En ces temps faméliques pour tous gourmands de la chose live, la résistance s’organise sur le net, les groupes proposant de plus en plus de concerts en live via des plateformes de streaming. Le procédé fait débat et divise les fans. « Pourquoi payer pour une vidéo » se disent ceux qui ont le Youtube facile, « rien ne vaut l’incomparable sensation d’un vrai concert » argue le sensé. Oui. Oui mais cela fait désormais 8 mois que les salles se sont tues, et le spectacle vivant avec elles. Foutu virus. Alors lorsque Paradise Lost a annoncé proposer un Stream exclusif « At The Mill », un night club de Bradford, via la plateforme digitale Stageit, il nous a semblé important d’en être, pour voir un peu quelles sensations cela procure, de faire un concert sur son canapé.
21h, le casque sur les oreilles, le jogging Black Sabbath sous le plaid, une bière à la main et les copains sur Messenger, le concert peut démarrer.
Tout de noir vêtu, le visage fermé (les membres de Paradise Lost ne sont pas sur scène les plus joviaux mais pour le coup le stress est palpable), Nick Holmes et ses comparses ouvrent avec « Widow », premier extrait d’Icon. Le son est excellent, la résolution vidéo aussi (il est possible de la baisser pour s’adapter à votre débit). Le chat de la plateforme déborde de messages, l’opération semble être un succès. Seul Waltteri Väyrynen (ci désigné « le batteur », hors de question de réécrire une seconde fois son nom) voit son poste de travail adapté, puisqu’il joue derrière un plexiglass. Le son énorme, ample du groupe fait la part belle à la basse de Steve Edmondson, qui emplit l’espace sonore d’un son rond, un poil fuzzé. Le groupe propose ce soir 3 extraits d’Obsidian, joués lives pour la première fois (« Fall From Grace », « Ghosts » et « Darker Thoughs », les trois pépites de l’album) au milieu de titres plus attendus. C’est d’ailleurs là un peu le reproche à faire à ce concert : la set list est très classique, et courte, 50 minutes pour un ticket classique (10 dollars) et 1h20 pour le ticket VIP (15 dollars, suivi d’une session interview certes intéressante mais que l’on aurait aisément remplacée par « Hallowed Land » et « The Longest Winter »). L’absence de communication entre les morceaux aussi est dommageable (“mais pour parler à qui ?” me diriez vous, lorsque l’on ne peut avoir aucun retours du public ?), rendant ce concert certes excellent dans sa réalisation mais un peu sans âme, l’ajout de bandes enregistrées allant aussi un peu dans ce sens. Mais quels morceaux cependant ! « Faith Divides Us », « As I Die » et même le très dansant « So Much is Lost » issu de Host font à coup sûr chanter dans de nombreux salons d’à travers le monde.
Au final un excellent moment, sensation amplifié par l’effet de manque, malgré une ambiance un peu étrange et une set list convenue. De quoi se laisser tenter pour un autre Stream, en attendant que la vie, la vraie puisse un jour reprendre.
SET LIST
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- Widow
- Fall From Grace
- Blood And Chaos
- Faith Divides Us
- Gothic
- Shadowkings
- One Second
- Ghost
- The Enemy
- As I Die
- Requiem
- No Hope In Sight
- Embers Fire
- Beneath Broken Earth
- So Much is Lost
- Darker Throughts