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HELLFEST 2016 – jour 3 (Black Sabbath, Kadavar, Rival Sons, Grand Magus, The Skull, Death Alley, Lecherous Gaze, Stonebirds,…) – 19 Juin 2016

Ces deux jours, et en particulier cette seconde journée terrible, nous auront littéralement épuisés. Ce n’est pas pour autant que l’on arrive en traînant des pieds, bien au contraire, car cette troisième journée, moins dense en stoner « pur », s’annonce pleine de découvertes et de valeurs sûres. Il s’agit par ailleurs des dernières heures avant ZE climax, l’apothéose sabbathienne que plusieurs dizaines de milliers de personnes attendent sans s’en cacher depuis le premier jour…

STONEBIRDS

STONEBIRDS
STONEBIRDS
STONEBIRDS
STONEBIRDS
STONEBIRDS
STONEBIRDS
STONEBIRDS

On arrive tôt pour être sûr de ne pas rater Stonebirds : on a pris une grosse claque avec leur dernier album « Into the fog…and the filthy air » sorti l’an dernier, et les échos de leurs quelques prestations live ces derniers mois étaient pour le moins élogieux… hors de question des les rater ! En revanche le « grand public » accuse le coup de ces deux terribles journées, et la tente n’est pas complètement remplie ce matin. Tant pis pour eux, ils nous rejoindront en cours de route ! Première satisfaction, le trio breton bénéficie d’un très bon son, élément clé pour retranscrire la profondeur et la richesse de sa musique : le puissant « After the Sin », morceau riche et tortueux, n’aurait pas supporté d’approximation sur le sujet, et on est rassuré. L’interprétation étant sans faille elle aussi, on se fait plaisir à s’immerger à nouveau dans les titres anguleux, tout à tour aériens et oppressants du combo. Scéniquement, leur musique n’est pas propice au headbang forcené ou aux sauts de cabri depuis la grosse caisse ; pour autant on sent nos bonhommes complètement dans leur set, et même si Fañch intériorise un peu plus, il ne faut pas oublier le travail qu’il abat, qu’il s’agisse de ses lignes vocales parfaitement retranscrites (comme sur l’émouvant « Into the fog ») ou de ses parties de gratte elles aussi impeccables. Un excellent set qui aura séduit un public peu agité mais clairement appréciatif de la performance.

LECHEROUS GAZE

LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE
LECHEROUS GAZE

Les déjantés de Lecherous Gaze nous avaient laissé un souvenir quelque peu brutal il y a quelques années lors de leur passage au Desertfest Berlin : leur attitude punk et Lakis Panagiotopulos, leur chanteur déjanté (qui avait joué tout son set avec la tête dans un collant), détonnaient dans un environnement psyche ou doom… C’est donc avec un grand intérêt qu’on attend de voir s’ils ont évolué (j’ai failli dire « grandi », bande de sales gosses…) et quel type de performance ils vont proposer cette fois. Faut dire que le « Johnny B. Goode » râpeux, sale et déjanté joué en entier durant le soundcheck nous a un peu mis la bave aux lèvres… Le set commence d’ailleurs sur « Animal Brain », brulot à mi-chemin entre Chuck Berry et les Sex Pistols, en gros, permettant à Panagiotopulos de commencer à faire son show (mimiques, fausse bosse de bossu bricolée avec un vieux tee shirt…). Faut dire que derrière ses pitreries, les gaziers envoient du gros steak garage bien gras, et peuvent même effleurer des passages presque psyche (comme sur « New Distortion »). Quand le chanteur part backstage le temps d’une de ces jouissives plages chargées en soli testostéronés, c’est pour mieux revenir la gueule et le torse entourés avec un large rouleau de scotch rigide « duct tape »… Gros budget accessoires ! (et je vous passe les détails du gars backstage hurlant à la mort quand il faut lui arracher le scotch dans les cheveux après le concert). Sans prétention, grosse énergie, musiciens décalés mais pas manchots… Pas le set du siècle musicalement mais un bon gros moment de fun !

DEATH ALLEY

DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY
DEATH ALLEY

Devenus en un album l’un des poids lourds de cette folle vague rétro-heavy stoner, les Hollandais de Death Alley ont été dépêchés pour pallier le forfait de Valkyrie et faire grimper un peu plus encore la température sous la Valley. Une mission parfaitement remplie, à grand renfort de boogie (hard) rock, extraits de leur premier et unique album avec en point d’orgue les 12 minutes imparables de “Supernatural Predator”. Décidément ce groupe est un des plus excitants de cette nouvelle génération.

The SKULL

THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL
THE SKULL

Drôle d’idée d’avoir planqué The Skull sur la Altar, obligeant le doomster à faire une infidélité à sa tente habituelle. Drôle d’idée aussi pour ce groupe, composé d’ex-Trouble et nommé d’après un album de ces derniers de ne jouer que si peu de titres de la légende doom de Chicago. Eric Wagner et les siens défendent en effet un maximum leur seul (et très bon) album “For Those Witch Are Asleep”, en en jouant la moitié et réservant à la fin du set quelques incursions dans la discographie de Trouble dont « The Tempter » et « At The End Of My Daze » qui soulèvera un public certes épars mais totalement passionné.

UNSANE

Après le set fort apaisé de King Dude aux influences notoires de l’Homme en noir, la Valley prenait une orientation nettement plus bourrine avec le trio de New York. Mené pied au plancher par le vociférant Chris Spencer, le trio de la Grosse Pomme nous a envoyé un set tonitruant de belle facture. Cinquante minutes d’un déluge sonore trépidant avec un setlist taillé sur mesure pour le live qui était principalement tiré des excellentes productions que sont « Scattered, Smothered & Covered » (du millénaire passé) et « Visqueen » (nettement plus récent, mais plus au rayon frais). L’option de nous en foutre plein la gueule a été payante pour les vétérans à casquettes de baseball qui ont fait l’effort de nous remercier en français après avoir pilonné en règle la place. Le titre « Committed », qui fut d’une sublime sauvagerie, résume le mieux cette débauche d’énergie menée de main de maître par une formation ramassée sur elle-même au milieu d’une scène qui semblait presque démesurément grande sur ce coup.

KADAVAR

KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR
KADAVAR

La dernière fois qu’on a vu Kadavar au Hellfest, ils étaient clairement sur la pente ascendante, à deux doigts d’exploser pour atteindre un niveau de notoriété qu’ils n’ont pas quitté depuis. C’est donc en seigneurs que nos trois grands chevelus barbus montent sur scène et engagent l’introductif « Lord of the Sky ». Bien décidés à appuyer leur dernière production, le trio franco-germanique pioche allègrement dedans pour remplir rien moins que la moitié de sa set list de ce soir. Ce choix audacieux s’avèrera moins casse-gueule que l’on n’aurait pu le craindre : les nouveaux titres se fondent finalement pas mal dans la discographie du groupe, et stylistiquement, on n’y voit que du feu. Bref, ça ne détonne pas… Sauf que, diantre, on aurait bien aimé quelques titres un peu plus chauds que les insipides « Old Man » ou « Last Living Dinosaur » pour enflammer un peu cette set list qui se perd un peu dans le mid-tempo (dans lequel ils excellent, il est vrai). Pas beaucoup de relief, quoi. Reste que les bonhommes ont une assurance et une efficacité instrumentale qui laisse pantois : les deux grands échalas à droite de la scène déroulent une rythmique parfaitement huilée (mention spéciale, encore et toujours, au déjanté Tiger, qui n’a rien à envier au Animal du Muppets show en terme d’attitude scénique…) tandis que Lupus aligne ses riffs et ses somptueux soli avec fougue et (reconnaissons-le) grand talent. On ne pourra pas non plus dire que les allemands sont en mode automatique : ils se donnent bien dans le set et font (très) bien ce qu’on attend d’eux. Le public est à fond, d’ailleurs. Reste qu’on aurait apprécié quelque chose d’un peu moins policé, un peu plus fou…

RIVAL SONS

RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS
RIVAL SONS

Dernière formation de notre culte à se produire dans la vallée pour cette édition, les Ricains de Rival Sons précédaient deux performances d’une toute autre limonade qui allaient faire un carton : Jane’s Addiction et Puscifer. La venue de la bande de Navarro et Farrel, même s’ils se baladent par ici ces temps, constituait un événement de plus à mettre au crédit du Hellfest 2016 qui fut riche en exclusivités dont la remise en route d’Hermano – ou des Ludwig Von 88 c’est selon votre âge – et le set de la veille de With The Dead. La Valley était pleine pour le show du groupe qui sert de support à Black Sabbath sur sa (dernière ?) tournée et le public allait accompagner la formation de Jay Buchanan tout au long de sa prestation. Les plans apaisés étaient propices à des accompagnements vocaux de la part de la foule qui s’est transformée en chœur des petits chanteurs à la croix à l’envers pour supporter le frontman à son invitation (il n’a pas eu à insister bien longtemps le bougre) surtout à l’occasion des refrains pour lesquels ces Californiens ont une extraordinaire expertise. Les interventions au chant des collègues de ce clone scénique d’Eddie Vedder, les light hyper soignés et le groove ahurissant du quatuor ont enchanté les bipèdes sous la tente et la masse agglutinée dans son prolongement. Si l’effet « dernier acte stoner » a certainement joué en leur faveur, il n’a pas tout fait : ce show a été une des toutes bonnes surprises pour les membres de notre rédaction qui ne s’étaient pas trop attardés sur ces poulains d’Earache qui viennent tout juste de nous livrer leur cinquième production : « Hollow Bones ». Cette nouvelle livraison s’est même invitée à la party, mais c’est leur précédent effort, « Great Western Valkyrie », qui a constitué le noyau central de cette prestation de haut vol dont le seul point faible fut incontestablement le format limité à 60 minutes.

GRAND MAGUS

Rassembleur et efficace, voici les deux qualificatifs qui conviennent le mieux, et de loin, au concert que livra le trio scandinave en cette dernière journée du Hellfest 2016 alors que le soleil disparaissait à l’horizon. La Valley était occupée par Jane’s Addiction qui allait ravir son monde avec un final à base de suspension et Ghost ainsi que Megadeth se passaient le témoin sur les scènes principales de la manifestation. Loin de ces tumultes populaires, nous étions nombreux à rejoindre l’Altar après avoir fréquenté d’autres scènes (Warzone et Valley en priorité) durant trois jours pour venir savourer le son lourd made in Stockholm. Question son : ce set a été d’une excellente qualité et même si la bande à JB a viré metal depuis belle lurette, ils nous ont fait super plaisir avec des hymnes imparables comme « Varangian », « Iron Will » ou « Hammer Of The North ». Malgré un dispositif de réception de slammer fort étoffé, prêt à récupérer des corps suants, le public s’est contenté de hocher du chef en scandant des « hey » et des « hoho » le sourire aux lèvres. Ce fut fuckin’superbe comme le déclara le chauve à la Flying V avant de nous souhaiter bonne nuit et de nous intimer l’ordre de rester lourd : on va suivre ce sain conseil c’est promis !

BLACK SABBATH

En pleine tournée d’adieu, les pères fondateurs du heavy metal sont venus à Clisson pour que le public français lui présente ses respects, une dernière fois. Et il était nombreux, massé devant la mainstage. Après une vidéo aussi ridicule que mal faite, Iommi, Butler, Ozzy et leur jeune batteur se présentent sur les notes inquiétantes mais célébrissimes de « Black Sabbath ». Le concert sera alors un grand moment de communion si l’on ne se formalise pas trop des effets vidéos pathétiques sur les écrans géants et du traditionnel et insupportable solo de batterie après “Rat Salad”. Ozzy est plutôt en voix, balançant, comme à son habitude des « God bless you all » et des « I can’t fuckin hear you » à tout va. Derrière, Iommi et Geezer sont solides comme les rocks qu’ils ont toujours été. La plupart des classiques y passent et « Paranoid » nous est bien évidemment servi en rappel. Un concert qui sera apparu comme émouvant aux nostalgiques et probablement amusant pour les autres.

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Et c’est en tous les cas sur ces derniers riffs cultissimes que se conclue le Hellfest 2016, une édition qui, cette année encore, aura enchanté (et fatigué) les desert-rockers que nous sommes (et que vous êtes probablement). Cet engagement de programmation à connotation stoner / doom / sludge / etc…, ancré dans la continuité, nous promet une affiche 2017 déjà appétissante… Pourra-t-elle dépasser celle de 2016 ? Déjà l’an dernier on n’y croyait pas, et pourtant… Donc on vous fixe RDV au même endroit dans un an !

 

Iro22, Chris, Laurent