Il y a des affiches que l’on ne peut pas manquer. Fans de la première heure, inconditionnels de la scène, amateurs avertis, explorateurs de nouvelles contrées sonores, curieux, se sont donc réunis ce vendredi 1 août pour l’énOrme programmation de fin de saison des Stoned Gatherings : Conan, Church of Misery et High on Fire. Histoire de rendre la soirée encore plus mémorable Ben Ward (himself) s’est fait DJ pour clore l’évènement. Quand je vous dis que c’était immanquable.
On parle souvent de groupe qui envoie « du bois » autant vous dire que ce soir c’est par troncs entiers que le Glazart a succombé aux trois protagonistes de la soirée. Le temps était au beau fixe, la température caniculaire dans la salle, entre les barbares anglais, les tueurs japonais et les guerriers américains il n’y eu aucun prisonnier. Par cela j’entends que ce fut un show pour les connaisseurs, si vous espériez avoir un coup de foudre ou apprendre à mieux connaitre, c’était pas la bonne porte.
Reprenons le cours de la soirée, la salle ouvre, Conan finit tout juste les balances. Ça met dans l’ambiance direct et très rapidement le groupe remonte sur scène pour entamer les hostilités. Troisième fois que je vois le groupe en l’espace de deux mois. La première fois ce fut en tant que plat principal, la seconde fois en petit-déjeuner lors d’un festival et maintenant en apéro. Et comme à chaque fois, ça bute. Sauf que ce soir le son est d’une violence totale. Les balances toutes fraiches offrent au groupe une puissance de feu inégalable et c’est d’une précision redoutable mais aussi très fort. La setlist varie très peu par rapport à ce que le groupe a l’habitude de proposer cette année, c’est-à-dire principalement orientée sur le dernier né des anglais. La subtilité de la batterie est toujours un ravissement pour sortir de l’écrasant duo basse-guitare qui encore plus aujourd’hui rase tout sur son passage. D’abord clairsemée l’audience finit par vite gonfler et les coups de haches repétito-hypnotiques de chaque morceau font leur effet. Toute l’efficacité du doom des trois de Liverpool bat son plein, le public s’en prend plein la tête, l’air commence à manquer, une première partie qui laisse tout le monde à terre ça commence fort.
Instant culture : le 1 août est semble t-il la journée mondiale de la bière… on n’avait pas besoin de ça pour justifier un moment de désaltération au risque de tomber sinon. Ce qui finalement fait tomber, c’est qu’il n’y ait plus de bière pression… il doit y avoir d’autres soirées plus appropriées pour ce genre de problème, dommage.
Bref ne nous gâchons pas l’évènement, les japonais de Church of Misery entrent en piste. Nous voilà engagés dans 1h de show massif et jubilatoire. Le son est cette fois plus « modéré », la magie opère donc sans résistance possible. Les morceaux s’enchainent avec une salle de plus en plus incandescente, le groupe est aux anges. Leur doom fait mouche et leur énergie est communicative. La section rythmique emballe l’ensemble d’un son rond, chaud, imbibée de groove des 7O’s, simple et efficace. La guitare peut ainsi s’offrir des instants de solos, gimmicks et autres frivolités qui poussent l’audience a inconsciemment jouer sur son air-guitare. La voix écrase tout de sa désinvolte crasse et ce n’est pas les petits coups de synthé utilisés avec parcimonie qui allégeront le propos. Après tout on parle de tueurs en série là, donc on ne fait pas dans la dentelle vous étiez prévenus. A force d’errer dans la salle, Ben Ward a fini par être invité sur scène (ça aurait été un comble sinon) et c’est pour clore le set des quatre de Tokyo que le géant d’Orange Goblin vient pousser la chansonnette sur une reprise de St Vitus « War is our destiny ». Ils auraient repris « Au clair de la lune », le public aurait de toute façon été ravi, c’est vous dire combien ça suinte la béatitude au Glazart ce soir.
On en a plein les esgourdes et il nous reste à encaisser High On Fire… pas de prisonnier je vous dis, pas de prisonnier, c’est une boucherie. On a vu le groupe se promener durant les premières parties, Matt Pike a maintenant tombé le t-shirt pour se diriger vers les backstages, ça commence à sentir (pas) bon… Faut voir la température qui règne dans la salle aussi… Une petite balance, histoire de recaler l’ensemble, un premier larsen et c’est parti. Enfin premier larsen qui dura du début jusqu’à la fin du show. Pendant une heure ça va vrombir les enfants, mais je ne parle pas du petit ronron gentillet, non je parle d’un grognement pantagruélique permanent, une décharge de saturation grasse, l’audio-définition dans votre audio-dictionnaire de « à rendre sourd ». Matt Pike annonce l’entrée en matière avec « Fury Whip » et déjà un premier doute sur la valeur des balances précédemment faites, on l’entend à peine. Une fois les trois instruments lancés, il n’y a plus de doute… on ne l’entendra presque pas du tout. La basse pulvérise tout, avec un petit coup de main de la batterie. Pour faire simple si vous ne maitrisiez pas les morceaux, vous n’aviez aucune chance de saisir les mélodies de la guitare et du chant, et plus dramatique encore de jouir de la décharge de notes des solos. Le son du groupe pousse à l’extrême la claque des riffs et heureusement que la basse les reprend à l’identique en majeure partie mais quel dommage de ne pas profiter pleinement des soli de dératé et des lignes de chant « Lemmy-like ». On a eu notre leçon de riffs joués par une basse. Les fans sont conquis, les badauds s’en prennent ras la tronche. Le groupe profite à plein de l’énergie dégagée par la fosse et se rafraichit à coup de glaçons sur le visage. L’ambiance est tropicale : chaude, moite, louurrde. Ça headbangue instinctivement à chaque coup de médiator. Une setlist très orientée sur les trois derniers efforts du groupe, c’est quand le tempo est ralenti que ce son permet de vraiment dégager toute sa puissance comme sur « Madness of an Architect ». Le set défile à toute vitesse et c’est déjà l’heure des au-revoir sur fond de « Snake for the Divine », la mélodie plus en avant de ce morceau et le passage pesant permet de récupérer de justesse tous les tympans en sang des curieux. Un show sans concession pour les fans qui connaissent la richesse du groupe et ne pouvait que se réjouir… moi je suis heureux.
Je ne pouvais pas ne pas reprendre cette photo qui accompagnait l’annonce de cette soirée organisée par les Stoned Gatherings, elle résume bien l’ensemble. Encore une fois un grand merci à eux de nous offrir ces opportunités uniques de rassembler toute la famille stoner au sens large devant tous ces groupes.
Mais ce n’était pas fini, on n’allait tout de même pas rater l’occasion de 1) Prendre l’air, de 2) Prendre une bière et de 3) Voir Ben Ward faire son DJ. Et le monsieur s’est fait plaisir, un bon mix de ses références, plus ou moins « classiques », Black Sabbath bien sûr, Metallica, Iron Maiden, Pantera, Down, Kyuss, Clutch, Fu Manchu, etc, etc. Du tout bon dans une super ambiance par un excellent chanteur heureux d’être là vraisemblablement à vivre ce bon moment avec des fans. Tout en simplicité, de la générosité et du partage, c’est ça aussi la scène que nous aimons et que nous défendons.
Ain’t One