HELLFEST part II – Jour 2 (Earth, Stöner, Godflesh…) – 24/06/2022 – Clisson

Avant même de passer la cathédrale, entrée scénarisée du festival Hellfest, nous savons que la journée va solliciter notre curiosité et notre sens de l’ouverture. En effet sur le papier peu de choses semblent à même de nous garantir une journée sous le signe du désert, d’autant que le temps est de la partie et que le ciel menace grandement de nous arroser. Allons, haut les cœurs ! c’est parti pour ce deuxième jour.


AS A NEW REVOLT

Hip hop à consonance punk hardcore, le duo chant, batterie (et samples) vient déverser une violence toute coreuse  sur le festival à 11h du matin et pulvériser le mur de l’infrabasse. Le public ne se masse certes pas dans la tente, mais le remplissage n’est pas ridicule, même si les présents sont plus en mode curieux… Du hip hop dites vous ? Le métal est une grande famille qui ne ferme (plus vraiment) ses portes, Festival des musiques extrêmes, la belle histoire que voilà !


OKKULTOKRATI

Le groupe de blackened-hard-rock porteur de perfectos, dilue les styles jusqu’à la confusion. On pourrait s’attendre à des prises de parti tranchées mais le sextet (que l’on avait vu précédemment sous la Altar ou la Temple…) n’offre à entendre qu’une sympathique balade entre les genres sus cités et parfois une bifurcation vers le death/thrash, sans doute par accident. Notons une bonne énergie déployée sur scène, pour un effet limité sur un public un peu apathique à cet horaire…


STÖNER

Pour les stonerheads, le premier vrai concert de la journée se passe avec Stöner (ça ne s invente pas). Introduit par le légendaire Sean Wheeler, le duo de choc Oliveri/Bjork démarre tout en coolitude, malgré un son écrasé qui, s’il ne gâchera pas la fête, desservira un peu le set tout du long. Après un échange d’amabilités sur « Rad Stays Rad » et « The Older Kids », le jeu sur « Evel Never Dies » se fait plus destructuré, savamment porté par  Nick Oliveri, Brant Bjork restant un fond de scène en mode punk rocker. Une grosse rasade de « A Million Beers » et tout rentre dans l’ordre, et l’enchainement avec le groovy « Stand Down » finit de convaincre un public gagné par une bougeotte qui n épargne pas même certains gars de la sécurité derrière les crash, qui oscillent imperceptiblement. Le cool oui, mais qui fait arriver à cinq minutes de la fin du set sans que personne ne s’en soit vraiment aperçu, forçant nos comparse à passer la seconde puis la troisième pour délivrer un « Green Machine » magistral pied au plancher. Exactement le set espéré.

 


HUMAN IMPACT

Noisy et bruitiste, la musique de Human Impact nous sort de notre nuage stoner par la peau du cul pour nous secouer à grands coups de riffs. Bien qu’en limite de notre champ d’audition habituel nous ne boudons pas notre plaisir en découvrant cette formation presque timide en regard de la force qu’elle dégage… enfin, timide… Les bonds du chanteur et les agitations du guitariste projettent quand même un paquet d’arcs électriques dans le public.


A.A. WILLIAMS

Entre deux averses on retourne sous la  Valley pour découvrir qu’avec A.A Williams l’éther a trouvé son lyrisme. Le groupe qui fait tout pour ne reposer que sur sa front woman est un joli navire pour permettre aux festivaliers de voyager tout en restant sur place (rajoutons que le remplissage de la tente est probablement aussi largement dû aux pluies qui douchent le site, durant lesquelles les quelques tentes sont des refuges appréciés). Entre les nappes de fumée et la voix suave de A.A.Williams, le set gagne posément les cœurs et les esprits, ce qui est déjà en soi une petite réussite, dans le même ton que celui de la journée.


GODFLESH

On continue les errances hors des musiques désertiques chère à nos cœurs avec une des rares sorties scéniques de Godflesh. On peut d’ailleurs s’interroger sur la pertinence de la présence des pères fondateurs du metal industriel sous la Valley, tandis que spécifiquement aujourd’hui la Mainstage 1 proposait une thématique indus marquée (Ministry, NIN, Killing Joke, Nitzer EBB), et aurait naturellement accueilli le duo… Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous apprécions le set à sa juste mesure : s’appuyant comme d’habitude sur une bande pour les parties de batterie (lancée par Broadrick depuis son PC en bord de scène), le groupe déroule et aligne quelques perles de metal indus un peu old school. G.C. Green est quasi immobile, tandis que Justin Broadrick est parfois pris de spasmes nerveux, mais globalement c’est la musique d’abord. Clairement pas le carton de la journée, mais une prestation loin d’être ridicule.


EARTH

Sous des trombes d’eau (on apprécie d’autant les concerts sous la tente…), Earth entame son set classieux sur le sobre « Cats on the Briar ». Chaque note qui sort de la gratte de Dylan Carson est attaquée avec  grâce et fait l’éloge de la lenteur.  Le set déroule comme dans un club de blues. La batteuse Adrienne Davies est penchée sur sa batterie, l’attitude concentrée à l’extrême, son jeu lent et fluide ressemblant à une étrange et lente chorégraphie. Ça joue sans interruption jusqu’à un problème de guitare de Dylan durant « Engine of Ruin », qui interrompt la chanson (le trip ?) brutalement en plein milieu. Il doit lui manquer une case, mais qu’importe après un remplacement et trois tours de clés le show reprend, faisant taire le brouhaha naissant du fond de la tente.  La métamorphose est complète, c’est une machine à arrêter le temps et non plus un festival. Entre chaque titre les cordistes ré-accordent longuement leurs instruments pour que chaque note glisse dans la foule et que la magie opère. L’hypnose est si efficace que lors du changement de tête d’ampli du bassiste le son ne s’interrompt même pas… Lorsque nous revenons sur terre, nous constatons que le déluge a l’extérieur de la tente à crée une rivière au creux de la Valley, la séparant en deux dans la largeur.


NEW MODEL ARMY

Pour finir notre journée nous nous attardons quelques instants devant New Model Army, son rock anglais qui défie les lois du genre résonne depuis près de quarante ans et a eu largement le temps de se faire des aficionados, cela se ressent car dans la fosse les quelques grappes de festivaliers accrochés aux crash barrières en redemandent à grand renfort de hurlements. Ce set ne fera pas salle comble, la pluie ayant cessé beaucoup se préparent déjà à rejoindre Nine Inch Nails sur la Mainstage. Qu’importe, ceux présents ne sont pas là pour la promiscuité mais bel et bien pour le groupe qui déroule son set avec le professionnalisme de l’habitude.

 


Trempés et épuisés malgré une journée en demi teinte tant la programmation de notre genre de prédilection était limitée, nous regagnons nos camps de base respectifs pour recharger les accus des appareils photos, téléphones et autres chroniqueurs. Demain sera une belle journée, la Valley va gagner en grade, c’est écrit, espérons que le temps soit un peu plus clément qu’en cette seconde soirée.

[A SUIVRE…]

 

Rédacteurs :  Sidney Résurrection (& Laurent)

(Photos : Laurent)

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