Saved By Magic avec le riff et la rythmique superbe de Gonna Make The Pony Trot qui s’enchaîne sur un titre de Ché, groupe éphémère mais très important dans la carrière de Brant Bjork. The Knife est un titre bougrement efficace et représente à mon avis parfaitement ce que l’on appelle le desert rock, essence même de cette musique qui porte nos rockeurs du soir.
Décidément on peut dire que l’évolution du set depuis la dernière fois que je les ai vu est flagrante car c’est au tour de I Miss My Chick de me surprendre par une partie instrumentale retravaillée. On a souvent comparé Brant Bjork avec Jimi Hendrix (pas forcément par les capacités à manier une six cordes entendons nous bien) et je n’ai jamais véritablement été d’accord avec ce rapprochement. Mais force est de constater que de voir jouer Brant avec sa guitare sur ce titre ne peut que prêter à confusion tant la gestuelle et même le son sont indéniablement proches de ce que pouvait faire le génie de Seattle. Ajoutons à cela l’interlude constitué d’une reprise de Cream (Sunshine Of Your Love) et on se retrouve directement plongé dans la fin de sixties en plein festival rock devant une foule de 400 000 personnes.

BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK
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BRANT BJORK
BRANT BJORK
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BRANT BJORK
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BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK
BRANT BJORK

Pour ce remettre de toutes ces émotions, le groupe enchaîne alors avec un Sweet Maria’s Dreams relaxant et reposant. Titre inhabituel dans le répertoire live du groupe, je me demande si ce choix n’est pas lié à l’état physique de Mike Peffer. En effet, le bougre traîne la patte et se déplace avec une béquille, avouez que pour un batteur ça peut être gênant. Mais lorsque l’on dit que Mike se sacrifie pour sa musique et qu’on a parfois l’impression d’une souffrance lorsqu’on le regarde, je crois qu’on peut aujourd’hui prendre tout ça au premier degré. J’ai un profond respect pour ce batteur et je trouve son jeu admirable et je dois dire que ce n’est pas avec ce concert que l’on m’ôtera de l’idée que ce mec mérite sa place au panthéon des batteurs, au même titre que Brant Bjork d’ailleurs.
Repos de courte durée pour l’ami Mike puisque le très bien nommé Rock’n Rol’e le met à rude épreuve… et nous aussi !
Cela fait maintenant plus de 100 minutes que le concert a débuté et il nous reste encore un petit bout de chemin à faire ensemble ce soir. C’est sans plus tarder que Get Into It nous fait entrer dans la dernière ligne droite, l’ultime effort avant le couvre feu. Et c’est là que je me dis à quel point le dernier album du groupe est excellent. De plus en plus représenté lors des concerts, les titres qui le composent ont un potentiel scénique évident. En témoigne le titre instrumental Cool Abdul qui fait la part belle aux jams très fines et superbes.
Intimement persuadé que ce titre calme clôturerait la soirée comme Lazy Bones l’avait commencée quelques deux heures plutôt, je m’imaginais déjà au prochain show du groupe une quinzaine de jours après. Mais c’est sans compter sur notre quatuor boulimique de riffs et jams en tout genre. Après un petit mot de Brant Bjork sur l’obligation d’arrêter le concert pour des raisons d’horaires qui lui restent certainement encore en travers de la gorge, le groupe se lance pour un dernier titre d’anthologie. Un Adelante de tout beauté avec une partie instrumentale rehaussée par les paroles de Captain Lovestar, et ce n’est même pas un rêve, c’est bel et bien là, en train de se dérouler sous nos yeux et j’ai peine à y croire. Le final est ahurissant et le public assurément conquis par ce spectacle colossal. Et pendant ce temps là, Dylan faisait face à son ampli….

Shinkibo