Comité restreint pour une date showcase qui sans surprise affiche sold out plus vite que son ombre. La salle ? Le Supersonic Records, petite sœur du Supersonic. Lieu intimiste, aussi grand que le salon d’un loft parisien. Voilà l’écrin de la date française de Kadavar, qui sillonne les routes pour son I Just Want to be a Sound, album juste paru au moment où nous écrivons ces lignes.
En une heure de set, Kadavar va balayer toutes les craintes nées à la rédaction de Desert-Rock suite à notre écoute de l’album en avant-première. Kadavar est un groupe à l’écriture intense et au souci du détail, qui lui permet toujours de sortir de solides albums. Mais c’est aussi un groupe de live. Un autre Kadavar, une sorte de double sorti d’on ne sait quel monde parallèle, et qui systématiquement fait sonner les compos les plus atypiques des albums avec une teinte sublimée en live.
L’exercice de ce soir n’échappe pas à la règle, même si de prime abord la prise de risque semble limitée par un enchaînement des titres “Regeneration”, “Scars on My Guitar” et “I Just Want to be a Sound”, qui ont déjà été publiés sur divers médias en ligne depuis quelques semaines. Puis le groupe quitte ce que nous pensions être un simple showcase pour livrer, entre deux nouvelles compositions, des titres des précédents albums. “Come Back Life”, “Last Living Dinosaur”, “Die Baby Die” sont quelques-uns des fers de lance du quartette qui nous sont servis ce soir.
Mais allons au fait : comment le public reçoit-il les nouveaux titres ? Sans surprise, “Hysteria” fonctionne à merveille et ne sort pas du sillage du paquebot Kadavar. “Truth” et “Strange Thoughts” sont accueillis avec ferveur par ce même public de moins de cent personnes, qui interpelle le groupe et l’encourage avec une proximité toute familière et bon enfant.
Enfin, après avoir annoncé le glas de la soirée, et l’avoir justifié par le trajet à parcourir dans les heures à venir pour rentrer à Berlin, Lupus démarre “Until The End”. Un des titres les plus décalés de I Just Want to be a Sound, et une fois de plus la magie opère. Les têtes suivent le mouvement des baguettes de Tiger, les corps sont soulevés par l’intensité outrancière de la basse de Dragon. Impeccable, ce titre en live devient une sorte de post-Beatles et s’en trouve magnifié.
Il ressort de ce concert que le groupe a laissé une place prépondérante à Simon Dragon, qui ne s’encombre pas d’un volume au rabais et pousse les potards à 11, quitte à couvrir la voix de ses camarades lorsque Tiger, Lupus et Jascha prennent leur tour de chant. Si sur album la place de Jascha semblait plutôt timide, ce dernier se révèle à la manœuvre sur bien plus d’un titre où il prend le lead. On se rend compte, à écouter les explications que nous livre Lupus sur certains morceaux, que Kadavar est un groupe uni, et dont le plaisir de l’expérimentation est partagé.
Au moment de quitter la salle, le public passe religieusement faire signer l’album I Just Want to be a Sound qui était compris dans le billet pour la soirée. On a alors la chance, avec quelques mots, de constater la douceur et la proximité du groupe avec son public. On en profite même pour échanger quelques instants avec Simon, qui nous explique que chaque album est le fruit des envies de chacun, un laisser-aller qui ne rentre dans aucun plan de longue date. En bref, on a vécu ce soir encore un vrai moment Kadavar, un moment de musique, d’amour et de lâcher-prise. Que nous importe alors si sur album le groupe ne devait plus produire ce rock spécifique qui nous est cher : on est rassurés de savoir qu’il nous restera toujours l’essentiel en live.
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