Un monde. Voilà ce qui sépare les deux performances parisiennes en deux jours de Clutch. La première, évoquée précédemment dans nos pages, a eu lieu au Studio 104 pour l’enregistrement de l’émission de Canal + “L’Album De La Semaine”. Mécanique, impersonnelle et frustrante au possible malgré une efficacité indéniable des morceaux joués (la quasi intégralité du dernier album “Psychic Warfare”), la performance n’a en réalité fait office que d’avant-goût premium pour tous ceux qui se rendraient au Trabendo le lendemain. Nombreux, ces derniers s’entassent le 27 novembre au soir dans la salle du Parc de la Villette. Avant le concert, l’ambiance y est bon enfant, quoique quelque peu tendue, ce pour des raisons évidentes. Soyons clairs ici : depuis maintenant deux semaines, les reportages écrits de concerts parisiens intègrent tous des mots liés aux divers événements tragiques ayant eu lieu sur Paris le 13 novembre. Ici, nous prenons le parti de ne parler que de musique, d’ambiance live et de slams enragés, simplement parce que c’est ici ce que la plupart des personnes présentes dans le public étaient venus chercher avec ce concert.
Débutons par le commencement : si l’on avait demandé à de nombreux fans de Clutch quel groupe serait parfait en guise de première partie pour le quatuor américain, beaucoup auraient probablement répondu Planet Of Zeus. Ce sont la même science du groove, le même esprit malin, parfois ironique, la même furie en live et les mêmes riffs endiablés qui motivent les grecs, que quelques parisiens enjoués avaient déjà pu découvrir l’année passée à la Mécanique Ondulatoire. Peu d’amateurs étaient surpris, dès lors, de découvrir les grecs en première partie de Clutch, tant le line-up fut cohérent. Et personne ne s’y est trompé : Planet Of Zeus a assuré devant un public rapidement acquis à sa cause, pendant un set d’une heure environ. Tous les gros tubes du groupe y sont passés, et la salle déjà compacte saute à l’unisson, déjà conquise pour le reste de la soirée.
Après une pause d’environ 10/15 minutes, Clutch fait son arrivée. Les membres du groupe ne peuvent pas savoir combien ils étaient attendus : certains ont leur place depuis plus de six mois, d’autres ont réussi à trouver une place le jour-même, voulant profiter d’un excellent concert grâce à une valeur sûre du genre. Tout débute avec “X-Ray Visions”, comme la veille au studio 104. Mais il ne faudra pas dix secondes au public présent aux deux événements pour comprendre que ce 27 novembre n’aura rien à voir avec la veille. Dès les premières notes, le public quitte l’unisson mouvementée dont elle faisait montre pour Planet Of Zeus, signe d’un bon concert de rock, pour vriller dans une hétérogénéité salvatrice folle : les slams se font par dizaines (il a dû y en avoir une cinquantaine en tout au terme du concert), la fosse prend toute la partie intérieure de la salle (comprenez : toute la surface inférieure aux marches dans le Trabendo), nombreux sont ceux qui tombent, qui perdent des affaires…
La folie rugissante du public fait directement écho à la setlist du groupe, principalement composée de morceaux issus des deux derniers albums, outre exceptions (le duo “Escape From The Prison Planet” + “Spacegrass” et “The Mob Goes Wild” en final post-rappel). Force est de constater que le dernier album est tout aussi efficace que les précédents en live : tous dans le public scandent déjà les paroles d’un bouzin sorti il y a tout juste deux mois. Les balances sont parfaites, tout y est limpide malgré les mouvements désordonnés du public.
Pour beaucoup, ce concert aura eu un effet aussi bien cathartique que libérateur, et les quelques mots du frontman Neil Fallon sur les réseaux sociaux le lendemain résument assez bien l’ambiance qui régnait ce soir là : “Rien hors de l’ordinaire ne s’y est passé : les gens ont dancé, les gens ont chanté. Les gens ont jeté 3 litres de bière à travers la salle. Par tous les aspects, il s’agissait d’un concert de rock normal. Mais ces attitudes apparemment ordinaires étaient extraordinaires ce soir là. Ce show n’était pas à propos de Clutch. Il était à propos de Paris. Il était à propos de l’indomptable esprit de l’humanité qui se vengeait de ce qu’elle a de pire… avec de la joie”. Il est cependant une chose sur laquelle Neil Fallon a tort : le show de ce 27 novembre était bel et bien à propos de Clutch, qui ont su plus que n’importe qui d’autre donner aux parisiens un exutoire sans pareille.
Doc Savage
j’y étais et je dois dire que ce soir que j’attendais depuis longtemps, fut pour moi un des meilleurs moment de Clutch en concert !!!!.