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Doomed Gatherings, Hull, Inter Arma, Elder, Windhand, 18 avril 2014, Glazart, Paris, France

Dans la grande famille du stoner, je demande l’oncle Stoned Gatherings ! Les Stoned Gatherings c’est un  peu notre super tonton à nous ! Celui qui nous permet de voir des groupes que l’on n’aurait jamais espéré croiser sur le sol français. Celui qui nous pousse à découvrir des groupes dont on n’avait jamais entendu parler. Celui qui s’investit à fond pour que l’on puisse toutes et tous, ces petits neveux et nièces, en profiter de manière régulière et abordable. En un mot comme en cent les Stoned Gatherings font vivre la famille et ce soir au menu : du doom. Première soirée des « Doomed Gatherings » qui prirent place en ce week-end pascal de 2014 au Glazart.
Intitulée « Doom Heaviness », l’affiche s’annonce prometteuse (comme toujours quand tonton est à la barre) avec quatre groupes au compteur tous réunis pour une date unique en France. Ca fait plaisir. C’est devant un bon burger que déjà quelques bruits courts que nos invités du soir sont arrivés avec quelque peu de retard. Ce qui explique le délai d’ouverture des portes et de début des concerts. Rien qui n’empêchera finalement le bon déroulement de la soirée.
Hull ouvre les festivités. Hull c’est quatre gaillards tout droit venus de Brooklyn et qui ne font pas dans la dentelle. Le terme « doom heaviness » leurs colle à ravir. Ça envoie effectivement du lourd, son massif, riffs tout aussi costauds et chant guttural pour la plus grande partie. Pour la plus grande partie parce que le chant se partage chez Hull et si deux des comparses sont franchement dans l’écorché, le troisième larron est plus clair. Autant sur album le chant peut faire ressortir des harmonies vocales, en live ça dépote avant tout. Musicalement les chansons sont riches, les passages doom groovy font parfois place à du sludge pure crasse qui peut nous dégueuler un riff plus métal pour dégraisser l’ensemble. C’est du post-sluge-doom-core en quelques sortes. Comme l’hydre à plusieurs têtes, Hull nous écrase vite fait, bien fait. Une bonne découverte en pré-écoute d’avant concert, le live ne leurs a pas rendu justice sur la subtilité dont ils peuvent savoir faire preuve sur album. Ils ont misé sur l’efficace et le rentre dedans, c’est gagné.
Inter Arma prend le relai. A voir l’acharnement du batteur à bien faire consumer son encens, une certaine atmosphère semble vouloir être installée. Verdict : ça sentait bon l’encens mais musicalement ce n’est pas ma tasse de thé. Inter Arma c’est un chanteur possédé, ou en tout cas qui fait comme si, deux guitares, une basse et un batteur possédé aussi mais dans le sens qui ne laisse pas une minute de répit à ses fûts. Le ptit gars ne chôme pas et sort vraiment du lot. Pour le reste en live ça sonne comme du black à petits relents de doom. Autant sur album les passages black sont contrebalancés par des passages plus atmosphériques, avec un chant moins présent pour justement laisser planer, là en live c’était concrètement très (trop) orienté là-dessus pour me chatoyer. Voix hurlé, simili-blast etc. certainement que 30 minutes ne permettent pas à ces messieurs de développer toute leur richesse progressive, dommage.

Enfin Elder entre scène. Le groupe que tout le monde adore et attend mais qui ne passe que trop trop rarement par chez nous. Merci tonton ! Les premières notes résonnent et la foule est conquise. Ca groove entre le batteur et le bassiste. Belle assise rythmique pour laisser la guitare aller et venir entre riffs pachydermiques et envolés solitaires. Les trois de Boston ont la banane. De toutes évidences ravis d’être là, ils vont nous dérouler leur setlist psychédélistonedoomique à faire headbanguer les morts. Le chant n’est pas la force du trio, on le sait, en live ça s’entend mais on n’est pas venu pour ça non plus. On est dans la frange mélodique de la soirée. Ça paraît bien léger après les deux précédents combos mais c’est tellement efficace. Le son fait honneur à toute la richesse des riffs et des solos ainsi qu’aux lignes de basses voyageuses. Tout paraît fluide entre eux. La complexité des morceaux à tiroirs, dont ils connaissent le secret, coule de source. Passage « dans ta face », solo psyché, pose le groove, envoie la sauce, passe la troisième, freine, mets nous un petit coup de mélodie. Etc. etc. Bref tout le monde jubile. Ca passe bien trop vite. Le temps semblait s’être suspendu et en même temps filer vitesse grand V. Des shows comme ça pourrait durer plus longtemps qu’on ne serait toujours pas rassasier de cette lourde classe qu’est la leur.
Après cette démonstration signée Elder, Windhand vient clore une soirée déjà bien riche. En provenance de Richmond, Virginie, le quintet mené par la voix de Dorthia Cottrell est un peu la sensation doom du moment. Seul groupe du soir à jouer du doom « classique » comme les maîtres du genre l’ont précédemment défini, Windhand se démarque par ce chant habité, presque lointain. En live l’impression reste identique. Le risque à personnifier ce genre de voix est de démystifier l’ensemble, mais la discrétion derrière le micro est de mise. Un petit merci à l’occasion, un petit headbanging au ralenti et souvent dos au public, Dorthia nous fait nous tourner vers ses collègues de lourdeur. L’innocence du chant est complètement débauchée par la roublardise dont fait preuve la musique. Les riffs sont bons, l’ensemble est carré et bien rôdé pour laisser la magie opérer. Ce n’est pas l’originalité des arrangements ni des mélodies qu’il faut venir chercher, mais l’essence même de cette musique qui nous est chère. Riffs et solos classes par leurs apparentes simplicités, section rythmique présente, son saturé et crade comme il se doit pour nous envoûter. Et envoutée l’audience l’est. De la première à la dernière note, la barque descend paisiblement le court du Styx et nous sourions tous béat des jolies enluminures qui décorent notre moyen de locomotion. Frustration encore de voir le set se finir si vite malgré une chanson en rappel, Windhand met les pieds dans la cour des grands en toute simplicité.
Quatre groupes qui s’enchaînent à cette vitesse c’est limite trop. Moins de groupe pour plus de temps de jeu aurait peut être permis à tout le monde d’offrir tout ce qu’il a à donner. On chipote Tonton. On revient quand tu veux, on te fait confiance.

Ain’t One