DESERTFEST Belgium – Jour 1 (Dozer, Stoned Jesus, Moon Duo, Monolord, …) – 9 octobre 2015 (Trix – Anvers, Belgique)

S’alignant sur les Desertfest, c’est à 3 – donc à six pognes – que l’équipe s’est relayée pour vous rendre compte de cette édition des festivités anversoises.

A peine arrivé à Anvers, la veille du Desertfest, on fonce vers la pre-party à l’ambiance très Jupiler qui se tient dans un lieu improbable. On assistera aux deux derniers morceaux de Gigatron 2000 qui a l’air d’avoir bien envoyé. Les copains de l’an dernier sont déjà là et les nouveaux de cette année aussi, cool.

C’est un plaisir de retrouver l’enceinte du Trix un an jour pour jour après une première édition du Desertfest Belgium franchement réussie. Au programme encore cette année : marathon de bûches, mojitos très épicés, bûches, bières, découvertes, tour du monde de la bûche et bières. Youpie !

 

PLANET OF ZEUS1 - planet of zeus - IMG_0449

Le choix du premier groupe d’un festival est toujours important : il donne le ton du festival et accueille les festivaliers qui vont s’en cogner quelques dizaines d’autres derrière (autant dire qu’il vaut mieux éviter de les gaver dès le premier groupe). On va donc plein de circonspection mais aussi plein d’envie rejoindre la minuscule « Vulture stage » (le coin de la zone bar, en fait, un truc plutôt intimiste) pour assister au set des grecs. On vient d’apprendre que le groupe a été retenu pour accompagner Clutch sur les premières dates de sa tournée européenne, ce qui nous laisse imaginer que le combo tient la route. Postulat vite validé, tandis que les Héllènes balancent les premières mesures d’un « Macho Libre » qui suffisent à rameuter le public qui hante les différents recoins et couloirs du Trix. Le quatuor enquille une bonne part de titres de son dernier album en date, sans oublier ses prédécesseurs (miam, ce riff de « Leftovers ») et le public qui se masse désormais devant les remuants musiciens apprécie ce qu’il entend (beaucoup) et voit (un peu – la scène ras-du-sol étant peu visible passés les premiers rangs). Les gars se démènent et ont de l’énergie à revendre, ce qui convient bien à leur heavy rock festif, enjoué et punchy. Babis communique bien avec le public, expliquant le thème de chaque chanson (réel ou pas…). Le set défile pied au plancher, tant et si bien qu’il leur reste quelques minutes en fin de set pour proposer un dernier titre jouissif, avec complément jam et solo. Très bonne entrée en matière.

 

PSYCHONAUT2 - psychonaut - IMG_0513

L’odyssée ayant bien débuté, j’ai à peine le temps de monter rejoindre le Canyon Stage – la salle moyenne du Trix – et son ambiance club avec des projections psychédéliques latérales pour me projeter du côté obscure de la force. Le trio malinois a du mordant : c’est bien sludge avec un bassiste en charge du chant clair et un guitariste aux vociférations. La débauche de stroboscopes – considérée comme pénible par certains festivaliers – amplifie le côté carrément bourrin des Belges qui arrivent à se foutre dans la poche une bonne partie du public plutôt branchée psychédélique alors que les bourrins présents s’en tapent une bonne tranche lors des parties barrées. La batterie disposée du côté à droite de la scène permet d’apprécier la haute technicité du musicien en charge de cet instrument. Lorgnant parfois vers le post-machin-chose-core, Psychonaut aura délivré une prestation intéressante qui n’aura pas non plus déclenché l’hystérie parmi le public qui commence à se faire plus nombreux en ce début de soirée. Pas le temps de se taper une portion de la spécialité régionale – les frites quoi – qu’il faut déjà rejoindre la grande scène pour le premier set à s’y dérouler.

 

MONOLORD3 - monolord - IMG_0617

Quelle judicieuse idée d’avoir permis aux suédois d’ouvrir l’excellente Desert Stage, la « Main stage » du Desertfest, en quelque sorte. Le fond de scène est intégralement occupé par un écran sur lequel seront projetées de chouettes images tout le week-end, renforçant l’immersion. Les balances de Monolord audibles depuis les abords de la salle présageaient du lourd et effectivement le trio nordique va nous balancer du parpaing par boîtes de douze. Servie par un son énorme et un chant impeccable, l’assistance qui n’attendait que ça se prend un doom monolithique de haute volée en pleine poire, confirmation scénique des deux très bons albums du combo. Le niveau est monté d’un gros et gras cran et le dévastateur « Empress Rising » restera à coup sûr un des tubes de ces trois jours.

 

THE HEAVY CROWN4 - the heavy crown - IMG_0682

Après cette petite baffe doom dans la grande salle, on s’engouffre à nouveau dans la minuscule « Vulture stage » pour découvrir un petit groupe de régionaux, The Heavy Crown. Niveau mise en place, disons-le tout de suite, le contraste ne joue pas en faveur du trio belge : même si leur set n’est pas décousu, on sent que le groupe est jeune et même si son stoner 70’s occasionnellement psyche est assez efficace, on est loin du rouleau compresseur scénique. Musicalement, le set de quarante minutes tient la route, on ne s’ennuie pas franchement, car même si le groupe ne transpire pas l’originalité par toutes ses pores, il ne plagie jamais et apporte quelques plans et gimmicks intéressants. Un peu trop statiques (intimidés ?) ils gagneraient à se lâcher un peu, même si le public, assez nombreux, semble apprécier.

 

THE MACHINE5 - the machine - IMG_0790

Avantage et inconvénient de ce type d’événement, pas le temps de se remettre d’une bûche qu’une autre déboule illico. Changement de décor avec le trio batave qui va combler les attentes avec brio. Tout y est, le son, l’attitude et bien sûr la qualité des compos du trio qui va nous régaler de son stoner tournoyant, jazzy voire punky par moment dans une débauche d’énergie baignée par des projections hypnotiques. La machine est bien huilée, le jeu parfois démonstratif du guitariste est impeccable, bien appuyé par une basse épaisse, gorgée de groove et un batteur pas loin de l’autisme. Dédicace aux frangins de feu Sungrazer (dont le guitariste vient de tristement nous quitter), le set défile plein pot, on profite de « Awe », « Off Course », d’un « Come To Light » propice à l’improvisation et c’est déjà fini.

 

MOON DUO6 - moon duo - IMG_0879

Les menteurs de l’Oregon – ils sont trois sur scène – avaient suscité pas mal d’interrogations parmi vos envoyés spéciaux. Pas franchement au fait des réalisations de la formation, je me suis pointé du côté des premiers rangs de la Desert Stage ne sachant pas trop à quoi m’attendre (c’est ce qui arrive quand on ne potasse pas la matière avant de rejoindre un festoche). Ce qui était, sur le papelard, annoncé comme une expérience psyché ira rapidement s’égarer dans des plans pop très eighties. C’était bien ficelé, mais, à l’image de Crippled Black Phoenix au dernier Freak Valley Festival, ça détonnait sur l’affiche. L’esthétisme très soigné a foutu une sacré dynamique à ce show plus new wave des temps jadis que psychédélique et les martellements de batterie très robotiques (des beats en fait) ont accompagnés des projections martiales emballant bien les sonorités envoyées sur scène. Les membres, de blanc vêtus, servant eux aussi de supports aux visuels typés clips d’il y a trente piges ont réalisé une performance redondante et envoutante qui n’a pas convaincu les bipèdes partis se désaltérer en d’autres lieux en attendant des effluves musicales plus en adéquation avec ce qu’ils étaient venus chercher à un Desertfest. Les esprits ouverts – et âgés – ont quant à eux passé un bon moment en compagnie de ces Etasuniens proposant un sabbat très prenant avec leur combinaison synthé vintage, martellements métronomiques et nappes de guitares planantes.

 

WUCAN7 - wucan - IMG_1033

Après les extra-terrestres nostalgiques des années quatre-vingt, j’en ai pris pour dix piges en rejoignant l’étriquée Vulture Stage où prenaient place les allemands. La formation de Dresde dont la dernière plaque, « Sow The Wind » était sortie depuis quelques petites semaines allait foutre une sacrée ambiance avec ses influences hippies vintages. Le chant féminin puissant de la frontwoman aux relents très woodstockiens ainsi que la patine folk apportée par la flûte ont séduit un public assez large qui s’entassait péniblement dans la place en cette seconde partie de soirée. Pas trop propre, la formule a sacrément convaincu puisque le chant des sirènes d’Ukraine qui débutaient sur la Canyon Stage ne réussit pas à vider l’endroit qui resta bien garni jusqu’au terme de cette prestation. La scène riquiqui sur laquelle se démenait le quatuor, et surtout sa charismatique chanteuse, agit comme un aimant auprès de la foule très compacte qui ne perdit aucune miette de la débauche babacool flirtant avec le jam qui constitua le final de grande classe (avec l’instrument à vent) d’un groupe qui n’aurait pas juré sur une scène de plus grande taille.

 

STONED JESUS8 - stoned jesus - IMG_1136

Visiblement attendu, à juste titre au vu de la qualité de ses albums, c’est encore un trio qui s’apprête à faire ronfler la sono de l’étage. Un petit morceau pour se mettre dedans et les ukrainiens vont nous ravir d’un stoner hautement énergique qui sait se faire quasi doom par moment. On note des accents blues bienvenus, notamment au niveau des solos, très bons. Règne sur scène une bonne humeur communicative qui aidera le public à accueillir les gars de l’Est comme il se doit. Il faut dire que le concert (comme plusieurs des quelques dates de cette tournée) est un peu particulier, étant donné que des problèmes administratifs ont empêché Viktor, le batteur du trio, d’y participer. Un « session drummer » (dixit Igor) prénommé Artem assure donc le job, de fort belle manière. Est-ce la raison qui a incité le groupe à proposer une set list aussi étrange ? En effet, les ukrainiens jouent l’intégralité de leur premier album en début de set, pour ensuite seulement jouer quelques titres plus récents. Quoi qu’il en soit, l’efficacité est bien là et le set sous cette forme aura clairement marqué les esprits et les nuques.

 

DOZER9 - dozer - IMG_1170

Après la sensation du moment dans la petite galaxie stoner, l’heure était venue de rejoindre la grande salle et sa Desert Stage pour se taper un set du quatuor de Borlänge. En avance sur leur temps, ces rockers ont réalisé, il y a de nombreuses années, des performances et des plaques qui leur permettraient aujourd’hui de bénéficier du succès qu’ils n’ont jamais connu de leur vivant. Bien que déjà vus à plusieurs reprises depuis leur « reformation », c’est à chaque fois avec pas mal d’excitation que j’aborde un show de Dozer que j’ai pourtant vu de leur vivant sur quasi toutes leurs tournées dans nos contrées (et même au-delà). Mon avis sur la performance du groupe à la grande fête belge est donc très partial, mais il faudra faire avec.

Je ne serai d’ailleurs pas le seul à être aux anges avec ce concert, mais il faut avouer que mes alliés et moi-même ne constituons pas la totalité du public du festival et que certains esprits fâcheux n’y trouveront pas leur compte. La faute à un setlist discutable certainement un peu et aussi à un manque de pratique évident puisque le groupe n’est plus vraiment en activité depuis un paquet d’années. Tommi très en forme livrera une prestation impeccable (comme d’habitude en fait) et son collègue Johan (ayant quitté Greenleaf remplacé par le bassiste de feu-Grandloom) en fera tout autant alors que Fredrik ne sera pas au top au chant par moments. Cette première tête d’affiche vit apparaître les premières figures de style  parmi le public et des titres assez récents comme l’énorme « Big Sky Theory » ou « Until Man Exists No More » ont parfaitement fonctionné. D’autres, comme « Exoskeleton » envoyé en deuxième position, peinèrent à convaincre. Une mention spéciale aussi à « Supersoul » issu de leur première plaque – « In the Tail of a Comet » sur le mythique Man’s Ruin Records – qui fit monter la pression d’un cran. Au terme de leur concert, les Suédois balancèrent vite fait un rappel convenu alors qu’une partie non-négligeable du public avait déjà déserté les lieux pour rejoindre l’Aftershow ou la petite scène. Dommage pour eux, et aussi pour les fans du quatuor, car cette fin en queue de poire laissa une impression de mission pas carrément remplie jusqu’au bout de la part d’un élément fondateur du stoner européen.

 

CARLTON MELTON10 - carlton melton - IMG_1359

Honteusement jusqu’alors inconnus au bataillon par mes services, j’oserais qualifier le set des californiens de « leçon psyché de papys ». La frange de festivaliers pas encore rassasiée va se fendre d’un voyage aussi délicieux qu’inattendu, à travers de longs morceaux durant lesquels l’excellent guitariste se permettra de placer des notes de clavier entre ses plans de six cordes à en faire pâlir plus d’un. Le quatre cordiste, lui, ronfle tranquille dans son coin pendant que le batteur/guitariste passe d’un instrument à l’autre, renforcé au besoin par une boîte à rythme. On serait tentés de fermer les yeux devant la musique carrément trippante proposée par le sixième trio du jour mais impossible de perdre une miette du jeu du gratteux, débordant de classe et de sincérité. De très sympathiques messieurs que j’aurais l’occasion de saluer le lendemain.

Un petit tour par le traditionnel after party où l’on a l’impression de ne croiser que des potes de longue date et c’est déjà la fin d’une première belle journée bien remplie. Dodo.

 

Par Chris, Laurent & Patapl

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Le video-report du Jour 1 du Desertfest filmé par Desert-Rock :

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