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GRAND PARIS SLUDGE (Eyehategod, Monkey3, Witchthroat Serpent, Maudits., The Machine..) – 26 & 27/04/2024 – Savigny le Temple (L’Empreinte)

 

Et si le temps d’un week-end la capitale française de la scène Sludge et stoner se trouvait au milieu de la Seine-et-Marne à Savigny le Temple ? Question pas évidente, car il est déjà difficile de faire bouger les masses dans Paris, alors en dehors… et pourtant ce fut un pari gagné par Garmonbozia l’an dernier avec le festival du Grand Paris Sludge.  Avec la même volonté d’allier la crasse et la fuzz, le festival était de retour ce week-end avec la même formule deux jours axés sur Eyehategod et Monkey3.

Le festival se tient de nouveau dans la salle de l’Empreinte, à Savigny le Temple donc, et malgré la faible distance relativement compliquée à réaliser en transport (merci le RER D et ses travaux aussi long qu’un morceau de Bell Witch), impossible de faire le même constat que Iro22 qui avait chroniqué la précédente édition… L’endroit est parfait pour accueillir ce type d’événement ! La scène principale est une très belle enceinte avec un son impeccable. La seconde scène, au premier abord remisée derrière le bar dans un genre d’espace club, est en fait tout aussi qualitative niveau son et suffisamment grande pour accueillir le public prévu. A cela s’ajoute un espace extérieur très agréable, divers écrans pour suivre les concerts depuis l’extérieur des salles et un cadre naturel vraiment chouette. Bref le site est idéal, la programmation alléchante et l’organisation/sécurité au top malgré un décor marécageux involontaire dans la fosse de la grande scène ! 

 

 


Vendredi 26 Avril

 

Il fallait presque poser un cierge auprès de St Christophe pour espérer arriver sans encombre à la gare de Savigny le Temple avant le début des hostilités à 19h20. Succès déverrouillé puisque j’arrive pile à temps pour voir Apostle of Solitude démarrer son set sur la scène principale. Ne connaissant pas cette bande de lents américains, leur doom traditionnel me parait assez conventionnel aux premiers abords, mais est suffisamment bien ficelé et mis en valeur par la qualité de son de la salle pour rapidement m’envoûter. Les morceaux sont pesants, on commence à prendre racine, mais quelques riffs viennent pimenter le doom des américains et nous échauffer la nuque. 

Apostle of Solitude

 

On file sur la scène du Club pour les français Clegane et autant vous dire que l’échauffement de la nuque a été salvateur vu l’avalanche de bûche que l’on a mangé. Le trio est déchaîné et aplatit la foule avec son doom massif et lugubre. Les premiers rangs bénéficient en bonus d’une session massage à la vibration de basse, que demander de plus ! Le guitariste aura beau essayer de nous amadouer avec une chanson d’amour, c’est bien un portail vers l’enfer qui a été ouvert dans le Club.

 

Parenthèse de douceur, ou presque, dans une journée de brute, c’est ensuite The Machine qui investit la grande scène. Pour les avoir enfin vu l’an dernier au Glazart en ouverture de King Buffalo, le trio néerlandais est dans la même forme olympique et nous envoie dans l’espace pendant une heure. Leur mélange de stoner, de grunge et de shoegaze est toujours aussi efficace et maîtrisé. Par moments à la limite du jam, le groupe nous emmène loin et nous fait perdre la notion du temps. Le plaisir est complet !

The Machine

 

La brèche infernale ouverte par Clegane plus tôt semble avoir fait entrer un démon visqueux, c’est l’heure de Witchthroat Serpent ! Fan de leur dernier album Trove of oddities at the devil’s driveway, la tornade stoner hollandaise précédente m’aura un peu désorientée et c’est malheureusement de dehors que je vois les toulousains. Mais même à l’air frais, impossible de passer à côté de cette ambiance malfaisante qui remplit la salle de ces riffs étouffants. Rien à redire, la roue n’est pas réinventée mais c’est tellement bien fait que le public à bien raison d’en redemander.

 

La soirée s’achève avec les patrons de Eyehategod mais comment vous dire… j’ai toujours eu du mal à apprécier ce groupe. Pas de chance pour se rabibocher, les derniers bus de nuit partent et il me faut plier bagage pour pouvoir rentrer tranquillement dans ma caverne. Vraiment désolé pour ce climax raté, cependant les échos du lendemain étaient très élogieux donc que voulez-vous que je vous dise, fallait venir au Grand Paris Sludge !


Samedi 27 Avril

 

De nouveau frais et parés pour l’aventure, c’est avec le cœur rempli par la joie de voir (enfin !) Monkey3 que je m’aventure de nouveau à l’Empreinte pour ce second jour ! Patience cependant car, pour ma part, il y a beaucoup de découvertes à faire sur cette seconde journée

Ce sont les français de One Shot qui ouvrent cette seconde journée sur la grande scène. Enfanté par des musiciens de Magma, le groupe plonge profondément dans des jams jazzrock à faire perdre de nouveau la notion du temps. Surprise cependant, pour les initiés en tout cas, le groupe doit faire face à l’absence de son guitariste et joue pour la première fois en trio. Mais même à trois, One Shot nous emmène en exploration dans leur univers musical et m’embarque complètement, notamment avec quelques ambiances et notes de synthé me faisant penser à de vieux jeux vidéos 8 bit. 

One Shot

 

Parfait démarrage pour cette journée à la programmation plus éthérée. Cependant, qu’il est dur d’enchainer avec le doom sabbathien, mais pas que, de Witchorious. Il me faut quelques morceaux pour pleinement apprécier le doom des parisiens et un supplémentaire pour constater que les malins ont caché pas mal de références sous ce vernis couleur Black Sabbath / Electric Wizard. Le chant plus hurlé du guitariste et quelques riffs bien sombres amènent une atmosphère plus désespérée et violente tandis que les parties chantées par la bassiste nous ramènent plutôt dans un trip bluesy morose. Le mélange des deux donnant au final une palette très agréable et bien plus nuancée que l’impression de départ.

 

La soirée se poursuit avec les américains de Cloakroom. Difficile de situer ce groupe musicalement jusqu’à voir une description sur internet qualifiant leur musique de “stoner emo”. La formule a de quoi faire hurler mais est au final assez proche des émotions transmises par Cloakroom. On oscille ici entre un stoner doom épais mais flâneur et un rock influencé 90’s à tendance mélancolique. A cela s’ajoute une légère ambiance désertique plutôt moelleuse qui fait que l’on se sent très bien dans la grande salle. 

Cloakroom

 

Les français de Maudits viennent clore les concerts du Club et malgré l’envie de découverte, il faut aussi penser à se nourrir et c’est donc depuis le Food Truck que je suis cet avant dernier concert. Le peu que j’ai pu entendre de près était toutefois intéressant, et la foule ne s’est pas trompé en se massant devant eux. Très bonne découverte en rentrant avec leur dernier album, le rendez-vous est pris pour leur prochaine date parisienne ! 

 

Il était important de se nourrir car la soirée, et ce Grand Paris Sludge deuxième du nom, se termine par un grand voyage dans l’espace, un vrai de vrai ! Difficile de ne pas attendre de pied ferme les suisses Monkey3 après la sortie fin février de leur dernier album Welcome to The Machine. Et dès le départ, le groupe nous offre le titre floydien “Ignition” ! Le trip instrumental cosmique de Monkey3 est tout bonnement éblouissant en concert. Encore une fois, 1 heure, 2 heures… difficile de dire combien de temps a duré cet excellent moment. Que ce fut compliqué de devoir partir un morceau avant la fin pour aller attraper le dernier RER, qui en plus va moins vite et moins loin que la fusée suisse… 

 

Difficile de résumer autrement cette seconde édition du Grand Paris Sludge qu’avec le mot Plaisir ! L’ambiance générale me rappelle les Stoned Gatherings au Glazart, ce qui en soit est un gros compliment tant ces évènements ont pu marquer. Autre satisfaction plus chauvine, la présence massive (comme sur la première édition) de groupes français à l’affiche. Preuve à nouveau que la scène française est d’une diversité passionnante ! Si par hasard vous n’avez pu ou hésitez à venir, déjà n’ayez crainte la Seine-et-Marne c’est cool, et le Doom Dad a suivi et commenté l’intégralité du festival. Allez donc sur ses lives youtube ci-dessous, et on se donne rendez-vous l’année prochaine, en croisant fort les doigts pour que ce festival puisse nous proposer une troisième édition !

 


Jour 1 :

 

Jour 2 :