Quand Gozu a annoncé une tournée européenne pour le mois d’octobre, on les voyait déjà à l’affiche du Desertfest d’Anvers. Que nenni ! Direction Liège en ce samedi soir pour pouvoir apprécier, pour la première fois en chair et en os en ce qui me concerne, le groupe de Boston dont le Revival est sorti il y a peu.
Les Mølk montent sur la minuscule scène de la zone peu avant 21H00. Le quatuor n’a pas besoin de jouer la moindre note pour que l’on comprenne que la partie est gagnée d’avance pour eux : ils jouent en effet à domicile et comptent de nombreuses connaissances dans la salle déjà bien pleine. Bien en place, le groupe fait le job et balance des bûches (« Smoke », « Methamphetamine ») pour échauffer le public avant la suite des festivités. Suite qui, d’ailleurs, ne s’y trompera pas puisque Doug Sherman viendra headbanger discrètement dans la salle aux trois quarts du set des liégeois, bientôt suivi par son compère Mark Gaffney (moins discret vu son gabarit). Lorsque les lumières se rallument, ce dernier ira même féliciter le jeune groupe pour leur prestation.
S’ensuit alors le classique ballet du démontage/remontage de matos avant la prise de pouvoir de Holy Grove. Le gang de Portland, emmené par sa charismatique chanteuse Andrea Vidal, va dérouler un show d’une excellente qualité tandis que Gaff n’a pas bougé d’un centimètre et regarde le set appuyé tranquillement contre un ampli au premier rang tout en sirotant sa Jupi. Emprunt d’une grosse dose de blues, la musique des américains ne laisse pas indifférent, tout comme la bonhomie de sa frontwoman. Ayant découvert un peu plus tôt la spécialité du cru (la mitraillette ak(-47)a « the machine-gun sandwich »), les américains font feu de tout bois et écrasent tout sur leur passage, notamment avec l’excellent « Caravan ». Visiblement très content d’être sur le vieux continent, le groupe joue totalement décomplexé et mise sur le contraste douceur/brutalité. Les barbus gratteux Trent et Gregg tiennent la baraque et envoient du lourd, gras et fuzz. Pendant ce temps là, Andrea, telle une sirène stoner moderne, le visage caché par sa noire crinière, séduit le public avec son timbre heavy rock puissant et envoûtant. L’ambitieux « Nix » réussira à lui seul à rallier de nouveaux supporters à la cause de Holy Grove. Les américains vendront de fait une tripotée de CDs juste après leur set. Le combo de Portland est assurément un groupe à suivre de très près.
Également rassasiés par les mitraillettes, c’est avec des munitions plein les poches que les quatre de Gozu débarquent sur scène. Et il ne faut pas attendre plus de deux secondes avant qu’ils ne commencent à vider leur « Meat Charge(u)r ». Un constat s’impose d’emblée : le Gozu live n’a rien a envier au Gozu sur skeud et le « Bubble Time » qui suit détournera du bar et de la pause cigarette tous ceux qui s’étaient éloignés de la scène.
Le groupe pioche dans ses trois albums et varie les plaisirs en alternant des morceaux au groove ravageur (« Disco Related Injury », « By Mennen ») et les grosses tueries rentre-dedans (« Nature boy », « Meth Cowboy »). Au programme : « Jan-Michael Vincent » (hymne à l’acteur de supercopter) et son intro de basse identifiable entre mille. Après les quelques falsettos qui émaillent le titre, Gaffney s’appliquera à matraquer nos nuques avec le brutal riff final du morceau tout en se déhanchant lascivement avec sa guitare. Effet garanti.
La jeune paire rythmique Grotto/Hubbard groove remarquablement bien dans l’ombre du géant Gaffney, monolithiquement planté au milieu de la scène. Quant à Doug Sherman, il assure le show. Guitare portée très haute sur son T-shirt Death et tête oscillante, notre bonhomme bouge d’avant en arrière, de gauche à droite, en aspergeant de sa sueur amplis, setlist et spectateurs installés au premier rang et en rameutant les spectateurs qu’il juge un poil trop éloignés de la scène.
Autre morceau, autre claque : « Irish Dart Fight » débute par les légers cliquetis de baguettes d’Hubbard tandis que Gaffney se lance dans cette distinctive entame a cappella. Non content de posséder une des voix les plus sexy de la planète stoner, le géant barbu a également la chance d’avoir à sa droite un virtuose du solo en la personne de Sherman. Le gratteux apporte la touche finale à cette bombe live grâce à son toucher hors du commun. Ravi de l’ambiance qui règne dans la Zone, le groupe réclamera d’autres bières avant de jouer les prolongations. Ils dégainent alors l’arme fatale pour tirer une dernière cartouche, non prévue sur la setlist : « Tin Chicken ». Le morceau le plus complexe de Revival permet une dernière fois à Gaffney de démontrer l’étendue de ses possibilités vocales et vient clôturer en douceur une prestation éreintante.
En un peu plus d’une heure, avec un set composé de plus de la moitié de son catalogue, Gozu a fait des dégâts sur son passage. Pas de victimes collatérales ce soir mais très certainement de nouveaux adeptes de leur stoner unique et décalé.
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