BROTHERS OF THE SONIC CLOTH (+ Behold! The Monolith + CHRCH) – 04/04/2016 – Paris (Glazart)

Les Stoned Gatherings, ces compagnons du devoir de la menuiserie, continuent de bâtir avec leurs plus belles bûches des soirées sentant bon la sève et la sciure. Pour nous, amoureux de la nature et des arbres, ces rendez-vous sont donc souvent immanquables. Cette fois encore, ils ont abattu un beau boulot (ou bouleau) avec une affiche 100% américaine. En tête, Brothers Of The Sonic Cloth, récent groupe de Tad Doyle, suivi de près par Behold ! The Monolith et CHRCH, tous trois ayant marqué l’année 2015 avec leur sortie d’album. Ceux qui connaissent les groupes susmentionnés commencent surement à flairer le doom à plein nez. Pour les autres, on vous laisse lire la suite.

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Les bougies sont disposées sur le devant de la scène et une fragrance d’encens envahit la salle. C’est dans ce décor plein d’originalité que débute le set de CHRCH, groupe de doom extrême ayant sorti son premier album l’année dernière, intitulé Unanswered Hymns. La chanteuse entièrement vêtue de noir se déhanche dans une longue jupe et un haut laissant entrevoir son nombril de manière suggestive. Le visage est recouvert d’un léger voile et complète ainsi la panoplie de la danseuse orientale dans sa version plus mort-aux-rats que loukoum-à-la-rose. CHRCH livre un doom extra-lent et lourd, plombé par les cris hystériques de notre Shéhérazade gothique. Et quand elle ne crie pas, sa voix est presque inaudible. Il faut dire que la basse bourrée de distorsion, la frappe de brute du batteur et la guitare accordée 8 tons sous-terre n’aident pas à mettre en avant cette fréquence féminine. Le tout donne une ambiance assez angoissante, et c’est surement l’effet voulu par le groupe.

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Après autant de lenteur, on attend Behold ! The Monolith avec impatience. Au premier morceau, la guitare et la basse manquent clairement de puissance et l’ensemble est sévèrement mollasson. Ô Dieu des troubadours électriques, pourquoi ? L’année dernière, Architects of the Void nous avais mis une grosse déculotté et c’est avec un plaisir non feint qu’on les retrouvait ce soir en live. Mais rien n’y fait, on commence à sérieusement s’inquiéter et à se poser des questions sur notre existence et notre place dans cet univers impitoyable. Heureusement, le problème est directement réglé grâce au chanteur himself, qui demande à ce qu’on monte le volume des deux instrumentistes, et aux doigts bénis de l’ingénieur son qui répondent à l’appel. Sitôt le problème résolu, le Behold ! The Monolith qu’on connait est de retour et notre frayeur est vite disparue. Des passages doom écrasants laissant la place à des envolées de riffs flirtants avec le thrash, des soli bluesy, voilà le pot-(pas du tout)-pourri que nous propose Behold ! The Monolith. Devant un batteur au jeu très varié, le chanteur Jordan Nalley, un pied posé sur l’enceinte, la chevelure au vent et l’aplomb du guerrier, excelle dans son rôle de leader à la tête de ce commando de guerriers du son. Un set à la puissance infaillible et la complexité insoupçonnée. On peut le dire puisqu’on l’a vu: c’est bien d’un monolithe dont il s’agit.

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C’est une légende qui s’apprête à monter sur scène. Tad Doyle fut le guitariste et chanteur de Tad, groupe formé en 1988 à Seattle qui, en plus d’une discographie imposante, a laissé une empreinte indélébile dans le mouvement grunge de l’époque. Ce vieux singe du riff nous revient accompagné de son nouveau groupe, Brothers of the Sonic Cloth, auteur d’un premier album éponyme sorti l’année dernière. L’homme a évidemment gardé son goût des guitares saturées mais s’est à présent tourné vers une ambiance plus sludgienne, avec un chant résolument plus hardcore.
Le géant à la barbichette blanche arrive équipé d’une casquette visée jusqu’aux yeux et d’un jogging assez large pour y faire rentrer plusieurs sosies de Carlos. Le visage marqué d’un air de gros vilain, il semble tout droit sorti d’une bande dessiné, tant son personnage est à la fois caricatural et impressionnant, ce qui le rend contre toute attente particulièrement attachant. Avec Brothers of the Sonic Cloth, on a droit à un sludge crade à souhait ponctué d’épaisses ambiances doom. Mais surtout, on retrouve ce fil conducteur omniprésent, ce sens indiscutable de la mélodie qui nous rappelle que l’on à affaire à un savant du riff tripotant son manche (de guitare) depuis une trentaine d’années à la recherche de la bûche parfaite. Et on vous confirme, il en a trouvé plus d’une, le bougre.

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Encore une fois une belle réussite pour les Stoned Gatherings qui étaient plus Doomed que Stoned ce soir. Mais comme a dit ce cher Alfred, qu’importe le nom, pourvu qu’on ait l’ivresse. Merci Alfred !

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