Dernier jour pour cette première partie de Hellfest 2022, déjà les jambes nous pèsent et la fatigue est bien présente, la chaleur étouffante des deux derniers jours n’a épargné personne et la matinée bien que fraiche ne nous laisse pas grande illusion sur ce qui nous attend cet après midi. Qu’importe les conditions météo, qu’importe les problèmes techniques des portiques d’entrée qui nous obligent à repasser par l’accueil, rien ne nous empêchera de vous conter ce dimanche riche de promesses.
ECSTATIC VISION
Dur de démarrer le dimanche sous une Valley dépeuplée… L’énergie brute du quatuor délivre un rock gras et psyché assez sale, d’où surnage la grosse voix éraillée limite baveuse du frontman Doug Sabolik, qui se démène sur scène avec son jeu tant à l’harmonica qu’à la guitare. Le set se poursuit avec des titres heavy psych ultra entraînants, durant lesquels les américains saisissent l’opportunité de nous délivrer une première tranche de bonheur haut perché avec l’utilisation d’instruments plutôt rarement utilisés comme le saxophone et la flûte traversière, et faire transpirer des touches jazzy percutantess.
VILE CREATURE
Sludge time ! Guitare et batterie seulement du coté instrumental, du scream et du growl pour le reste. Frontal, basique, lourd, et bien entendu sale. Heureusement que pour se différencier et sortir d’une image à première vue peu flatteuse, l’utilisation de samples et de boucles électroniques vrombissantes donne un peu plus de corps à ce trio malsain.
LYSISTRATA
Cette jeune formation française dynamique permet de faire une incartade sur la scène math rock, noise rock. Une fraîcheur bienvenue qui permet de montrer la grande diversité de la Valley.
INTER ARMA
Les américains reprennent la Valley alors qu’ils pourraient très bien servir sous la tente Temple ou même l’Altar ! Leur distribution sans concession de parpaings soniques d’une lourdeur absolue remet l’auditoire en place. Inter Arma distille des ambiances intriquées complexes avec l’élégance du pachyderme. Le batteur sonne les coups de canons sur un solo finalisant le troisième titre. L’enchaînement psyché floydien avec le theremine en tête de pont nous permet de reprendre un peu d’altitude et au quintet de monter toute leur capacité à nous faire voyager sans aucune concession de notre part. Mais une fois sorti de ces ambiance éthérées, ça rue fort dans les brancards, mêlant la puissance du death grind et le sludge le plus total. Le public, qui pour une bonne part vient de se faire tataner la gueule par Moscow Death Brigade sur la Warzone, en reprend une couche ici… même si le set est honteusement écourté de 10 minutes !
TWIN TEMPLE
Dans notre désir profond d’être des chroniqueurs musicaux consciencieux il faut parfois sacrifier à la volonté de la masse. C est pourquoi nous avons rejoint la Valley au son du mambo twist de Twin Temple pour constater que la tente était pleine. Flûte, flûte alors ! impossible de rentrer et de vous en dire plus ! Rohlala, dommage ça avait l’air complétement dingo…
DRUIDS OF THE GUE CHARRETTE
Petit tour rapide sur la Hell Stage, réservée aux concerts tremplins, pour voir Druids of the Gué Charette. C’est plutôt cool de pouvoir découvrir en live ce que l’on a apprécié sur disque, d’autant que le quartette est en place et gère bien sa prestation. Hâte de redécouvrir en club leur swing rockab’ et garage où transpirent ici et là quelques gouttes de stoner.
RED FANG
La Valley est plus que pleine et impossible d’accès dix minutes avant le début du show, préfigurant un set plus qu’attendu. En effet dès les premières notes de “Blood Like Cream” le pit est en action et les crowdsurfers s’envolent vague après vague. C’est pire que l’autoroute A6 au mois d’août. Musicalement, les ricains enchaînent les tubes sans aucun temps mort, “Into The Eye”, “Wire”… L’efficacité, point ! Red Fang effectue un démontage en règle de la tente, et même quand ils se ratent sur un lancement de chanson, cela passe avec humour et ne fait que renforcer l’ardeur d’un public complètement déchaîné sur plusieurs dizaines de mètres devant les barrières. Le spectacle est également dans la fosse, si bien que l’on oublierait presque de regarder la prestation ultra sonique des quatre pontes du Stoner qui finissent de galvaniser le public avec un “Prehistoric Dog” dantesque!
DOWN
Petit papa Nola est venu sur son traîneau de fan et nous a offert une kyrielle de slammers. Si Philou comme l’appelle le public est chez lui au Hellfest et qu’il enflamme ses plus fidèles zélateurs avec “Ghosts Along the Mississippi”, “Bury Me In Smoke”, “Pillars of Eternity”, “Swan Song” ou “Stone the Crow”, il faut bien avouer que le set repose principalement sur une fière structure instrumentale. Par dessus, Anselmo fournit des efforts démesurés pour faire sortir sa voix qui, si elle n’est plus comme dans le temps, envoie quand même au tapis certains fragiles de la jeune génération.
PERTURBATOR
Ce one man band electro synthwave fait dégueuler la tente The Valley (et les détracteurs du genre). Une structure illuminée encercle le quidam qui fait boomer les twitters de cette twingo turbo rabbit de l’espace. Jean Michel Jarre n’a qu’à bien se tenir !
KILLING JOKE
Le groupe le plus transversal et le plus fédérateur d’une scène métal inclusive et ouverte ne fera pas le plein sous la Valley, et c’est bien dommage, car comme à chacun de leurs sets les visages s’illuminent et les bras s’ouvrent. Un câlin pour finir cette édition 2022 ?
Cette édition 2022 prend fin… mais… non ! Attendez ! Pour ses 15 ans et comme un pied de nez à la période Covid, le Hellfest nous gratifie d’un feu d’artifice cette semaine et de quatre jours de plus de concerts la semaine prochaine ! A dans quelques jours donc !
Rédacteurs : Alexandre Bille & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)
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