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DESERTFEST BELGIUM Jour 3 (Goat, Uncle Acid, Duel, Scorpion Child, Castle, Lonely Kamel, Earth Ship, Komatsu,…) – 16/10/2016 – Anvers (Belgique)

Déjà le dernier jour de ces festivités dans l’agglomération du nord de la Belgique plus connue pour son port, ses diamants, ses vitrines et ses chicons que pour ces fiestas désertiques ! N’empêche qu’avec le soleil qui cogne on s’approche un peu plus de l’ambiance des parties fines avec générateurs qu’avec le crachin du vendredi. C’est en mode touristes décontractés avec lunettes de soleil, chemises hawaïennes et bobs aux couleurs d’apéros made in France que nous avons arpenté les quais et profité du panorama sur la ville qui s’offre aux visiteurs peu sportifs qui montant les 10 niveaux de la tour rouge (qui tache dans le paysage) en escaliers roulants. Mais l’heure des vraies festivités approche, et il ne sera pas dit qu’un concert commencera sans nous !

 

JOSEFIN ÖHRN & THE LIBERATION

Josefin Ohrn and the liberation
Josefin Ohrn and the liberation
Josefin Ohrn and the liberation
Josefin Ohrn and the liberation
Josefin Ohrn and the liberation

Josefin ose centrée sur la Vulture stage en ce dimanche après-midi. Il lui revient l’insigne honneur de donner le coup d’envoi de cette ultime journée du millésime 2016 de ce festival qui donne la frite. Elle est charmante et elle en joue ; les matous dressent l’oreille (what else ?) pour la belle et son band qui nous envoient un krautrock psychédélique dominé par les claviers en ce qui concerne le mix. C’est super lancinant et permet de démarrer l’après-midi tout en douceur et de digérer les meilleurs burgers d’Anvers que nous nous sommes tapés en tant que gastronomes avertis. Avertie, la frontwoman vêtue de noir l’est aussi ; intrépide, elle l’est aussi et nous envoie avec ses Liberation un set presque exclusivement composé de titres de « Mirage », sa dernière production des plus aérienne.

 

DORRE

Dorre
Dorre
Dorre
Dorre

Pas le temps de se laisser bercer par la brune active au rez de chaussée ; il est temps de passer aux choses sérieuses et plus viriles avec les jeunes de Louvain qui vont nous botter le cul à l’étage. Actif dans un registre plus sombre et nettement plus couillu que celui de leur homonyme Julien, le trio envoie un set bruyant que les lourds de l’assistance, déjà dans la place, savourent alors qu’il n’est même pas encore l’heure du goûter ! Le batteur nous aura particulièrement séduit en malmenant son instrument avec ferveur pour faire onduler les bourrins présents tôt cet après-midi tandis alors que certains festivaliers ne sont pas encore parvenus à s’extraire la tête du postérieur. Tant pis pour ces petites natures qui auront loupé un show dissonant et pugnace pour public averti.

 

MOANING CITIES

Moaning Cities
Moaning Cities
Moaning Cities
Moaning Cities
Moaning Cities
Moaning Cities
Moaning Cities

On a déjà vu les jeunes belges de Moaning Cities sur les planches de bon nombre de festivals ces dernières années (Desertfest Berlin, Up In Smoke, et même le Desertfest Belgium pour sa première édition il y a deux ans). On avait donc une vague idée de ce à quoi s’attendre, et à ce titre on n’aura pas été déçus… on aura même été agréablement surpris ! Pas impressionnés le moins du monde par ce slot sur la main stage (devant un public assez nombreux), le quatuor prend la scène avec fougue, et occupe admirablement l’espace mis à sa disposition. Hormis son guitariste / vocaliste un brin statique derrière son pied de micro, les autres dansent et virevoltent (top 10 des mots les plus improbables dans une chronique live Desert-Rock) au fil d’une entame de set composée de morceaux aux rythmiques assez enlevées. Même la batteuse, par ailleurs dotée d’une remarquable frappe toute en puissance, est à fond dans le trip. Le ventre mou du set, plus psyché-atmosphérique (avec le fameux sitar, passage obligé pour tous les concerts du groupe, sur «Easter» aujourd’hui notamment) va un peu doucher l’enthousiasme général, mais le public semble acquis, et le challenge est remporté.

 

KOMATSU

Komatsu
Komatsu
Komatsu
Komatsu
Komatsu
Komatsu

Les Néerlandais nous avaient laissé un agréable souvenir par le passé lors de l’ouverture remarquée qu’ils avaient faite sur une certaine tournée d’une gloire du stoner. C’est donc joyeux comme des drilles que nous avons abandonné la Desert stage pour aller nous serrer à d’autres spectateurs pour le concert du quatuor qui se pointait en voisin. Aux manettes nous croisons une vieille connaissance de nos services, à savoir un ancien Zamarro (extraordinaire trio stoner bâlois d’il y a un paquet d’années que les jeunes feraient bien d’écouter). Dès les premières notes nous remarquons que les Bataves ne sont pas là pour plaisanter. Malheureusement, leur show puissant est rapidement pénalisé par une mise en son qui tape dans le brouillon, et que ce soit au milieu de la foule, au bords de la scène ou juché sur les marchepieds du fonds de la salle (qui servent bien souvent de siège pour spectateurs fatigués voire ivres), la sensation sera la même. On regrettera ce choix d’expression dans l’urgence qui ne nous aura pas permis de nous taper quelques extraits du nouvel album Recipe For Murder One dans des conditions différentes, car des titres comme « Lockdown » ou « Scavenger » – balancés durant le set – nous avaient bien fait hocher du chef lorsque nous découvrîmes cette plaque.

 

EARTH SHIP

EARTH SHIP
EARTH SHIP
EARTH SHIP
EARTH SHIP
EARTH SHIP
EARTH SHIP

Bien émoustillés par une production discographique sans point faible, et armé d’un dernier album remarquable, Earth Ship, trop rares sur scène, étaient très attendus. Surprise à leur entrée sur scène : le batteur a été changé il y a quelques jours apparemment et… il manque un guitariste ! On apprendra par la suite que Marcel Schulz a quitté le navire (c’est le cas de le dire), sans que le groupe n’ait vraiment communiqué sur le sujet. Bon, évidemment l’emblématique frontman et fondateur du combo Jan Oberg est bien là, ainsi que son épouse Sabine à la 4-cordes. Mais on est quand même dubitatifs sur la capacité du groupe à retranscrire les sonorités élaborées de ses productions vinyliques avec un batteur débutant et une guitare en moins… Côté batterie, dès les premiers titres, le diagnostic tombe : pas de soucis, il n’en met pas une à côté. Côté guitare et son en général, en revanche, le bât blesse un peu. On reconnaît les titres, et niveau puissance sonore et riffs, Oberg abat un boulot colossal avec sa gratte. Mais la force de Earth Ship réside aussi beaucoup dans l’élaboration de ses compos, parfaitement ciselées et travaillées, avec la chape de plomb qui va bien par dessus. . Et dans ce contexte, l’adjonction d’une seconde guitare, et le confort associé pour poser quelques soli bien sentis notamment ou autres harmonies, manque un peu. Mais ne soyons pas tatillon : on se prend quand même une belle déflagration en pleine poire. Évoluant sous un light show rachitique (comprendre : peu ou prou dans l’obscurité) le trio débite sans temps mort son lot de bûches, que l’on encaisse une à une sans piper mot. On ressort donc bien contents, mais aussi avec un léger regret de ne pas avoir pu voir la machine tourner à son plein potentiel ; quand on voit l’efficacité de l’animal avec une jambe en moins, on imagine à peine la claque qu’il doit produire avec tous ses membres.

 

MY SLEEPING KARMA

MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA
MY SLEEPING KARMA

On est des fous, on va commencer la chronique du set de My Sleeping Karma par la conclusion : on s’attendait à une bonne claquasse, et on l’a bel et bien prise en pleine face. Voilà. Effectivement, on savait très bien à quoi s’attendre : invariablement, ces dernières années, qu’ils aient joué en clubs ou en festivals (grandes scènes, petites scènes), les souriants – à la scène comme à la ville – germaniques ont toujours su tisser en live une trame musicale infaillible, faite de compos impeccables (avec à chaque fois, par respect pour ses fans de la première heure aussi, des titres passant en revue toute sa carrière), d’une dynamique scénique essentiellement basée sur l’échange (les gars se regardent sans arrêt, leur plaisir de jouer ensemble transpire) et d’un coefficient sympathie bluffant (l’humilité des bonhommes à la moindre vague d’applaudissements respire la sincérité). A partir de là, ils pourraient jouer n’importe quel titre que ça passerait presque, pour autant le groupe est armé de belles pépites bien rodées, aux passages atmosphériques et montées en puissance toujours aussi efficaces sur scène («Prithvi», «23 Enigma», «Glow 11», etc…). Doté pour bien faire d’un son remarquable, le concert ne pouvait décemment pas faire autre chose qu’un carton. Le quatuor (oui oui, il y a un claviériste, le gars immobile un peu avachi dans l’ombre à droite, là…) repart donc avec, encore une fois, quelques centaines de nouveaux fans dans sa besace (fallait voir le stand merch se faire littéralement dévaliser après leur set).

 

BLACK SWARM

BLACK SWARM
BLACK SWARM
BLACK SWARM
BLACK SWARM

Youpie : le nom de groupe en “black” de la journée ; ça nous avait presque manqué. Après la délicatesse aérienne de My Sleeping Karma on se cogne à un style plus brutal dans le petit espace qui a revêtu son style underground (et ce ne sera pas la dernière fois de la journée). Ces brutes natives d’Anvers envoient du gros son dans la plus pure tradition du punk à la D.O.A. qui tache et blast sa génitrice. Le bedonnant tatoué du bide et ses trois acolytes rockers d’un autre temps n’ont clairement pas grand chose à partager avec la programmation générale de l’événement et on s’en cogne pas mal. Ça remue bien dans un pit réceptif aux assauts distordus et à la batterie binaire et surtout ça adhère pas mal à la démarche artistique qui en réveille certains. Alors que le set est loin d’être terminé, le brailleur, torse nu, annonce que le groupe va s’arrêter entraînant une réprobation plus que certaine de ses suiveurs. Comme il enchaîne sur le fait qu’eux respectent leurs engagements pas comme Graveyard, nous décorons cette formation – des plus rock’n’roll – du prix du taillage de costard sur ce festival.

 

DUEL

DUEL
DUEL
DUEL
DUEL
DUEL
DUEL
DUEL

Avouons-le : en pénétrant dans la Canyon stage, l’essssitation est à son comble à la perspective de voir Duel en live. Deux raisons à cela : d’abord, la plus saine, on a adoré leur première galette sortie il y a quelques semaines et on meurt d’envie de voir ce dont ils sont capables sur une scène. L’autre raison est plus moralement discutable (mais on assume) : le groupe ayant été formé à l’origine par deux dissidents de Scorpion Child, qui joue un peu plus tard sur la même scène… on voulait voir du sang !! La conception fondamentale de la musique développée ces deux formations étant diamétralement opposée, on espérait, un peu malsainement on l’avoue, que le groupe transforme ce potentiel antagonisme en un coriace esprit de compétition… pour botter des culs !! Et bien bottage de culs il y eut, assurément, mais sans vrai lien avec Scorpion Child. Et c’est bien là le tour de force du combo, à qui il n’a suffi que de quelques riffs et d’une première salve de headbanging de Tom Frank pour immédiatement justifier et légitimer l’existence même de Duel, devenu essentiel en trois coups de cuillère à pot. Au bout de quelques secondes, donc, plus grand monde dans l’assistance ne se pose la moindre question, emportés comme un seul homme dans le hard rock / garage / stoner du quatuor texan. L’assistance mange dans la main de Frank, frontman exubérant, véritable boule d’énergie au riffing de tueur. Boom, game over, Scorpion Child n’a pas encore joué qu’ils sont probablement KO debout sans même le savoir.

 

LA MUERTE

LA MUERTE
LA MUERTE
LA MUERTE
LA MUERTE
LA MUERTE
LA MUERTE

Putain ! La Muerte est de la partie et les nostalgiques des années quatre-vingt se sont frottés à poil contre le crépi pour fêter cette excellente nouvelle. Après quelques titres, nous nous rendons compte que l’énorme honneur d’assister à un show de cette formation de légende n’est pas partagé par le plus grand nombre et que, pour une fois, il y a de l’espace dans les premiers rangs de la Desert stage sur une plage horaire des plus prisées. Rien à foutre, les Belges envoient la grosse artillerie et le public présent – les épicuriens quoi – se font carrément plaisir à se retaper les titres imparables d’un groupe prépondérant de la scène underground belge d’il y a presque – oh putain – trente piges ! Pull rayé, gilet destroy et sac en jute sur la tête avec orifices pour les yeux ainsi que la bouche, leur charismatique frontman fout un gros bordel alors que le côté cours de la scène ressemble à ce que proposait Wolvennest (tiens donc) la veille avec force chandeliers ainsi qu’autels à la gloire du rock’n’roll. Les standards du collectif belge, « Couteau Dans L’Eau », « I Would Die Faster », « Shoot In Your Back » ou « Lucifer Sam » ont foutu une sacrée trique aux amateurs de ce genre. Plus enclins à faire les beaux jours d’un fest dédié au punk revival qu’à une concentration stoner peut-être, mais on s’en fout, même si les avis sont partagés, car les amateurs ont pris leur panard !

 

TAU

TAU
TAU
TAU
TAU

Coincés entre une formation qui envoie du bois et nous pousse à l’autodestruction et des mammifères placentaires débarqués de leurs drakkars norvégiens, les Allemands de Tau offrent une accalmie d’un autre temps au public du festival. Guitare en bois et bâtonnets d’encens foutent une ambiance propice aux trémoussements chez les hippies qui ont fait le déplacement à Anvers. Le duo guitare et percus sous influences shamaniques déploie un peu le style qui devait trotter dans la tête d’êtres comme Yoko Ono et Ravi Shankar qui éloignèrent les scarabées de plans prometteurs dans la veine de « Helter Skelter ». C’est mou du genou – et ça se veut pas nécessairement autre chose, au passage – et peine à emballer longtemps les amateurs de gros riffs que nous sommes, surtout qu’à l’étage ça s’apprête à envoyer le lourd ; nous abandonnons la place aux babacools sans grand regret.

 

LONELY KAMEL

LONELY KAMEL
LONELY KAMEL
LONELY KAMEL
LONELY KAMEL
LONELY KAMEL
LONELY KAMEL
LONELY KAMEL

Coup dur il y a moins d’un mois, en apprenant que Lonely Kamel s’était séparé de son guitariste lead, Lukas Paulsen, une personnalité emblématique dans les prestations live du combo. Nos trois robustes germains ont rapidement recruté un nouveau partenaire, le jeune Vegard Strand Holthe, qui assure cette tournée, sans que l’on sache s’il fera partie du line-up stable du groupe. Toujours est-il que le bonhomme assure bien ce soir ! Parce que scéniquement, les trois «anciens» ne sont pas les musiciens les plus exubérants de la journée, loin s’en faut, même si les bonhommes savent tenir une scène. Or notre vigoureux soliste a beau être à fond dedans, il n’a alheureusement pas la metal attitude bien badass de Paulsen. Niveau set list, le groupe, le cul entre deux chaises en terme d’actualité (dernier album en 2014… on va se sortir les doigts maintenant, les gars ?), ne joue pas l’originalité et dégaine ses plus beaux brulots (à commencer par «Roadtrip with Lucifer» pour lancer les hostilités) pour le plus grand plaisir d’un public qui n’attendait pas autre chose. Carton plein évidemment pour le redoutable «Evil Man» en milieu de set qui mettra tout le monde d’accord. Même en mode «service minimum», Lonely Kamel est quand même la tête et les épaules au dessus de la mêlée, rien à redire. Rien de flamboyant non plus.

 

UNCLE ACID & The Deadbeats

UNCLE ACID & The Deadbeats
UNCLE ACID & The Deadbeats
UNCLE ACID & The Deadbeats
UNCLE ACID & The Deadbeats
UNCLE ACID & The Deadbeats
UNCLE ACID & The Deadbeats

Que dire de Uncle Acid qui n’ait été dit mille fois ? Leur set ce soir ressemble aux derniers que l’on a vus d’eux (il faut dire pour l’anecdote que ça fait maintenant pas mal de temps que le line up est stabilisé… C’est louche…) et c’est déjà énorme. Car sur scène et dans le public, il y a un effet «Uncle Acid» absolument tangible, et ce dès les premiers accords de l’incontournable «Mt. Abraxas». Est-ce la voix subtilement nasillarde du père Starrs ? Ces compos impeccables, d’une efficacité redoutable ? Ces musiciens timorés mais interprètes parfaits, qui épaulent un Kevin Starrs brillant autant dans ses rythmiques que dans ses soli ? Cela restera un mystère dont on restera, concert après concert, les plus circonspects observateurs. Scéniquement, Starrs assure le service de base, il est bien dans son set (avec une section rythmique plutôt comparable à des plans de tomates sur pieds qu’à des singes montés sur ressorts, en termes de dynamisme…), et la scène baigne comme d’habitude dans une pénombre calculée, où les bonhommes se retrouvent en contre-jour perpétuel. Toujours est-il qu’on reste bluffé par l’efficacité du groupe et du concept global. Ce n’est pas volé, la démarche est honnête et intègre. Quelle que soit sa personnalité, souvent décriée (à juste titre pour partie), respect à Starrs d’en être arrivé là, à ses conditions, avec sa méthode.

 

CASTLE

CASTLE
CASTLE
CASTLE
CASTLE
CASTLE
CASTLE
CASTLE
CASTLE

Nous avions déjà capté les Etasuniens lors d’une édition précédente d’un autre Desertfest continental par le passé et après avoir écouté leur nouvelle pièce : « Welcome To The Graveyard », nous trépignions d’envie de nous en retaper une bonne ration. Nous sommes peu dans la Vulture stage alors que le tonton acide est toujours en train d’enchanter son public dans la grande salle. Nous n’allons pas cacher notre plaisir et ne sommes pas les seuls à piaffer d’impatience lorsque finalement le trio prend place. Esthétiquement : rien n’a vraiment changé puisque le chevelu grisonnant caché sous sa tignasse s’agite et participe de manière timorée au chant, que le frappeur est caché derrière ses fûts en assurant métronomiquement son job et que la superbe frontwoman capte l’assistance en raison de sa plastique, de sa gestuelle des plus rock’n’roll ainsi que grâce à sa voix particulièrement bien mise en valeur par le mix du show. On s’en fout plein les fabriques à cérumen avec des extraits super efficaces du dernier opus (que nous continuons à conseiller à qui veut bien prêter une oreille à nos dires) et sommes rapidement rejoints par les quidams quittant la Desert stage au terme de la prestation de la vedette américaine de la soirée.

 

SCORPION CHILD

SCORPION CHILD
SCORPION CHILD
SCORPION CHILD
SCORPION CHILD
SCORPION CHILD

Avec le départ des deux pouilleux Tom Frank et Shaun Avants (partis monter le craspec Duel qui nous a frotté les oreilles tout à l’heure sur la même scène), on sait que l’orientation musicale du quintette texan s’est pour le moins «policée» (décision illustrée par leur choix de remplacer Frank à la gratte rythmique par… un claviériste !). Les amateurs de gras et de hargne sont donc restés au rez-de-chaussée dans la Vulture stage pour voir la fin du set de Castle – ils n’auraient rien trouvé à leur goût ici. Pour autant, la prestation de Scorpion Child n’est pas inintéressante : ça joue bien, net, carré, bien propre derrière les oreilles, rien à dire. Leur hard rock vintage est parfaitement maîtrisé, leur approche musicale est vraisemblablement honnête, et leur talent de musiciens est inattaquable. Mais côté excitation, on est bien loin du priapisme. Pas de coupable tout désigné, simplement Black, s’il ne manque pas d’énergie, n’a ni la voix ni le charisme de Robert Plant. Tout comme Cowart : il ne démérite pas en astiquant son manche, mais il n’a ni la classe de Page, ni le talent de Blackmore. Néanmoins, et notre professionnalisme nous force à le reconnaître, Scorpion Child fait très bien ce qu’il sait faire. Sauf que quand il faut choisir un concert à sacrifier pour trouver 15 minutes et aller se ravitailler, le choix est vite fait…

 

GOAT

GOAT
GOAT
GOAT
GOAT
GOAT
GOAT
GOAT

Après ce passage dans les 70s, on change complètement d’espace-temps avec la prestation très attendue de Goat. Si vous ne les avez jamais vus en live, les musiciens de Goat jouent masqués et habillés de vêtements de types cérémoniaux. Ils évoluent dans une sorte de musique psyché-hors du temps où se mêlent des rythmes tribaux africains et amérindiens, avec percus diverses, des plans de synthé old school, et des vocaux féminins un peu geignards pour couronner le tout. Scéniquement, c’est une demi-douzaine de musiciens plantés là sans trop bouger, avec deux chanteuses-interprètes qui se baladent et dansent un peu dans tous les sens sur scène, le tout baignant, comme ce fut le cas tout le week end, dans des lights et vidéo-projections très présents. Vous vous mettez tout ça dans la tête, et vous imaginez surtout plusieurs centaines de personnes (que vous avez vues tout le week end headbanguer la bave aux lèvres et le verre de bière tiède à la main devant les plus gras groupes de sludge) se trémousser tous ensemble avec un vague sourire sur les lèvres. Observer le public dans un concert de Goat, c’est assister à autant de danses improbables (dans le sens littéral du mot – pas pour la formule rhétorique usée du chroniqueur en galère) que de spectateurs. Musicalement, vous l’aurez compris, on est dans la pure subjectivité : le groupe plaît ou déplaît, mais ne laisse pas indifférent. En revanche, un point qui fera l’unanimité : en live, il se passe quelque chose d’indescriptible, un certain rapport à l’universalité qui prend toute sa dimension dans le contexte de ce week end, quelque chose qui renvoie ni vraiment à l’ellipse, ni au pur second degré. Une sorte d’existence musicale décalée, hors standards, accessible au plus grand nombre.

 

TOXIC SHOCK

TOXIC SHOCK
TOXIC SHOCK
TOXIC SHOCK
TOXIC SHOCK

Les avis divergent en ce qui concerne la copie belge presque conforme à l’original à tendance suicidaire de Venice. Certains les ont taxés de carrément hors sujet lors de ce fest alors que d’autres se pressaient devant la scène prêts à se lancer dans le premier véritable pogo à prendre place devant la Vulture stage si propice aux plans hors stoner traditionnel. Leur punk rapide fleurant bon le hardcore d’antan s’est déployé avec force efficacité et en débutant leur set – avec du retard et – avec « The Survivalist », ces Belges ont fait le bonheur des nostalgiques de Mike Muir (qui sont gâtés ces temps). Leur style véloce foutrement rentre-dedans et le gros bordel qu’ils ont mis dans la place ont ravi un pit d’adulescents plus prompts à bouger leurs popotins sous les riffs de titres comme « Mr. T » (une débauche thrash comme on n’en fait plus de nos jours) plutôt que de se dandiner lors d’un culte de la chèvre qui faisait le plein à la cave.

 

VODUN

VODUN
VODUN
VODUN
VODUN
VODUN
VODUN

La magie du vaudou n’a pas opéré sur tous, mais le trio britannique peut se targuer de n’avoir laissé personne indifférent alors qu’il lui revenait la lourde tâche de clore cette fiesta stoner – et autres styles plus ou moins proches – belge. Comme l’an passé avec Wheel Of Smoke, les programmateurs n’ont pas versé dans le final larmoyant, mais nous ont proposé quelque chose de différent, mais clairement pas hors sujet. Vodun avait pimpé la Canyon stage de décos africaines pour y pratiquer son art. Entre gros heavy rock déluré, soul entraînante et plans afros, grimés comme il se doit, ils ont chauffé à blanc une partie des festivaliers pour l’after qui allait suivre en ce lieu. Plus qu’un concert, les brexcités nous proposent une immersion dans leur univers à la fois chatoyant et terriblement déluré. Nous avons bougé nos culs un peu aussi sous les assauts terribles que le groupe déploie lorsqu’il monte dans le rouge. Une belle manière de mettre un point final à une édition 2016 d’un festival qui flirte avec sa capacité maximale en ce qui concerne l’auditoire.

 

Nous remercions tout particulièrement le public explosif et éminemment sympathique (toujours sympa de croiser une cargaison de potes qui se reconnaitront), l’organisation bien rodée ainsi que les groupes qui nous ont permis de nous extirper de notre mortel quotidien pour trois jours de folie sonore. Vivement l’an prochain où nous comptons voir encore plus de francophones que cette année afin de nous sentir vraiment chez nous !

 

Chris & Laurent