Après 11 heures de route en bagnole pour certains, un avion retardé pour d’autres, la team Desert-rock se retrouve à l’Arena Berlin pour cette nouvelle édition du Desertfest teuton. Nouveau lieu mais ambiance toujours aussi chaude dès l’ouverture des portes. Le soleil est de la partie et les premiers crânes chauves commencent à regretter d’avoir oublié la crème solaire. Tant pis pour eux, ils iront se planquer sous l’énorme hangar qui couvre les deux scènes du festoche, une bière à la main. Pour notre part, on contemple la vue de l’extérieur et surtout cette piscine bleu turquoise qui jouxte l’Arena berlinoise mais qui nous est malheureusement inaccessible… Qu’importe, on n’est pas venu pour bronzer mais pour prendre du son plein la tronche pendant trois longues journées. Et autant vous dire tout de suite qu’on n’a pas été déçu du voyage. On vous raconte tout en détail.
VONAVIBE
Et nous voici enfin face à la sidestage pour découvrir le premier groupe du vendredi. Cette année les deux scènes sont dans la même grande salle, si bien que le public n’a qu’à se déplacer de quelques pas pour assister à tous les concerts. Pas facile de lancer les hostilités face à une fosse très éparse… Les groupes grecs n’ont pas l’habitude de nous décevoir mais Vonavibe est l’exception qui confirme la règle. Nous n’avions pas d’attente particulière pour ce premier concert, heureusement. Le quatuor qui a gagné son ticket pour le fest après avoir remporté un tremplin ne semble pas avoir sa place dans le désert berlinois. Les petits gars exécutent un genre de heavy un peu pompeux et même en cherchant bien, il n’y aucune trace de stoner ici… L’euphorie du démarrage nous force à rester jusqu’au bout mais sans grand enthousiasme. Next.
PRETTY LIGHTNING
Premier groupe allemand du week-end avec Pretty Lightning et son duo guitare/batterie plus qu’efficace. L’absence d’une bonne grosse basse se fait rapidement ressentir mais les deux compères germains tiennent la scène comme il faut et le public adhère à leur mélange de rock-psyché (un peu) stoner. Le groupe manque un peu d’originalité et n’aurait pas eu le même succès en effectuant un set de plus de 40 minutes. Mais l’ambiance est déjà palpitante dans l’énorme hangar de l’Arena, ce qui nous laisse présager de bonnes choses pour la suite.
CHURCH OF MISERY
Premier groupe à inaugurer la magistrale mainstage de cette nouvelle salle, et déjà un gros morceau de la journée et du week-end : Church of Misery. Les japonais rentrent sous les acclamations et en sortiront de la même manière ; on peut déjà affirmer que l’opération fut réussie. Sûrs d’eux, ils lâchent d’entrée de jeu un gros “El Padrino” après quelques bidouilles de Takano sur son Théremine. Le son est lourdingue mais pas si mauvais (on allait avoir bien plus mauvais plus tard sur la même scène). A l’exception de Muraki, concentré sur sa guitare et peu expressif globalement (faut dire que l’air de rien, le gonze envoie du lourd tout du long), les gars sont en forme (comme à leur habitude), souriants, créant un vrai lien avec le public (les échanges de saluts et autres devil horns sont perpétuels), et on ne s’ennuie pas durant tout le set. C’est encore une fois Takano qui attire tous les regards en arpentant la scène et gesticulant dans tous les sens, mais la baraque est tenue et bien tenue par Tatsu Mikami est ses lignes de basse impeccables. On notera en particulier un très impressionnant “Born to Raise Hell” et un “I, Motherfucker” percutant. Très bonne prestation du quatuor nippon. Véritable entrée en matière de la journée, Church of Misery ne déçoit pas et mets la barre haut pour les suivants.
DEATH ALLEY
Avec un nouvel album audacieux et réussi sous le bras, il nous tardait de voir Death Alley sur scène pour bien en appréhender la substantifique moelle. Et nous fûmes rassurés. Déjà, le quatuor néerlandais a toujours la même prestance scénique et le même confort, bien aidés par Douwe Truijens bien sûr, frontman impeccable en tous points (et vocalement aussi), sachant que derrière, ça déroule. La set list est courte mais punchy, exercice de rigueur pour bien remplir les 45 minutes prévues sur ce créneau. Les anciens et nouveaux titres se mêlent, avec des classiques tels que le toujours efficace “Black Magick Boogieland” ou le plus récent mais punchy “Murder your dreams” qui fonctionne déjà bien. Le groupe s’approprie la petite scène et conquiert le public par la même occasion. Côté son, les premiers rangs sont les plus vernis (sachant que dès qu’on commence à se rapprocher de la régie son au centre du public, ça commence à être un peu brouillon). Mais pas de quoi gâcher le concert. En synthétisant les genres pour hybrider son proto-metal de base, Death Alley s’est créé une place à part dans le paysage musical et il le démontre aujourd’hui encore, avec la manière.
NEBULA
Les puristes et adorateurs de stoner rock attendaient la prestation des Ricains de Nebula avec autant d’impatience qu’un junkie attend son dealer au coin de la Schlesische Straße. Eddie Glass et sa dégaine à la Kurt Cobain balance le riff de « To the center » en tout début de set. Dommage, on aurait aimé que la température monte un petit peu avant de pouvoir headbanger sur leur titre phare. L’idée n’est pas mauvaise pour autant : après quelques minutes, la fosse est entièrement acquise à leur cause. Malgré un son brouillon, la bande d’Eddy nous balance les riffs accrocheurs comme pour rire. Leur retour était attendu après des années d’absences et le public berlinois en a pour son argent. Bon, OK la batterie et la basse ne bénéficient pas du meilleur son mais la pilule passe bien quand le trio envoie « Sonic Titan ». La prestation de Nebula reste difficile à évaluer avec ces petits soucis de son. Les fans de groupe sont en extase, les autres sont beaucoup plus mitigés mais Nebula marque tout de même le Desertfest de sa grosse patte.
MONOLORD
Après les pérégrinations cosmiques d’un monument de la scène originelle, le temps est venu de se presser à nouveau devant la SideStage de l’Arena de Berlin pour admirer une formation plus jeune, mais ô combien robuste : Monolord ! Le trio scandinave habitué des grands-messes continentales dédiées aux Dieux du stoner nous revient bonifié d’une tournée européenne en ouverture de Black Label Society et le constat est sans appel : les gars ont foutrement acquis de la bouteille au contact de la bande de Zakk. « Rust » étant dans notre tiercé de tête des sorties 2017, inutile de vous préciser que c’est de pied ferme que nous attendions le groupe, et nous ne fûmes pas déçus (une fois de plus). Parée sur ses flancs de drapeaux à l’effigie de « Vaenir » – prédécesseur de « Rust » – sur les nombreux amplis Orange, la petite scène du festival baignée de fumigènes (on se lâche le premier jour) permet au public nombreux d’assister confortablement à ce set tueur (ce qui n’était pas toujours le cas par le passé dans l’Astra, l’ancienne salle du festival, où les formations moins populaires voyaient les spectateurs tassés devant la scène Foyer comme les passagers d’un RER un jour de grève – un jour normal quoi…). Casquette vissée sur la tête, le bassiste du trio assure toujours la partie visuelle (et attire les trop nombreux photographes accrédités lors de ce festival comme des mouches autour d’une serviette hygiénique usagée). Question titres, nous eûmes droit à un savant mélange de nouveautés et de classiques issus de la concise discographie du groupe avec en point d’orgue le titre éponyme du petit dernier. La lourdeur a régné sans partage durant un temps de jeu de presque une heure que les Nordistes avaient bien mérité vu leur grandissant succès.
MONSTER MAGNET
Le temps est venu de se déplacer de quelques mètres (ou de sortir s’empoisonner durant les 20 minutes bienvenues qui séparaient les concerts) pour assister au show du headliner du jour, Monster Magnet. La formation U.S. avait 90 minutes à sa disposition pour asseoir son statut auprès des festivaliers dans la capitale germanique et ne nous voilons pas la face : l’exercice est raté. C’est rageant et ce n’est pas uniquement le fait de la bande de Dave Wyndorf qui a rapidement embrayé sur des titres issus de son sympathique album « Mindfucker » – sorti cette année – après une ode aux substances illicites. Le quintette aligné sur l’imposante MainStage a déployé un dynamisme certain devant un backdrop blanc à son effigie et force est de constater que des morceaux nouveaux comme « Soul » intégreront rapidement les classiques live des Étasuniens tant ils sont pertinents en live. De la fosse à paparazzi nous avions une sensation assez positive, mais après avoir rejoint la fosse, nous fûmes affligés par la qualité du son. Ceci malgré quelques déplacements dans la salle qui nous permirent de valider notre perception. Manquant de clarté et confinant à la bouillie sonore, la qualité acoustique de la performance des têtes d’affiche du jour a passablement contribué à notre ressenti peu positif quant à ce show d’un groupe que nous chérissons pourtant. Le public présent lors de ces festivités nous confirmera, au fil des jours, que notre sentiment était largement partagé. Le calage dans un nouvel espace nécessitant une adaptation, les shows ne furent pas tous exempts de reproches au niveau du son surtout en ce premier jour de festival, qu’ils soient le fait de l’ingé-son du festival ou de celui des groupes. Très rapidement, la formation de la Côte Est a fait le premier coup du rappel pour terminer sa performance par un morceau fleuve, mou de la bite et sans queue ni tête délaissant le public alors qu’il leur restait amplement le temps d’interpréter 2 – voire 3 – titres pour enchanter des fans qui ne demandaient pourtant que ça ! Nous espérons bien nous rabibocher avec ces quidams lors d’un de leurs prochains passages parce que sur ce coup, ce monstre nous laisse une impression plus que mitigée…
WEEDEATER
Alors que Monster Magnet balançait ses plus gros riffs, Dixie Collins installait tranquillement son matos sur la sidestage, accordant de temps à autres un bref regard vers ses compatriotes américains. Le zouave a l’air en forme, accompagné par sa bouteille de Jack, comme à son habitude. L’arrivée du trio sur scène est accompagnée d’un épais nuage de fumée émanant de la fosse. On ne vous fait pas de dessin : le son est lourd, gras, du pur sludge comme on aime. Seul petit bémol : la basse de Collins ne ressort pas assez du mix, ce qui gâche un peu l’intro phénoménale de « Jason… the dragon ». Pour le reste, c’est du Weedeater dans toute sa splendeur : les gros riffs s’enchaînent, sans interruption. Le public est très réceptif et semble très joyeux. Plusieurs mecs dans la fosse se prennent dans la tronche des verres de bières pas tout à fait vides, sans réagir plus que ça. L’ambiance est chaleureuse. Weedeater termine son set avec quelques-uns de ses classiques tirés de God Luck and Good Speed, dont le titre éponyme achève définitivement la fosse berlinoise. « Vous voulez un titre de plus », questionne Dixie avec sa voix caverneuse qui pourrait faire passer Chabal pour un ado pré pubère. Le public répond par l’affirmative, évidemment. « Vous voulez dix chansons de plus ? », rajoute le frontman. « Eh bien venez nous voir demain à Londres motherfuckers ». Voir une fois Weedeater c’est sympa mais on ne va pas en abuser.
On quitte le site en faisant un crochet par l’after party avant de profiter d’une bonne nuit de sommeil (pour certains de l’équipe seulement…) et rêver de cette première journée qui a tenu toutes ses promesses.
[A SUIVRE…]
Chris, Laurent & TO)))M
(Photos : Laurent & Chris)
**** NOTRE LIVE REPORT EN VIDEO DU JOUR 1 : ****
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