Sans préparation, sans album à promouvoir (la tournée ‘officielle’ de ‘Rated R’ est depuis belle lurette terminée aux states), les Queens décident de gratifier L.A. de deux concerts (enfin un pour commencer, rapidement accompagné d’un second au vu de la vitesse à laquelle se sont vendus les tickets), comme ça, pour la forme, avant de s’en aller caresser les tympans des européens au mois de juin. Bref, ça fleure bon l’exceptionnel, l’évènementiel, et en pénétrant dans cette superbe salle (un ancien ‘ballroom’, avec lustres, balcon, moquette, parquet ciré…) on peut sentir l’excitation ambiante…
Deux groupes différents ouvrent les hostilités chaque soir : les excellents Bluebird (imaginez les Black Crowes, mais excitants ! A noter la guest appearance de Wayne Kramer des MC5) et Feel le premier soir, et les magiques Fatso Jetson puis Throw Rag (sorte de parodie de groupe ska-punk sans intérêt) le second.
Mais les maîtres de cérémonie ce soir sont Josh Homme et Nick Oliveri et leurs collègues / invités ; nul doute à ce sujet, c’est bien eux que tout le monde attend. Et dès les premières notes (‘Feel good hit of the summer’ bien entendu), tout le monde est sur les genoux, la bouche grande ouverte… L’attitude : tout est là. Oubliez James Hetfield, Lemmy, Slash ou Steve Harris, PERSONNE n’a l’air plus cool avec une guitare que Josh Homme ou avec une basse que Nick Oliveri.
Mais le plus incroyable reste la musique du quatuor (nouvellement quintette), et les chansons qui s’enchaînent sans temps mort sont là pour en attester. Enchaînant les morceaux rapides avec les morceaux les plus lents, les jams expérimentales psychoïdes avec les brûlots tendance punkoïde, les sections instrumentales aériennes avec les morceaux au chant le plus poignant, le concert avance sans le moindre point faible, sans que l’on ne puisse détacher ce stupide sourire béat de son visage. Niveau set list, évidemment une bonne portion de ‘Rated R’ est interprétée live (et sans éviter le cliché, c’est bien là qu’elles prennent une toute autre dimension), mais les amateurs du premier album des Queens en ont aussi eu pour leur argent, avec des morceaux plus anciens ré-arrangés, améliorés, ou transfigurés par des années d’usure sur la route. Mieux encore, même les fans hardcore du combo ont été gâtés, puisque les californiens ont interprété quelques titres rarissimes, comme ce jouissif ‘You think I ain’t worth a dollar but I feel like a millionaire’ ou encore ‘Eccentric Man’, (tous deux issus des mythiques Desert Sessions de Josh et consorts), ou encore ce ‘You’re so vague’, face B de leur dernier single en date. Et que dire encore de cette reprise hallucinée et disjonctée d’un vieux morceau peu connu de ZZ Top (‘Precious and grace’). Au cours de ‘Monsters in the parasol’, c’est ni plus ni moins que le légendaire Chris Goss (Masters Of Reality, et producteur des Queens et de Kyuss) qui monte sur scène pour chanter ; et surtout, au cours d’une bonne demi-douzaine de chansons, Mark Lanegan fait son apparition sur scène comme chanteur du combo (sa première apparition officielle en tant que tel), et même si le bougre se révèle être le plus mauvais frontman de la planète (il ne fait que tenir son micro à deux mains et chante devant, les yeux fermés, immobile), il apporte aux chansons une émotion incroyable. Etonnant de voir même lors de ces morceaux Josh et Nick s’effacer un peu ‘scéniquement’, et surtout Josh se concentrer uniquement sur ses somptueuses parties de guitare ; les chansons en ressortent largement grandies. Et que dire du batteur Gene Trautmann et du multi-instrumentiste Brendon McNicholl, parfaits, discrets et efficaces…
Le concert est ainsi rempli de moments forts… Ou plutôt LES concerts, car c’est bien deux concerts radicalement différents que les Queens ont donné en deux soirs : une set list à géométrie (très) variable leur permet par exemple d’insérer le premier soir une version d’un bon quart d’heure de ‘You can’t quit me baby’, orgasme instrumental s’il en est, ou ce duel harmonique guitare/lap guitar sur ‘Regular John’, ou bien ce ‘Ode to Clarissa’ imparable et furieux, ce ‘Born to Hula’ à la rythmique méconnaissable le second soir, ou bien encore… Attrapez-moi la set list ! Tous les morceaux ! J’ai vu plus d’un concert des Queens jusqu’ici, et sans conteste, QOTSA était ces deux soirs sur un nuage, très-très haut, inaccessibles. Sans hésitation, deux des plus grands concerts que j’ai vus de toute ma vie. Point barre.
Set-list
23 mai
Feel Good Hit of the Summer
Avon
You Would Know
You Think I Ain’t Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire
Better Living Through Chemistry
Quick and to the Pointless
Leg of Lamb
Auto Pilot
In the Fade
You’re So Vague
Monsters in the Parasol
The Lost Art of Keeping a Secret
You Can’t Quit Me Baby
Regular John
Ode to Clarissa
Precious and Grace [Z.Z. Top]
Walkin on the Sidewalks
24 mai
Feel Good Hit of the Summer
Regular John
Tension Head
Monsters in the Parasol
I Think I Lost My Headache
Leg of Lamb
In the Fade
Auto Pilot
You’re So Vague
Avon
Quick and to the Pointless
The Lost Art of Keeping a Secret
Walkin on the Sidewalks
Ode to Clarissa
Precious and Grace [ZZ Top]
How to Handle a Rope
Mexicola
Better Living Through Chemistry
If Only
Born to Hula
Laurent