Grasse semaine. Après Red Fang et Eyehategod, troisième concert d’affilée, cette fois au Blogg et gratuit. Il me tardait de découvrir l’endroit et voir les parisiens Dot Legacy confirmer la qualité de leur premier album en live, saupoudrés de deux groupes locaux.
Alors ? Y’avait-il de la bière ? Réponse sans images :
SORENSEN :
C’est 20h30, deux p’tits jeunes qui doivent pas trop être habitués aux mauvaises notes, amis de longue date et heureux profiteurs d’un double désistement prennent place pour ouvrir la soirée et c’est parti pour un duo guitare/batterie des familles !
Direct ça sonne, ça joue bien, les morceaux sont plutôt bien construits, alambiqués mais pas trop pour rentrer dedans. Selon les plans distillés on navigue entre riffs couillus, mélodies chiadées mais pas à chier et arrangements travaillés bien sentis.
Mon collègue (bassiste) me glisse, ou plutôt me braille dans l’oreillette qu’il manque quelque chose et ira leur proposer ses services après leur set, apprenant que le line-up n’est pas fixé et qu’il y a des (grosses) cordes en plus sur l’enregistrement. Effectivement le spectre sonore mériterait d’être un brin plus rempli mais avec un son de gratte gonflé et retravaillé on sent que la formule pourrait fonctionner à merveille tant ces deux-là semblent se connaître par cœur.
Sacrément prometteurs donc, malgré quelques rares imprécisions et un manque de conviction (dixit Arthur le batteur) sur les interventions de Martin entre les morceaux. On leur pardonnera volontiers ces petits détails, les potes et les autres applaudiront de plus en plus chaleureusement leur prestation, ponctuée par un forcément efficace Twenty de “Si-tu-sais-pas-qui-tu-t’es-planté-de-site”. Bière.
GOATFATHER :
Changement de cours de récré avec Papa Chèvre, second groupe local d’une soirée assez pauvre en son clair. On passe de deux à cinq sur la sympathique scène du Blogg, du coup devenue plutôt exigüe, en particulier pour l’immense et jovial chanteur, ainsi que pour le pauvre bassiste qui se retrouvera planqué derrière un des deux gratteux tout le long du concert.
Le set démarre à sec, les nuques se meuvent machinalement et les pieds tapinent tous seuls. Ouep, Goatfather c’est du stoner burné et rock ‘n’ roll à souhait, pas franchement original mais franchement efficace. Chaque compo est une “vraie” chanson avec son lot de riffs difficilement résistibles, ses paroles parlant des trucs qu’on aime bien ou qu’on aime pas, ses breaks parfois convenus et ses solos
qui mériteraient d’apporter un peu plus aux morceaux à mon goût, ça viendra j’en doute pas !
Le tryptique grattes-basse forme un ensemble compact, les trois compères-chèvre jouant assez souvent la même chose, le cogneur quant à lui donne pas mal le ton, avec des coups de cowbell par ci par là. Bière, flasques de whiskey pour les zikos.
Une reprise de Viking Skull annonce bientôt la fin, on sent les zikos concentrés et pas encore complètement à l’aise sur scène, alors le frontman, terme trop rarement utilisable, fait le show. Présence, voix frelatée, humour et Goat-Pro, un crâne de bouc affublé d’une caméra dont Olaf le bien-nommé se servira pour arpenter le public qui finira avec un grand sourire aux lèvres. Bière.
DOT LEGACY :
Le sourire aux lèvres, les quatre capitaleux de Dot Legacy l’auront tout au long de leur set mais au vu du matériel qu’ils utilisent, sont clairement pas venu enfiler des perles… Ah ben si en fait, mais des perles de leur premier et très bon album mélangeant avec brio musique du désert à des passages planants, hip-hop ou encore surf (!!), le tout enrobé d’un travail de voix (auquel tout le monde participe, parfois à capella, en espagnol et/ou en canon) à couper le souffle et une mise en son quasi parfaite ; attends, ça s’appelle pas la claque ça ?
Les mecs ont de la bouteille, sont clairement là pour en découdre et ça se confirme dès les premiers accords, chacun est à fond et maîtrise pour le moins son sujet, ça bouge de partout même le batteur ne tient pas en place et se lève à la moindre occasion, bref ça envoie. Un peu trop d’ailleurs, le sonomètre est dans le rouge et le groupe devra se baisser, mais juste un poil, faut pas déconner.
Damien, bassiste/chanteur, utilise un deuxième micro pour moduler son chant juste et inspiré, le saturant ainsi sur certains passages, nous délectant dans le même temps d’un jeu de basse fourni, varié et parfaitement audible, Arnaud le gratteux bondissant ne prend même pas le temps de poser sa six cordes pour balancer un peu de clavier de temps à autres et John de l’autre côté termine de remplir l’espace, complet, à l’aide de gros riffs ou d’effets du plus bel… effet.
Tiens, c’est presque la fin et je remarque seulement que la salle s’est honteusement vidée, comme partout apparemment une fois que les potes ont joué on se casse…
Tant pis pour eux Félix, chef d’orchestre, qui visiblement n’aime vraiment pas trop être caché derrière sa batterie, est loin d’être en reste avec son jeu tantôt subtil tantôt bourrin, ses grimaces et son corps d’éphèbe qui suscite une certaine jalousie de ses camarades, vu qu’il sera sujet à quolibets en fin de show (c’est le mot), entrecoupés d’un gros riff en guise de censure. Devant moi deux mecs (de l’équipe desert-rock) prennent leurs pieds comme des adolescentes, mais barbues, bière(s).
Ce premier concert au Blogg aura été une première claque et de premières bonnes découvertes locales, espérons-en d’autres bientôt !
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