C’est un pari risqué que d’organiser un concert en plein weekend du 15 août, qui plus est un dimanche. Qu’à cela ne tienne, à l’heure où la capitale est désertée, Cartel Concerts décide de faire venir le géant de la Nouvelle Orléans, Crowbar. Le groupe qui avoisine les 30 ans d’activité n’a plus grand chose à prouver et se pose incontestablement en maître du sludge marécageux, à grands renforts de riffs imparables et d’une voix délicieusement abimée par le temps. A priori, la soirée devrait donc être bonne.
La salle est loin d’être pleine mais on aurait pu s’attendre à bien pire pour un dimanche 13 août.
C’est aux français de Malemort d’assurer la première partie des américains. Le logo du groupe dans un style art nouveau est affiché sur l’écran au fond de la scène, et les chemises/cravates que portent chacun des membres se rajoutent à l’ambiance rétro. Premier constat, le son n’est pas terrible : les deux guitares se distinguent assez difficilement, la batterie semble légèrement en retrait, et il est quasi impossible de comprendre ce que raconte le chanteur, bien que ce soit du français.
Malemort pioche un peu partout : punk, heavy, parfois thrash, les français définissent leur genre comme du « metal libre » et ça se comprend. L’ensemble se veut quand même assez gentil et propret, entre les refrains sautillants et les frasques très théâtrales du chanteur, qui, accordons lui cela, comblent ses faiblesses vocales. Un groupe parfait pour Oui FM, mais pour une première partie de Crowbar, pas certain.
Des vidéos de skate old school défilent sur l’écran tandis que la scène se prépare doucement pour accueillir Kirk et ses compères. Le statut de légende du bonhomme ne l’empêche pas de faire lui-même ses réglages avant le début du concert, qui installe tranquillement son pied de micro et son sobre pedalboard fait de 3 pédales sous les regards attentifs de toute la salle. Ca balance deux trois accords pour un soundcheck final, et on est parti. Matt Brunson et Todd Strange, le bassiste d’origine réintégré depuis la sortie de leur dernier album The Serpent Only Lies l’année dernière, encadrent Kirk Windstein, dont la carrure n’a d’ailleurs pas à rougir face à ces colosses. Pour intégrer Crowbar, il faut boxer dans la catégorie poids lourd, le menu batteur Tommy Buckley serait l’exception confirmant la règle. Et rester debout à encaisser les baffes que nous assène le groupe n’est pas chose facile lorsqu’on connait la puissance néo-orléanaise du combo. Le son n’est toujours pas à la hauteur mais cela n’a plus trop d’importance car la finesse n’est plus de la partie. Entre deux glaviots du Riff Lord, les tubes se succèdent avec les classiques « All I Had (I Gave) », « To Build A Mountain », « Walk With Knowledge Wisely », le plus mélancolique « Planets Collide » et le plus récent et énérvé « I Am The Storm ». En fin de concert, Kirk lance un sondage auprès du public pour le choix de la dernière chanson. On aura beau hurler « The Lasting Dose », on ne l’entendra pas ce soir.
Voir Crowbar sur scène est souvent l’assurance d’une soirée réussie, tant le groupe possède une liste de tubes longue comme la barbe blanche de son leader. Ce dimanche 13 août ne dérogeait pas à la règle et on est ressorti les oreilles repues et le sourire au lèvre du Gibus qui décidément n’offre pas un son des plus merveilleux.
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