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EYEHATEGOD + DOPETHRONE + P.O.R.C. – 18/08/2019 – Paris (Glazart)

(Attention la phrase qui suit est la plus longue jamais écrite par l’auteur, ce dernier n’ayant pas les qualités littéraires suffisantes pour l’aérer avec une ponctuation adéquate. Merci de prendre un peu d’élan avant de la lire).

De retour de vacances, beaux frais et halés pour certains, encore gris du labeur estival pour d’autre, parfois de retour de quelques festivals (OM en Suisse au Palp festival, tout juste revenus du Metal Mean ou du Motocultor) pour les plus chanceux, la faune parisienne (et un peu plus), s’est donnée rendez-vous pour la plus boueuse des dates de l’année, le plateau sludge XXL qui sillonne l’Europe : EyeHateGod et Dopethrone, de nouveaux réunis à Paris un an après avoir livré une guérilla urbaine légendaire rue Jean Pierre Timbaud. (C’est bon respirez, allez y). Mais c’est tout d’abord à Putrefaction of Rotting Corpes (dit P.O.R.C. pour d’évidentes raisons charcutières) d’ouvrir les hostilités. Et « hostile » n’est pas un vain maux : P.O.R.C. se présente tee shirt de Canibal Corpse saillant sur fond d’extrait de Snatch (si si la recette porcine pour se débarrasser de quasiment un corps humain entier, sauf les dents, inoubliable) et délivre un grind/death putride, lourdingue, sludgy qui frappe sourdement et lacère les vicaires. Le public présent est en plein trip(es) et applaudît chaleureusement l’opération. Bravo.

Dopethrone vient ensuite et l’on sent immédiatement que Vincent Houde, guitariste et vocaliste du groupe n’est pas dans son assiette (de poutine, Canada oblige). Pâle comme tout, ce dernier n’a pourtant rien perdu de son plaisir à attaquer ses cordes de guitares et le sludge du groupe roule sur les crânes dans la fosse. Il est heureusement soutenu dans sa tâche de brailleur par l’impressionnante Julie, désormais intégrée au groupe, dont le visage entièrement tatoué a de quoi sidérer le chaland. Cette dernière s’époumone et happe l’assistance, vocifère ses souffrances tandis que le groupe la supporte à grand coup de boue. Le public, hétéroclite (une belle proportion de femmes, des gens de tous les genres, de toutes les couleurs, un golgoth et même un fauteuil roulant pour organiser le pogo) a du répondant et le concert revêt de jolis pourtours de folie furieuses sur « Scum Fuck Blues », l’hymne du groupe, chanté à trois voix avec l’apport de Sam Kun, chanteur de Welcome X (et mon pote aussi hein, et mon pote il crie plutôt bien dans le micro quand on lui en met un sous le nez). Le public semble comblé même si les habitués du groupe savent que les canadiens sont capables de faire bien plus anarchique lorsque le groupe est en pleine possession de ses moyens.

EyeHateGod prend la suite à 22h passée et n’est pas venu pour faire de quartiers. Le groupe reprend possession d’une salle, Glazart, qu’ils avaient atomisé en 2015 lors d’un concert épique, joué tard (car arrivé tard sur les lieux) dans une ambiance plus punk que jamais. Passé à une seule guitare depuis le départ l’an passé de Brian Patton, le gang sait qu’il peut se reposer sur Jimmy Bower (amaigri, en belle forme, s’étant peint avec malice des croix inversés au stylo sur les joues) et le set du groupe sera heavy comme jamais. Hardcore même. En 2015 le groupe avait livré une prestation pleine de hargne et de violence, sur le fil du rasoir, en 2018 le set dans la rue pour la défaite de la musique était l’expression musicale du chaos et il était impossible que le concert de ce soir ait la même portée extra musicale. EyeHateGod a donc opté pour un groove du bayou et une maitrise de tous les instants. Que ce soit lors des imparables moments de gloire que sont « New Orleans In The New Vietnam » ou « Sister Fucker » (introduit par Mike Williams de la meilleure des façons : « This is a song about fucking his sister »), ou le nouveau titre dévoilé lors du set, les morceaux du quatuor font mouche et le public devient complètement dingue à mesure que les riffs s’enchainent.

Une fois le set terminé, chacun récupère ses affaires (« quelqu’un aurait vu mon portefeuille ? », lance un jeune homme avec son tee shirt Napalm Death, « quelqu’un aurait vu mes dents ? », surenchérit un mec hilare) et boit une dernière bière, se remémorant les venues du groupe dans la capitale sans jamais avoir le souvenir d’avoir été déçu. La marque des grands.