Non, la rentrée n’est pas réservée qu’aux enfants. Nous aussi, après une disette musicale de quelques mois sous le soleil, la Maroquinerie nous propose de ressortir nos bouchons d’oreilles et nos plus beaux t-shirts pour rempiler une nouvelle saison de décibels et de bière à l’eau. Au programme ce soir, Mondo Generator, la fameuse formation de Nick Oliveri, et les frenchies de Bukowski et de Loading Data.
Qui dit rentrée dit également météo catastrophique (équation scientifiquement prouvée), c’est donc sous le crachin que l’on rejoint la Maroquinerie. La salle pour l’instant boudée pour le bar extérieur va vite se remplir dès l’arrivée de Loading Data. Formé il y a maintenant 17 ans (!), ce groupe français s’est construit une belle réputation au fil des années, faite de nombreuses tournées européennes et américaines et de tubes de Pento. Lo, chanteur gominé à la voix de baryton, se déhanche sur des rythmiques simples et hypnotiques, et sa bougeotte est sérieusement contagieuse. Souvent qualifié de « crooner desert rock », le terme est en effet parfaitement exact concernant Loading Data. La voix, l’attitude, les riffs, l’influence blues, la sueur… tout est là.
Seule une question demeure : le nom du groupe. Parce qu’il n’existe rien de plus chiant qu’un chargement de données.
Ceux s’intéressant à la scène parisienne ont déjà entendu parler de Bukowski, puisque le groupe formé il y a bientôt 10 ans est assez connu de la sphère metal, après avoir à ses débuts un peu penché du côté du stoner. Entre quelques conneries balancées au micro par Matthieu Dottel, le guitariste, Bukowski livre un power-rock sous amphétamine responsable des premières excitations dans la fosse. Si la musique manquant parfois d’originalité ne convainc pas toujours, l’énergie scénique du groupe est plus que louable. Tout ça sent bon le punk et ça fait plutôt plaisir. On tenait aussi à adresser une grosse pensée au guitariste Clément qui a perdu environ 120 fois sa sangle de guitare durant le concert, et au pauvre roadie s’évertuant le même nombre de fois de la lui remettre tant bien que mal. La vie peut parfois être injuste, on compatit.
L’histoire de Mondo Generator s’avère plutôt mouvementée. Initialement fondé en 1997 par Nick Oliveri comme un side project, le groupe sera rapidement mis de côté au profit d’un nouveau né, Queens Of The Stone Age. Malgré un emploi du temps plutôt bien rempli (carrière acoustique, Vista Chino, Dwarves et autres projets), Oliveri maintient le groupe cahin-caha avec quelques sorties sporadiques dont aucune n’a vraiment marqué son temps. Résolument plus punk que stoner, Mondo Generator et ses morceaux aussi courts qu’efficaces pourraient convaincre si le concert de ce soir n’était pas à moitié constitué de reprises de Kyuss et de QOTSA. Quand le concert s’ouvre sur « Molten Universe » et qu’il se termine « You Think I Ain’t Worth a Dollar… », et qu’entre les deux on trouve du « Gonna Leave You », et bien on ne sait plus vraiment si l’on est face à Mondo Generator ou à un tribute band. Certes, on ne cache pas notre plaisir d’entendre en live ces morceaux légendaires. Le problème, c’est qu’ils éclipsent toutes les autres compositions du groupe, à tel point que l’on n’attend qu’une seule chose : la prochaine reprise.
Si John Garcia ou Brant Bjork ont réussi à s’affranchir du géant Kyuss, difficile donc d’en dire autant pour Nick Oliveri qui continue de resservir les mêmes morceaux depuis 25 ans, malgré tout le talent qu’on peut lui accorder.
Les deux premiers groupes sentaient la joie de vivre, mais Mondo Generator nous a laissé un léger goût amer : impossible de choisir entre le bonheur d’avoir perdu 3 litres de sueur (et un tibia) sur « Green Machine », et entre la tristesse de voir un groupe toujours debout grâce à des morceaux qui ne sont pas de lui. C’est comme si le public de Beyoncé venait entendre du Destiny’s Child. Ou si le public de Michael Jackson venait entendre du Jackson 5. Cette dernière proposition s’avère difficilement réalisable, mais vous avez compris le principe.