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COLOUR HAZE, RADIO MOSCOW, CHERRY CHOKE – 02 mars 2015 – Paris (Divan du monde)

Comme quoi ça valait la peine de le souhaiter à chaque étoile filante aperçue, Sound Of Liberation m’a entendu et a réorganisé cette année une nouvelle version itinérante de leur Up In Smoke festival. La version sédentaire faisant baver de par sa programmation de dingue et n’ayant pu m’y rendre, ne restait que le doux espoir que mon souhait soit exaucé : le retour de ces affiches enfumées avec trois noms dessus. Et quel retour ! Les petits plats ont été mis dans les grands avec Cherry Choke, Radio Moscow et Colour Haze. Tout ce beau petit monde nous donnait rendez-vous le 2 mars au Divan du Monde.

Tout amateur de rock ne pouvait manquer cette date et c’est une salle déjà bien remplie mais en constante expansion qui accueille le début des festivités. Sympathique trio venu de la perfide Albion, Cherry Choke propose un acid rock du meilleur goût (bien évidemment signé chez Elektrohash). Pour ouvrir une soirée et chauffer l’atmosphère, il n’y a pas mieux. On ne parle pas de petits nouveaux venus, le groupe comptant dans ses rangs des membres de Josiah et The Kings of Frog Island. On sent la maîtrise et l’efficacité à travers le set des anglais. Avec un joli sens mélodique, l’audience se retrouve projetée 50 ans en arrière en plein trip. Sachant alterner avec justesse titres plus directs et plages instrumentales, avec refrains qui tapent dans le mille, la fosse répond toujours plus présente à chaque fin de morceau. Si l’originalité n’est pas de mise, tout cela est fort bien exécuté et avec sincérité, l’adhésion ne peut être que remportée.

Tout cela commence bien, le décor est planté, ce soir la formule en trio va faire parler les instruments et nous plonger dans les temps sacrés du rock psychédélique. Au tour de Radio Moscow de nous faire sauter dans la DeLorean et nous plonger dans un set tout droit sorti des temps immémoriaux où les pionniers du rock psyché défrayer la chronique. Immémoriaux parce que rares devaient être les personnes ayant pu assister en direct à la révolution musicale de l’époque. Pourtant le Divan du Monde affiche bien complet quand le trio se lance dans ce qui se révèlera être un pur moment de rock. Parker Griggs et sa bande font renaître les démons hendrixiens et les creameux power trio grande classe. Après que l’on adhère ou non, ça joue. Et quand ça joue à ce niveau on ne peut que finir avec un sourire niais aux lèvres. La virtuosité du groupe n’est plus à louer, ce serait un euphémisme. Le public est sous le charme, les titres plus up-tempo, s’enchainent aux blues plus classiques. Radio Moscow avait explosé en début de carrière et l’on sentait un léger en deçà par la suite, néanmoins ce soir il n’y a pas à dire ils ont frappé fort là où ça fait du bien. Une prestation de haut vol.

Phénomène étrange de mon point de vue, la salle se vide légèrement après le set des américains. « Mais les gars, il y a Colour Haze ensuite ?!?! » Je peux comprendre la « hype » autour de Radio Moscow mais pas que l’on puisse faire abstraction de LA tête d’affiche de cette soirée. Colour Haze ! Ce groupe fait partie des géants du stoner-rock. Que leurs dernières livraisons n’emportent pas l’unanimité, soit, mais quand on a eu la chance d’assister à leur set exceptionnel de 3 heures il y a quelques années, on sait de quoi il en retourne quand on parle des allemands en live. Puissance évocatrice, maîtrise, honnêteté, sobriété et en même temps explosion des sens. Sans esbroufe le trio va nous offrir un set efficace, bien calé, où trois nouveaux morceaux nous seront proposés. Ces derniers s’intègrent dans la setlist sans dénoter car comme toujours ces dernières années les morceaux choisis ne remontent pas plus loin que 2004. Je rêve toujours d’entendre les perles des premiers albums au milieu des incontournables « Tempel », « She Said », « Mountain » and co. On pourrait s’étendre des heures à conter les moments de grâce que nous a offert ce live. A noter un jeu de batterie de plus en plus mis en avant, plus « rentre-dedans » que sur album, propulsant les titres vers une énergie plus brute. Les petits soucis de câble de Stefan ne seront qu’anecdotes et font partie des risques, comme le confesse ce dernier. Il faut plus de temps de jeu pour permettre aujourd’hui aux allemands de titiller les cieux. Non ce soir Colour Haze a encore une fois été à sa mesure en live : incontournable sans tenir du divin.

 

Pour finir je citerai le philosophe à mes côtés en fin de concert : «Tu vois, eh bien Radio Moscow c’est LE rock quoi ! Eh bien Colour Haze c’est LE rock psychédélique »… Bref… c’était LA soirée à ne pas manquer pour tout amateur du genre quelle qu’en soit l’étiquette.