Après une édition 2019 ambitieuse et haute en couleurs (Radio Moscow, Temples, Electric Moon, Slift, etc…) le COVID a eu raison du dynamisme de l’orga et a coupé les jambes des éditions suivantes, pourtant prometteuses… C’est donc avec un grand plaisir que l’on retrouve la même équipe redonner vie à cet événement du rock psyche sous toutes ses formes, toujours à Bordeaux, et avec cette année un lever de rideau dans une autre salle, les Vivres de l’Art, en bord de Garonne.
GUADAL TEJAZ
On rejoint donc ce haut lieu de la culture bordelais (une belle salle de concert, bien décorée, une cour extérieure pleine de structures fun et sculptures métalliques et autres…) dans une ambiance propice au chill absolu (coucher de soleil, DJ set crépusculaire, météo tee shirt / short, sourires…). On empoigne une blonde (une bière, esprits mal tournés !) et on rejoint la belle scène alors que Guadal Tejaz crache ses premiers décibels. On se laisse rapidement emporter par le groove des rennais, qui mêlent une énergie garage limite punk avec une base rythmique lancinante qui confère une tonalité psyche incontestable à l’ensemble. Scéniquement, on s’ennuie pas non plus, avec le guitariste et le bassiste s’échangeant occasionnellement leurs instruments, le batteur se calant derrière un pupitre pour lancer des séquences électroniques plutôt que frapper ses futs, et un frontman déjanté. Original et séduisant.
GIÖBIA
Même si l’on connaît un peu plus le quatuor nord-transalpin, la perspective de les revoir sur scène nous ravit tout autant. Il ne faut pas longtemps pour plonger tête baissée dans le piège de leur psych rock hypnotique et se laisser emporter par les plans hypnotiques développés par le groupe. Beaucoup de fumigènes, des lights discrets, et un ensemble musical soutenu par une base rythmique lancinante aux confins du kraut rock, ce sont les secrets des meilleurs passages de ce concert. Le groupe s’appuie sur des extraits de la plupart de ses disques (assez équitablement couvrant un large pan de sa discographie) et parvient assez souvent à nous emmener très loin, de véritables moments de grâce où le public, sourire aux lèvres, se laisse volontiers emporter… Quelques passages inégaux (quelques leads un peu dissonants, des fins de morceaux un peu brutales, des passages moins efficaces…) laissent miroiter une petite marge de progrès pour le groupe, mais ce set fut une pure réussite, et un nouveau signe que Giöbia est un groupe avec lequel il faut désormais compter dans la scène de pur psych rock.
MARS RED SKY
S’il est un groupe qui n’a pas chômé pendant la crise COVID et a tout fait pour continuer à défendre sur scène son dernier album, c’est bien le trio bordelais Mars Red Sky. Actif sur la plupart des scènes françaises et européennes depuis plusieurs mois, le groupe apparaît donc rodé et solide dès ses premiers accords. Le fait de jouer “à la maison” donne aux régionaux de l’étape (et au public) de grands sourires dès l’ouverture du set avec le classique “The Light Beyond”. Il faut dire qu’avec 4 albums désormais sous le bras, le groupe peut effectivement se targuer de sélectionner bon nombre de “classiques” (et se permettre même d’en zapper certains) pour composer ses set lists, ce qu’il ne manque pas de faire ce soir. Pour autant, le groupe a un dernier (bon) album à défendre, et le fait avec efficacité, en y consacrant presque la moitié de sa set list (mention spéciale aux très efficaces “Collector” ou “Crazy Hearth”). Pour autant c’est avec ses plus anciens titres que le trio cartonne le plus, avec en particulier un “Strong Reflection” absolument dévastateur, propice à un enthousiasme étonnant du côté du public (on y observera plusieurs slams). Pour autant, musicalement, tout passe crème, mené par des zicos sûrs de leur fait, en maîtrise : en sus de la base rythmique (et mélodique) colossale, rigoureuse et carrée, Julien délivre non seulement des leads inspirées mais aussi des lignes vocales sans la moindre fausseté. Le public, nombreux, ne s’y trompe pas et goutte chaque note de guitare avec ravissement, jusqu’au bout du set, qui se termine par un mérité torrent d’applaudissements.
Plus d’une heure plus tard on quitte donc la salle rasséréné, souriant, avec le sentiment que l’on aurait eu bien tort de rater cet événement et en particulier cette affiche. Merci au Sidéral Fest !