Dans le cadre de leur « World Tour 2018 » les pionniers du stoner rock Fu Manchu défendent leur dernier album sorti cette année, Clone Of The Universe, en se baladant un peu partout. Ils posaient leurs bagages le 2 mars dernier à Paris, et on ne pouvait évidemment pas rater ça. Avant de parler du concert en lui-même, il est important de revenir sur son organisation.
L’événement a été très peu/mal relayé sur les réseaux sociaux et n’a bénéficié – quasiment – d’aucune promo. Pas même un p’tit event sur facebook. Nous ne sommes pas particulièrement pour une utilisation obsessionnelle des réseaux sociaux mais le fait est que Facebook est devenu l’un des plus gros outils de promotion de concert, cela nous semble donc étrange de ne pas y créer une page pour l’événement.
Heureusement, desert-rock réunissant une ribambelle de recrues aussi consciencieuses que professionnelles, nous avons créé nous même un event sur facebook. Pour vous donner une idée du bordel, certaines personnes se demandaient sur cette même page si l’annonce du concert n’était en fait pas un fake… Autre détail croustillant, une bonne âme a publié le jour même l’heure de passage des groupes, après avoir appelé elle même le Trabendo. Je dis « les groupes », car oui, il y a une première partie. Laquelle ? A 12 heures du concert, on ne sait toujours pas, et il semblerait que les « organisateurs » (les guillemets ont beaucoup d’importance) non plus.
Vite, faudrait p’tete trouver quelqu’un non ? Allez, qui est dispo et pas très loin ? Plouf Plouf… Red Diesel ? Y f’ra bien l’affaire !
Nous n’aurons pas l’occasion de les voir ce soir mais pour ceux que ça intéresse ce groupe de la région parisienne officie dans un registre rock’n’roll ambiance hardoss.
Aussi bizarre que cela puisse paraître après ce que j’ai dit plus haut, la salle est pleine à craquer et le concert se joue à guichet fermé. La notoriété du groupe aura eu raison de la com catastrophique.
Après une courte intro instrumentale en guise de préchauffe, le riff matraquant de “Clone Of the Universe” ouvre le set des californiens. La recette de Fu Manchu est simple : un son bien rôdé, une voix reconnaissable entre mille, et beaucoup de riffs aussi efficaces qu’entêtants. Quand on parle du son de Fu Manchu, on pense à toutes sortes d’effets cosmiques type phaser, flanger, mais surtout à cette bonne vieille wah wah du début d'”Evil Eye”, deuxième morceau du concert qui commence sérieusement à chauffer la fosse. En deux morceaux, Fu Manchu passe de son dernier album au cultissime The Action Is… Go sorti en 1997 (et déjà le quatrième album du groupe à l’époque) et ratiboise ainsi une carrière approchant bientôt les 25 ans (et ce si l’on se base uniquement sur les sorties d’albums, puisque la toute première formation du groupe remonte à… 1985 !). Peu de groupes de cette scène peuvent se vanter d’une telle longévité. On se rend aussi compte que le groupe actuel n’est musicalement pas trop éloigné de ses débuts : certains parleront d’intégrité, d’autres de linéarité…
Fu Manchu continue de piocher dans ses 12 albums et enchaîne avec “Eatin’ Dust”, “Hell On Wheels” ou encore “California Crossing”. Sur scène, l’énergie de Scott Hill nous fait oublier les années. Sa longue crinière blonde se balance au gré des riffs teintés de soleil californien et de Budweiser canette, posé en Levis 501 dans le skate park du hood. Le groupe enchaine ses titres avec une aisance assez bluffante, rien ne dépasse du cadre, pas un pet de travers, nada. Le batteur Scott Reeder (parfait homonyme du bassiste de Kyuss !) n’a pas l’air essoufflé une seconde malgré une puissance de frappe phénoménale. Les premiers slams démarrent sur “Dimension Shifter”, le public est totalement conquis, rien d’étonnant. “Il Mostro Atomico” vient cloturer le set ; ce morceau de 18 minutes issu du dernier album constitue une sorte d’ovni dans la discographie du groupe, privilégiant habituellement l’efficacité d’une frappe directe et concise de moins de 4 minutes.
Mais le public est bien trop échauffé pour laisser filer les californiens comme ça : à la demande générale, Fu Manchu revient pour un dernier rappel. Scott Hill s’adresse au public et demande quels morceaux il souhaiterait entendre. Après un brouhaha général qui ne l’aidera guère, son choix se fixe sur “Boogie Van” et “Saturn 3”. Cette fois-ci, c’est la fin.
Une soirée qui confirmera le statut de patron du stoner des californiens. Absolument tout était réuni : l’énergie, le son et le professionnalisme. On ne peut pas vraiment dire la même chose des organisateurs… Heureusement qu’il existe une communauté de fans dévoués pour finir le boulot.
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