HELLFEST 2018 – Jour 2 (Neurosis, Dead Cross, Orange Goblin, 1000Mods,…) – 23/06/2018 – Clisson

Encore une fois un soleil radieux accueille nos premiers pas matinaux à Clisson, sans un nuage à l’horizon. Encore une superbe journée qui s’annonce… La programmation du jour est atypique, mélangeant certains des meilleurs groupes en exercice dans notre genre de prédilection à d’autres artistes plus atypiques, des curiosités propices aux découvertes pour les plus curieux (et aux pauses bouffe/bières pour d’autres). Dans tous les cas, il y a de quoi se faire plaisir, à confirmer…

 

BLACK RAINBOWS

En terme de valeur sûre, Black Rainbows se pose là. Solide d’une grosse poignées d’albums sans faux pas et d’une expérience live toujours convaincante, leur restait juste à confirmer sur une grande scène. On n’était pas tant inquiet, et les premiers accords du gros « Evil Snake » (très bien) choisi en intro, servi dès le début par un gros son, mettent l’assistance d’accord. La tente, encore peu fournie en cette toujours difficile matinée du 2ème jour, apprécie les gros riffs fuzzés de l’équipe de Gabriele Fiori. Professionnel et malin, le trio transalpin a choisi une set list punchy, servie par une exécution nerveuse et sans bavure. On notera le superbe « Grindstone » aux relents space rock acérés, avant une conclusion par « The Hunter », l’un de leurs classiques, dont le gros riff aura fait quelques victimes consentantes dans les nuques des premiers rangs. Impeccable set, et impeccable lancement pour une riche journée.

Set list : Evil Snake/Riding Fast Till The End Of Time/The Prophet/High To Hell/Grindstone/The Hunter

 

 

MONOLORD

Depuis leur premier album en 2014, Monolord n’a eu de cesse de lustrer son manche jusqu’à réussir à se faire une place de choix dans la scène stoner/doom. Avec 3 albums ayant toujours fait l’unanimité auprès des amateurs du genre, les suédois sont désormais une valeur sûre et comptent bien nous le démontrer aujourd’hui. Le bassiste Mika balance sa basse autour de lui au rythme assommant des compositions majestueusement lourdes, en grande partie grâce à Esben, batteur à la puissance extraordinaire. La voix spectrale du chanteur et guitariste Thomas, bourré de delay et d’écho, semble venir d’un univers parallèle et fait voguer le groupe sur les rives embrumées du Styx. Le son est impeccable, l’exécution est magistrale. « Rust » et son intro à l’orgue parfaitement génial finit de nous plonger dans l’ambiance, et un long « Empress Rising » nous jette le sortilège final. Monolord s’impose définitivement comme une nouvelle valeur sûre.

Set list : Lord Of Suffering/Rust/Empress Rising

 

 

JESSICA93

« Salut, on est Jessica93 et on vient du 7-5 ». Tout ce groupe semble être construit sur un énorme troll et une volonté de ne pas se prendre au sérieux. L’attitude nonchalante des deux membres (dont un batteur faisant à moitié de la figuration, puisque toutes les batteries sont samplées : le bonhomme lance le sample en début de morceau puis s’occupe ensuite comme il peut sur ses fûts) suffirait à nous convaincre. Pourtant, la musique du groupe n’a rien de risible. Geoffroy Laporte, le membre à l’origine du groupe, gère tout seul la basse et la guitare de chacun des morceaux à l’aide d’une pédale loop, pour des morceaux à l’ambiance shoegaze et cold wave, rappelant parfois les Cure ou bien Placebo quand le monsieur se met à chanter. Une curiosité loin de la programmation habituelle de la Valley.

Set list : ylum/RIP In Peace/Karmic Debt/Uncertain To Me/Bedbugs/Anticafard 2000

 

 

1000MODS

L’affiche trônant au fond de la Valley et annonçant 1000MODS encadré de deux canyons ne laisse pas de place au doute. Le groupe grec formé en 2006 a depuis toujours persévéré dans la voix du desert rock le plus pur jus, hérité des saints patrons de Kyuss. Une grosse présence blues, beaucoup de soleil, du sable, de la sueur, et on est parti pour une bande son taillée pour des miles de route 66. A peine le « Above 179 » démarré, c’est une vraie déflagration que nous inflige 1000MODS. Le groupe est déchainé, la Valley est pleine à craquer, on doit avouer qu’on ne l’avait pas vraiment vu venir. « Claws » continue de déchainer les foules, le public est bouillant, battant des mains en rythme jusqu’au fin fond de la tente, enchainant slams, mosh pit, et même des circle pits ! Rare sur ce type de musique… La machine grecque apparaît inarrêtable, si bien que le groupe semble ne pas vouloir mettre un terme à ce set de folie, relançant plusieurs fois le morceau final. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et ce concert n’y a malheureusement pas fait exception. L’une des sensations de cette édition.

Set list : Above179/Claws/Electric Carve/El Rollito/Vidage/Super Van Vacation

 

 

Ho99o9

Troisième et dernière formation de la série « les chiffres et les lettres » à Clisson, le duo de hurleurs lockés et leur batteur ont mis un boulet énorme à la Valley dans un registre peu habituel. Il faut dire que la structure n’est pas réputée pour recevoir des formations actives dans la fusion electro-rap-keuponne. Avec un son énorme et une énergie communicative, le trio qui n’a que la batterie en commun avec le reste de l’affiche (ou presque), aura marqué les esprits dans la vallée du Hellfest. Ils peuvent aussi se targuer d’avoir été le groupe à balancer les – infra – basses les plus puissantes du week-end (avec des subs en limite de rupture, les premiers rangs s’en souviennent…) ! Certes éloigné de notre rigoriste ligne rédactionnelle et du champ musical affectionné par les spectateurs de cette scène du festoche, Ho99o9 aura gagné dans la bataille quelques nouveaux fans tant le public était au taquet durant leur set ravageur.

 

 

DÄLEK

Deuxième ovni de la mouvance urbaine à se produire à la Valley ce jour-là (et dernier aussi), le trio ne bénéficiera pas du même accueil que ses prédécesseurs éloignés du stoner hantant cette vallée habituellement. Les vétérans n’en sont pas à leur première incursion en terres rock, même si seule une guitare sur scène rappelle ce style, vu qu’ils ont déjà pas mal écumé les salles en compagnie de formations électriques durant leur carrière, notamment avec les regrettés Isis en Europe. Leur hip hop très sombre et parfois dissonant prend un peu de l’altitude avec l’apport de guitares live et, après le reggae distillé par Burning Heads la veille sur une autre scène, nous notons que le Hellfest sait aussi laisser des espaces à d’autres styles que le metal et ses dérivés, en ne perdant pas son public qui apprécie visiblement ces interludes (même si l’affluence présente pour le rap alternatif de Dälek n’est pas celle rencontrée habituellement sous la Valley à cette heure).

 

 

ORANGE GOBLIN

23 ans déjà que la bande de Ben Ward distribue des mandales et ne compte pas décrocher de si tôt puisqu’un nouvel album fraîchement sorti vient d’atterrir, The Wolf Bites Back. Pour le défendre, mais aussi pour simplement passer un bon moment, Orange Goblin est venu rouster la Valley comme il sait si bien le faire. Du haut de ses 2 mètres, l’entertainer Ben Ward distille la bonne parole de son gobelin heavy stoner et sait parfaitement comment faire le show : douche de crachat d’eau, provocation de la foule de part et d’autre de la scène, gestuelle 100% rock’n’roll, tout est bon pour exciter le public. La musique n’est évidemment pas en reste puisqu’en plus de ses nouveaux titres, le groupe nous gratifie de ses classiques « The Devil’s Whip », « Saruman’s Wish » et autres « Scorpionica. » Le taux de slam à la minute explose littéralement tous les records, c’est le signe indéniable que le show des anglais est réussi. Il ne manquera plus que le traditionnel « Red Tide Rising » pour clôturer le tout, pour terminer sur un sans faute.

Set list : Sons Of Salem/The Devil’s Whip/Saruman’s Wish/The Wolf Bites Back/Some You Win, Some you lose/Renegade/The Fog/The Filthy & The Few/Your World Will Hate This/They Come Back/Scorpionica/Quincy The Pigboy/Red Tide Rising

 

 

DEAD CROSS

Ça y est : la nouvelle créature fomentée par Patton et Lombardo est sur scène par ici et les épicuriens sont chaud patate pour apprécier cette débauche électrique et rythmique balancée par des techniciens hors pairs. La horde de dégénérés démarre en trombe et va aligner les titres frénétiques durant tout son temps de jeu, en se remettant d’aplomb durant les interventions entre les chansons de son entertainer de frontman. Mike Patton excelle dans cet exercice et il échangera quelques minutes (en italien surtout car le bougre n’entrave pas le français) avec un gamin qu’il a fait monter sur scène (il y a quelques années il avait fait le guignol en revêtant le t-shirt d’un membre de la sécu ici même avec le groupe qui l’a fait connaître). Cet énième projet du leader de Faith No More, très proche de Fantomas, a livré une prestation tueuse pour les cervicales des nombreux amateurs de sensations véloces tassés dans la Valley, pour une autre performance éloignée de notre style de prédilection, mais terriblement efficace. On note au passage que le batteur originel d’un des Big Four demeure impressionnant même après les années, à force de bosser son style ; d’autres devraient en prendre de la graine !

Set list : Seizure and Desist/Idiopathic/Obedience School/Shillelagh/Skin Of A Redneck/Bela Lugosi’s Dead/Divine Filth/Grave Slave/The Future Has Been Cancelled/My Perfect Prisoner/Gag Reflex/Church of the Motherfuckers

 

 

NEUROSIS

Neurosis est connu pour n’adresser aucun salut au public durant ses prestations live, comme si celui ci n’existait pas. Pour cause, les membres du groupe sont tellement investis dans leur prestation qu’ils ne voient tout simplement pas les spectateurs. Un live de Neurosis est une expérience qui dépasse celle du simple concert, plus proche d’une performance artistique d’un groupe de personnes venues déballer sur scène leurs douleurs individuelles. A l’image de ces luttes intérieures, leur musique est rugueuse, violente, parfois belle, mais surtout extrêmement sincère. Pour peu que l’on soit réceptif à ce message, assister à un concert de Neurosis frappe en plein cœur. En une heure qui passe à la vitesse de l’éclair, les américains piochent dans une discographie quasi-parfaite qui les a imposé comme maîtres absolus d’un genre dont ils sont les seuls à bord. Une expérience qui se passe de mot mais que n’importe qui doit avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Bouleversant.

Set list : Given To The Rising/End Of The Harvest/A Shadow Memory/Burn/Reach/Through Silver In Blood

 

 

 

[A SUIVRE…]

Par Caïn, Chris & Laurent

(Photos Laurent)

 

*********** Notre live report vidéo de la journée : **************

 

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