Ce jeudi 23 avril, le Grand Mix est le lieu de transhumance privilégié pour les barbus de tous poils (les blonds, les bruns, les roux, les cendrés, les belges, les français, les francophones, les néerlandophones et les barbues femelles). C’est en effet aujourd’hui que les quatres branleurs (au sens affectueux du terme) les plus connus d’Oregon débarquent à Tourcoing pour venir défourailler les guitares, nous abrutir de musique qui tâche et nous abreuver de kitchissimes T-shirts sur leur stand merch.
En attendant les stars interplanétaires de Portland, il fallait être bien informé ce soir pour connaître le nom du groupe de première partie. En effet, les lillois de The Lumberjack Feedback n’économiseront pas leur salive en présentations et autres divagations. Le quintette instrumental n’a qu’un seul but : envoyer le bois avant que les bûcherons de Red Fang ne s’attaquent à la foule du Grand Mix et le débitent à la tronçonneuse.
Les lillois et leurs deux batteurs vont marquer d’entrée de jeu le public au fer rouge avec un doom ultra-puissant servi par un son implacablement lourd et un jeu de lumières quasi-hypnotique. Ce ronflement énorme de basse servi par une double rasade de frappes dignes d’un Mike Tyson prend tellement aux tripes que même les bouchons d’oreilles s’avèrent inutiles. La musique du combo rampe, s’infiltre par tous les pores de notre corps.
Le bien nommé « A Whisper to the thunder » démontre à lui seul la plus-value apportée par la double-batterie sur cette montée finale tantôt synchrone, tantôt alternée. Du grand-art qui contribue à malmener l’auditoire pendant la totalité du set et à le mettre en transe.
Le rouleau compresseur lillois a à peine quitté la scène que les joyeux Red Fang s’improvisent roadies et viennent caler eux même leur matos, coller les setlits et dégoupiller quelques bouteilles d’eau sur la scène. Ambiance bon enfant et « no prise de tête ». Nous avons donc jsute le temps de nous ravitailler au bar pour nous remettre de nos émotions doomesques.
Servis par deux chanteurs aux timbres opposés, le groupe de Portland pioche allégrement dans son catalogue et alterne le brutal (beuglé par Bryan Giles) et le catchy (distillé par Aaron Beam). Ce dernier fait le show en balançant son immense carcasse comme un dératé entre son micro et la batterie (à ce stade là, nous sommes au-delà du headbanging traditionnel !) et en interpellant le public dans un français parfait.
Comme prévu (et malgré un son faiblard sur le micro de Beam), l’ambiance monte d’un cran et le taux d’humidité s’envole quand, au trois quarts du set, David Sullivan balance l’intro de « Wires » qui ouvre la brèche pour les adeptes du stage-diving. Autre morceau et mêmes conséquences : « Prehistoric Dog », véritable hymne repris en choeur par la majorité d’un public moite de sueur et ivre de bonheur (et de bière également). Le groupe de Portland se targue même d’un nouveau morceau (dont on ne connaîtra malheureusement pas le titre) qui poutre comme du Red Fang et laisse augurer un prochain album de bonne facture.
Pour le rappel, les quatres lascars de Portland reviennent plus enragés que jamais et montrent les crocs sur un enchaînement fatal « D.O.E.N. » / « Hank is Dead » qui fait déjà de cette soirée bûcherons un des grands moments live de 2015.
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