Double chronique pour rendre honneur à Naxatras qui a honoré la francophonie de rien moins que 4 dates dans sa dernière tournée et a fait le bonheur de quelques festivaliers en plus ces dernières semaines…
BORDEAUX – 31/10/2018 (Void)
L’ambiance est aux festivités ce soir : non seulement les Make It Sabbathy sont toujours en pleines festivités (pour rappel, ils fêtent leur 50ème avec rien moins que… 4 soirées concerts, dont celle de ce soir est la troisième) mais en plus c’est Halloween ! Quoi que l’on pense de cette fête à large vocation mercantile, c’est toujours sympa de croiser des gens déguisés partout en ville et… dans la salle !! Un bel esprit, que l’on retrouvera toute la soirée.
Une soirée qui commence d’ailleurs fort bien avec les locaux de Tunks. Le trio pratique un stoner 100% instrumental, et ses chansons n’ont pas de titre mais… des numéros ! Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, on va pas vous la faire, l’ombre de Karma To Burn plane sur la petite scène du Void pendant les 45 min du concert… Mais ça fonctionne bien, et le public kiffe. Un public déjà bien nombreux d’ailleurs, ce qui fait plaisir à voir. Plutôt taiseux, les zicos regardent par ailleurs plus leur instrument que le public, ce qui rend la scénographie peu emballante… mais en même temps on n’est pas venus voir les petits rats de l’opéra, et côté riffs, on est plutôt servis. C’est d’ailleurs quand il y en a moins que la tension baisse un peu, témoin ce mid tempo poussif et laborieux, trop long, qui ne déchaîne pas les foules. C’est vraiment quand il rentre dans le lard que le trio remporte les suffrages, à travers ses titres courts et nerveux. Un peu plus “d’aisance” scénique, un peu plus de puissance et de gras dans le son de guitare, et un peu plus d’homogénéité dans les compos, et ce serait parfait !
C’est au tour de Sbonk de monter sur scène, un autre trio 100% instrumental (vous le sentez pointer du nez, le concept de la soirée ?…). Sauf que là, on est plutôt dans l’erreur de casting. On aurait dû le voir venir : il y a forcément quelque chose de louche à attendre de musiciens qui jouent avec leurs instruments au niveau du nombril. Bingo ! Le groupe évolue dans une sorte de rock expérimental où se mêlent des effluves jazz et funk, mais jamais le moindre soupçon de gras ne se répand de ces amplis malheureusement… On pense à Zappa, à Ron Thal dans son début de carrière, à Freak Kitchen parfois… On ne pourra pas dire que le groupe est mauvais, loin s’en faut, musicalement c’est solide. Mais pour le stoner head exigeant, ce n’était pas très enthousiasmant. Notons que le public apprécie toutefois (ils ont pas mal de potes dans l’assemblée par ailleurs).
Changement complet de matos sur la scène (oui, même la batterie) en à peine 20 minutes, et c’est donc au dernier trio instrumental de la soirée de monter sur scène. Et pas des moindres : Naxatras est très attendu, et le Void est désormais blindé, un phénomène aussi rare qu’appréciable, surtout pour récompenser la qualité de ce jeune groupe méritant. L’entame n’est pas des plus dynamiques en revanche, le public ne bouge pas trop, ambiance “culminant” (!) avec le sympa mais un peu plombant blues de “Downer”. Mais c’est avec un “On the Sliver Line” au groove désarmant que les choses commencent à prendre leur envol, pour ne plus jamais se reposer ensuite ! John Delias à la guitare a peut-être la prestance scénique d’un renard empaillé (bien aidé par un light show toujours aussi remarquable au Void, qui lui permet de se cacher à l’ombre du faible filet de lumière rouge qui éclaire vaguement le bout de ses baskets), il produit un jeu de gratte emballant et fait plus que le job. Il est bien aidé par un duo rythmique remarquable, dont se distingue le jeune John Vagenas, bassiste souriant et efficace, dressant un tapis de basse dense et mélodique. Notons que ses vocaux sont tout aussi pertinents. Le set déroule ainsi, devant un public conquis, souriant et dense, dans une ambiance torride. Le heavy psyche du trio cartonne ce soir, ça fait chaud au cœur ! Les titres défilent pendant une heure, où des riffs costauds se voient nappés de heavy rock psyche ou de space rock avec toujours une belle efficacité. Au bout d’une heure le groupe salue et quitte la scène dans une ambiance de fou ! Évidemment le public en sueur et extatique crie à gorges déployées le patronyme du trio grec pour un rappel qui apparaît logique et… rien ! Ils ne reviendront pas ! Une heure et puis s’en va. Leur set fut généreux dans sa densité mais trop court pour le public présent, chauffé à blanc… Mais on retiendra l’intensité de ce concert plus que le reste.
Laurent
PARIS – 01/11/2018 (Glazart)
À peine démaquillé de l’Halloween de la veille que l’on succombe déjà en ce jeudi premier novembre à l’appel du riff. Pour cette 31e programmation dans la capitale, Below The Sun nous propose ce coup-ci rien moins que Mr. Bison, Spaceslug et Naxatras. Et si ce cocktail se veut un tantinet plus planant que dévastateur, il ne laissera pas pour autant la fosse du Glazart indemne.
Une fois n’est pas coutume, le Glazart abandonne sa ponctualité chirurgicale et ouvre l’accès à sa scène vingt minutes après le supposé début des hostilités. Les gars de Mr. Bison se présentent sous les projecteurs dans le même temps et s’équipent pour déchaîner leur heavy rock aux ascendances psyché blues dans une salle encore bien trop fraîche. Quelques pépins techniques au niveau d’une des grattes retarderont encore un peu le départ, mais bientôt on prend enfin notre vague de riffs. Pas besoin de basse ici, deux guitares et un octaver garantiront le lourd groove plein de fuzz des Italiens et feront hocher les têtes et s’agiter les hanches. La symbiose se voit renforcée par un batteur d’une rare énergie pour qui distribuer des breaks à tarbasse semble constituer une seconde nature. En dépit des quelques larsens qui retarderont le départ d’un titre et l’exécution d’un solo, la team des Matteo nous sert une prestation impeccable et pleine de bonne humeur. La foule s’avère encore éparse en ce début de soirée, mais elle manifeste sans difficulté tout le bien que lui inspire le groupe. Petit bémol concernant les voix cependant. Il est tout bonnement impossible de les entendre au-devant de la scène. Encore une fois, il faudra reculer de quelques rangs pour pouvoir en apprécier la tonalité. Et sachant que les trois membres de Mr. Bison disposent d’un micro, on aurait tort de s’en priver.
Des musiciens qui chantent, Spaceslug en dispose également. Les membres originaires de Wroclaw en Pologne disposent chacun d’un micro, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’en seront servis. Après une longue préparation, ils nous emportent dans leur musique cosmique grâce à la belle « Proton Lander » issue de leur première production de 2016 : Lemanis. Entre psyché planant et gros stoner bien burné, on navigue. On se sent glisser dans les différents univers invoqués par le groupe. Puis, durant le refrain de « Living The Eternal Now », le guitariste Bartosz Janik demande à ce qu’on diminue le volume de son micro. Les réglages ne le satisfont à priori pas et il n’attend pas la fin du morceau pour manifester son désir de perfection. Il répétera sa requête entre chaque chanson ; ajoutant au passage quelques « check, one, two, check » qui auront pour effet d’agacer les plus impatients de la foule. Plus tard, c’est le batteur qui s’y met : « I beg you, more vocals in my monitor, please ». Hélas, il semblerait que la régie soit elle aussi partie en weekend prolongé, car rien n’y fait. Ces problèmes de son expliqueront aussi sans doute pourquoi la voix du bassiste sonne si faux tout le long du concert. Le malheureux ne doit sans doute pas s’entendre, du moins espérons-le. Malgré ces péripéties, le set s’avère loin d’être catastrophique et côté fosse ça bouge bien. On verra même quelques pogos naître vers la fin et finir de chauffer cette salle à présent brûlante.
Et ils sont nombreux les fidèles à venir acclamer les maîtres de cérémonie. Aussi humbles qu’à leur habitude, les membres de Naxatras montent sur scène et saluent ce public aux oreilles avides. Puis les portes du multivers psychédélique s’ouvrent et le voyage commence. Une itinérance portée tant par la mélodie vaporeuse d’une guitare spectrale faisant office de prophétesse que par la rythmique onirique dépeignant la toile de fond. D’un côté Kostas percute, toujours avec finesse, délicatesse et précision ; de l’autre John Vagenas vient broder son canevas hypnotique avec méthode. Les titres s’enchaînent comme un chapelet de perles appartenant à un ensemble bien plus grand, plus noble. « Sun is Burning », « On the Silver Line » puis « Waves » qui déclenchera une certaine ferveur dans la fosse… Très vite on s’aperçoit que l’exécution des morceaux relève de la perfection et rend un hommage saisissant aux versions studio. Et puis tant qu’à faire, autant servir ça avec un franc sourire rayonnant de sympathie. « I Am the Beyonder » vient finalement achever de convaincre les fidèles que le rock psyché ne connait ni frontières ni temporalité. Il est éternel, plein de puissance, de bienveillance et surtout magnifique.
L’atmosphère colorée finit par se déliter et la bulle éclate sans un bruit. On revient alors à la réalité avec un sentiment de mélancolie. Mais aussi de gratitude. Encore une fois, le bal orchestré par Below The Sun nous a permis d’effectuer de jolies danses.
Alex
Bonjour. Désolé. Bisous.