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STONED FROM THE UNDERGROUND 2014 (Graveyard, Pentagram, Colour Haze, Kylesa…) – 10, 11, 12 juillet 2014 – Erfurt (Allemagne)

Cette année, les festivités ont commencé avant notre arrivée sur le site, avec la police locale. En effet, comme présenté par l’orga et annoncé quelques jours plus tôt sur leur site, la maréchaussée était présente tout au long des accès au festival avec chiens et tests anti-drogues. Heureusement pour nous, tout s’est bien passé, mais ce petit retard nous aura forcé à nous farcir les bouchons à l’entrée du camping. Ou était-ce la boue ? Le mauvais temps avait bien détrempé le champ où chacun plantera sa tente et les bénévoles nous donnaient ce jour-là un bon conseil : “plein gaz !” ou “Évitez à tout prix l’artère centrale !”. Le nombre de voitures coincées les agaçait visiblement, mais le sourire était toujours là, tout cela ne faisait que commencer.

Premier constat après avoir retiré nos pass, le concept est toujours le même, mais la petite scène de la tente fait son retour. En effet, cette scène était la seule présente jusqu’en 2010.

Parlons aussi de la fréquentation changeante du festival … Ce weekend a toujours été une sorte d’autre normalité sociale, un rassemblement de gens qui ont évidemment des centres d’intérêts communs ou proches mais qui savent aussi vivre ensemble sans se préoccuper des jugements extérieurs, sur la quantité de joints que tu fumes ou sur la longueur de ta barbe, le nombre de tes tatouages, et j’en passe. Rappelons que le festival n’accueille que 2500 personnes à tout casser; cette unité faisait un bien fou.

Cette année on a pu apercevoir un public un peu plus varié, des jeunes gens très soucieux de leur apparence notamment. Des “hipsters”, pour lâcher le terme une fois pour toute. Pour être honnête, j’ai tout de suite pensé à Graveyard, en tête d’affiche du samedi soir, qui était sûrement la raison de la venue de ces troupes un peu plus mainstream. Mais après tout, n’importe qui est la bienvenue pour écouter de la bonne musique, ce n’est qu’une observation. Le public était déjà très varié au niveau des tranches d’âge par exemple, et il ne fait que grandir et se diversifier un peu plus chaque année.

Jour 1 :

Passons aux concerts, Cheap Thrills a ouvert le bal jeudi après-midi, sous la tente réservée aux deux ou trois premiers groupes de chaque journée. Le all girls band d’Amsterdam a été excellent. Une énergie débordante, des riffs qui font mal et des musiciennes investies à fond dans ce qu’elles font, c’était une entrée en matière sans faute. J’espère qu’elles vont bénéficier de ce passage et qu’on les reverra en tournée.

Gonga étaient assez difficiles à digérer pour une première expérience; des tempos et structures changeantes mais on y a entendu de très bonnes choses.

Vintage Caravan était un groupe attendu. Même si toujours très peu connus, le groupe a comme explosé ces derniers mois, leurs vidéos circulant pas mal sur le net. Avec un deal Nuclear Blast, chose normale me direz-vous. J’ai été un peu déçu au niveau du songwriting et de l’attitude sur scène parfois étrange, mais les mecs sont des musiciens impeccables, surtout vu leur jeune âge. À surveiller de près.

Valient Thorr sont des habitués du fest. Présents depuis ma première visite en 2009, ils ont foulé la scène du festival déjà trois fois, et toujours avec grand succès. Le groupe était cette fois amputé d’un guitariste mais leur rock’n’roll n’en a pas souffert pour un sous, ils mettent le feu et sont le groupe idéal à programmer en début de soirée.

Pour finir cette soirée justement, l’orga a demandé les services de Pentagram, et ça faisait plaisir de les voir enfin ici. Légendes vivantes, le célèbre groupe de Bobby Liebling, resté dans l’ombre du metal underground toutes ces années, a toujours l’envie de prouver qu’ils sont bien d’actualité. Un super show (peut-être pas assez fort, par contre), Robert Griffin de retour à la guitare, et une ovation plus tard, le premier jour est terminé.

Jour 2 :

Le vendredi s’ouvre sur Slow Green Thing et Treedeon qui ont tous les deux bien assuré leurs sets, dans la tente.

Ma première vraie claque du festival viendra juste ensuite, sous un beau soleil se produisaient les écossais The Cosmic Dead. Violent, planant, intense, beaucoup trop court, leur show était une tuerie monumentale. Je ne pensais pas que ce genre de musique psyché voire expérimentale aurait pu avoir un impact pareil en extérieur, en plein jour, sur une grande scène, mais ça l’a bel et bien fait. Un grand moment dont on se souviendra.

2120’s ont enchaîné, et forcément avec du blues sans prétention, on fait toujours bouger les foules d’un festival rock, mais j’étais encore en train de redescendre sur ma planète.

Belzebong a repris les choses en main avec leur doom dans la veine de Sleep. Leur alchimie marche bien mais le résultat était un poil monotone. Le son était par contre monstrueux.

Venaient ensuite les frenchies de Mars Red Sky, et là on peut dire qu’ils ont fait un carton plein. Super prestation, gros son et public très réceptif. Un bon concert dans une bonne ambiance avec probablement de nouveaux fans.

Grosse affluence pour le prochain groupe : Kylesa. Le quintet de Savannah n’est plus à présenter, la scène musicale dont ils sont originaires (parmi des groupes comme Baroness et Black Tusk), ayant fait beaucoup d’adeptes. Le concert était interrompu pour quelques minutes par un couple d’originaux dans leur soixantaine, qui nous ont fait un petit numéro de danse impossible à décrire, c’était simplement très étrange et aura eu le mérite d’avoir déclenché l’hilarité de Laura Pleasants. Ça avait l’air prévu, mais ça en a aussi laissé plus d’un perplexe. Le reste était vraiment très bon, setlist complète couvrant presque tous les albums, et un groupe beaucoup moins brouillon qu’ils m’en avaient donné l’habitude ! C’était tout bon.

Colour Haze clôturait la journée d’une bien belle façon. Un show exemplaire, un public extrêmement réceptif et des interprétations très sensibles de leurs morceaux les plus connus en auront été la recette. Le tout parut court, après une heure et quart entièrement captivante, mais l’organisation n’avait pas l’autorisation de jouer au delà de minuit.

Jour 3 :

Dernier jour ! Avant de partir pour Erfurt, je dois avouer que j’étais un peu perplexe par rapport à la programmation, je pensais que peu de choses créeront la surprise. Il n’y avait aucune tête d’affiche ou groupe important que je n’avais encore jamais vu, alors que ça avait toujours été le cas jusqu’à présent. Après seulement deux jours déjà, mes mauvaises vibrations m’avaient bel et bien quitté et je devait me rendre compte que même si la programmation ne m’avait pas impressionné, ce n’était en aucun cas un signe de mauvaise qualité pour un festival bien organisé à la base. Place à la suite, donc.

Black Mood, Grandfather, Mandala et Miss Lava étaient tous sympa sans être exceptionnels à aucun niveau, mais de bonnes mises en bouche pour cette longue journée, à prendre à la cool en se préparant pour la soirée.

Venaient ensuite Brave Black Sea, qui rameutaient les troupes grâce à la liste de groupes impressionnants de leur CV : Kyuss, Slo Burn, etc, tout y passe. En effet, on reconnaît entre autre Alfredo Hernandez derrière les fûts. Leur musique ne casse pas trois pattes à un canard mais c’était très bien en place et plein de bonnes intentions, en communion avec le public et ils faisaient preuve d’une aisance scénique naturelle. Leurs derniers moments sur scène seront assez mémorables avec une superbe reprise de “July” (Slo Burn) et de “Tangy Zizzle” (Kyuss), le chanteur ayant probablement officié dans un groupe de reprises de Kyuss par le passé, vu sa capacité à sonner comme John Garcia !

À suivre, la révélation non-officielle de l’édition 2013. Le groupe Mother Engine, alors inconnu, s’était produit dans le camping avant le début des concerts, devant un public toujours plus nombreux. Cette année ils étaient programmés le dimanche en début de soirée, un créneau horaire très généreux et important pour ce jeune groupe, mais ils avaient en fait été intervertis avec The Cosmic Dead qui ont dû jouer deux jours plus tôt pour des questions de planning. Tout benef’ pour Mother Engine donc, qui va pouvoir jouer son stoner instrumental devant un gros public et qui l’aura mérité. À noter que cette année aussi, un groupe s’était produit en dehors du festival, au sommet de la colline qui domine le camping, dans une ambiance excellente. Je n’ai pas retenu le nom du duo, malheureusement.

DŸSE était la suite du programme et là encore la pression est bien montée en ce début de soirée. DŸSE c’est du rock frais, puissant, original et un duo excentrique sur scène, qui joue avec le public, à l’aise, bien dans leurs pompes. Chanté en allemand la plupart du temps, ça n’a aucune influence sur le résultat final, au contraire. A voir en live sans hésiter.

Pour la fin de cette édition étaient prévues deux pointures, dans des genres pourtant bien différents. Première pointure, Ufomammut, le groupe de doom italien qu’on ne présente plus. Un set écrasant et absolument terrifiant, avec une foule en pilote automatique. Ils ont pris possession de la scène et ne l’ont pas lachée pendant une heure et quart d’assauts soniques, de feedback, de chants incantatoires et j’en passe. C’était une des meilleures prestations que j’ai vu du groupe.

Graveyard était la deuxième et dernière pointure chargée de clôturer les festivités. Un set carré, des tubes à en pleuvoir, le tout très bien interprété, mais une certaine froideur dans leur show m’ont laissé un peu sur ma faim. C’était bien, mais ça aurait pu être beaucoup mieux.

Pour conclure, je crois que je ne me lasserai jamais d’aller à Erfurt au mois de juillet. Pour peu que les rayons du soleil percent, c’est une ambiance relaxante garantie sur fond de bonne musique, et même la pluie et la boue de cette année ne m’ont pas fait broncher, c’est dire… Donc vous, lecteurs de France et d’ailleurs, quand vous irez préparer votre planning de festivals en début d’année prochaine, gardez cette destination en tête et tentez le coup, même si la distance va en décourager quelques-uns. Mais pas vous, n’est-ce pas ?

Texte et photos : Mathieu Springinsfeld