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STONED JESUS (+ Glowsun + Somali Yacht Club) – 18/11/2019 à Paris (Alhambra) & 19/11/2019 à Rennes (Antipode MJC)

Paris- 18/11/2019 (L’Alhambra) par Alex.

C’est avec une saveur particulière que nous nous dirigeons vers l’Alhambra ce soir ; de l’excitation bien sûr, mais aussi un peu de tristesse. La tournée Sound of Libération Sonic Ride, annoncée depuis longtemps, souffre de l’abandon de My Sleeping Karma. Après avoir déjà annulé plusieurs festivals cet été, le groupe se voit également dans l’obligation de renoncer à sa pérégrination d’automne pour raison médicale. Un coup dur pour eux comme pour les fans qui, espérons-le, continueront à montrer leur soutien. Côté hexagone, il revient à Glowsun de remplacer MSK pour les trois dates prévues. Flanqués des trios d’Ukrainiens Somali Yacht Club et Stoned Jesus, les français comptent bien se montrer à la hauteur de nos attentes.

Somali Yacht Club

Devant un contingent plus qu’épars en ce début de soirée, Somali Yacht Club grimpe sur scène. Et premier constat, cette dernière se révèle sacrément large, tout comme le reste de la pièce, d’ailleurs. À tel point qu’elle fait apparaître les Ukrainiens comme trois musiciens solitaires, chacun isolé dans son coin. On se rappelle alors que l’Alhambra est un théâtre avec de quoi accueillir quelque 600 spectateurs, une mezzanine, et que son acoustique ne va pas desservir la cause. Le trio ouvre donc sur « Up in the Sky » pour un petit set de quatre titres.

Somali Yacht Club

Mélange entre calme et bonne humeur, ils déroulent sobrement un rock psyché à tendance shoegazing qui rameute peu à peu les foules à l’intérieur. Une fois cette audience attentive, Mez introduit la fameuse « Sightwaster » en précisant ‘Do not do drugs, but if you have some, do it now’, histoire de mettre tout le monde à l’aise. Ce morceau aux multiples visages commence à remuer les corps et d’une manière générale, en dépit d’une basse un poil trop forte au début, le set s’avère très correct. On enchaîne ensuite sur l’album The Sea avec d’abord « 84 Days », pleine de profondeur, puis la superbe « Vero », qui avec ses quasi douze minutes de balade détient (presque) de quoi rassasier une foule en demande croissante.

 

Glowsun

Si la première partie de soirée rimait avec introspection et sobriété, la suite que propose Glowsun arbore une facette nettement plus énergique. Très peu de chant ici, mais ce n’est apparemment pas nécessaire. Le propos est inscrit dans la puissance du riff, les idées portées par le galop de la basse, les arguments martelés sur les fûts et criés par les cymbales. La rythmique est incisive et ce sont littéralement des mandales auditives qui sont distribuées par les mecs de Lille. Johan ne reste pas en place plus de temps que le requièrent ses interventions sur pédalier, et il n’est pas rare de le voir poser les deux pieds dessus. Ronan de son côté écarte tant les jambes qu’on croyait qu’il franchit une barre de limbo invisible. Quant à Fabrice, dont le choix du T-shirt Powder For Pigeons mérite d’être salué, il grimace sous la transe dont il fait l’objet. Ce savant cocktail nous hypnotise, à l’image de cette perche micro qui, ayant basculé pour se coincer sur un projecteur en rotation, se retrouve à lentement osciller, prisonnière d’un mouvement dont seul le groupe détient le contrôle. Le set défile trop vite et c’est déjà le temps de la dernière. « Arrow of time » arrive comme notre ultime chance de profiter de l’énergie de Glowsun avant que la magie se dissipe. Une chance qu’aucun des zouaves présents dans la salle n’osera laisser passer.

 

Stoned Jesus

Pour le final de ce lundi, nous accueillons sur scène Stoned Jesus. Un trio qui, comme toujours, est très bien reçu par le public parisien. À son habitude, le frontman Igor Sidorenko chauffe la salle, balance des petites blagues à droite à gauche, nous parle de sa guitare. Pendant ce temps-là, son bassiste peut tenter de régler ses problèmes d’ampli ou de pédalier qui lui valent de crachoter par intermittence dans le caisson ou de ne carrément rien sortir du tout. Malgré ce léger tracas, les badauds ne perdent rien de leur enthousiasme. Et lorsque les premières notes d’« Electric Mistress » retentissent, le pit jusque là très pondéré explose comme un baril de poudre. Avec « Indian », même tarif, le premier rang se retrouve pris en étaux entre la scène et la bande de dégénérés qui s’animent derrière. Ça se jette de partout. Chaque titre, qu’il provienne d’un vieil album ou bien du récent Pilgrims, reçoit un accueil chaleureux. Pas de doute, on a affaire à un public d’initiés, n’en déplaise aux détracteurs du trio. « Black Woods » déchaîne à son tour les passions, puis un « Bright like the Morning » rendant hommage à My Sleepong Karma vient un peu calmer le jeu. Tendance que vient sans surprise inverser l’incontournable « I’m the Mountain » pour le final. Morceau dont la moitié des lyrics raisonnent dans toutes les bouches de l’Alhambra. Question interaction avec le public, on ne peut nier que Stoned Jesus sait faire le taf. Entre les interventions du frontman, son jeu et ses regards échangés sur « Apathy », les slams à répétition du bassiste durant ce rappel, et le fait qu’Igor me pique ma casquette pour la porter sur l’un de ses solos, on en a pour notre argent. La foule s’avère tellement conquise qu’elle en redemande. Bien que l’on connaisse l’astuce désormais, on est content d’assister à un second rappel. Surtout avec la dévastatrice « Here comes the robot » qui achève pour de bon le set avec, comme de rigueur, Igor et Victor slamant sur les premiers rangs.

Stoned Jesus

On le sait, il ne doit pas exister d’exercice plus difficile pour les organisateurs de tournée que celui de remplacer un groupe phare au dernier moment. Et pourtant, si l’on observe un instant les radieux sourires du public sortant de l’Alhambra, on se dit que SOL a tiré le bon numéro.

 


Rennes – 19/11/2019 (Antipodes MJC) par Sidney.

Même avec une affiche dégradée par la perte des admirables My Sleeping Karma, je reste motivé pour me rendre à Rennes et voir sur scène Somali Yacht Club et Stoned Jesus. Les premiers parce qu’ils me semblent mériter à plus d’un titre le coup d’oreille et d’œil, quant aux seconds parce que je n’ai jamais eu l’occasion de les voir sur scène (aussi bizarre cela puisse-t-il paraître j’ai toujours réussi à être indisponible lorsqu’ils passaient à portée de moi.). Autant vous dire que lorsque Garmonbozia et SOL ont fait savoir que le plateau serait complété par Glowsun, j’en était tout à ma joie. Donc un coup de boogie van plus loin, nous voilà entrant dans l’Antipode MJC une salle de concert respectable du haut de ses 450 places et de sa configuration sans fantaisie architecturale.

 

Somali Yacht Club

 

C’est un grand moment de sobriété auquel il nous est donné d’assister alors que Somali Yacht Club monte sur les planches. Le trio se pose plein de concentration et sans effet de emmanchait sonner les premières notes de son set. Impossible dès lors de passer à côté de la console à gauche de la scène et celle au fond de la salle, côté matériel, ça devrait envoyer et la sentence tombe très vite, les jeux de lumières dans les halos de fumées jettent leur jus. Une belle mise en scène qui vient combler le manque d’excentricité du groupe. Coté balance c’est un pur régal, situé devant la scène ou à l’arrière de la salle le public peut jouir d’un travail de haute volée, rien ne semble corrompu, il est même possible de retirer par instant ses bouchons d’oreille sans souffrir (Restons prudent tout de même sur ce point, la limite haute ce soir flirte avec les 102 décibels réglementaires plus d’une fois et il faut pour les petites natures comme moi remettre rapidement ses protection)

C’est donc nanti de l’arme redoutable qu’est l’ingé son du lieu que Somali Yacht Club déverse ses boucles aguicheuses avant de s’orienter sur l’ envoutant “Sightwaster”  où le Dub s’invite dans le monde du Stoner. Le public peut s’envoler happé par les halos de lumières aux milieux de volutes de fumée, porté par les sonorités organiques du trio. On retiendra surtout la subtilité de la basse qui arrive à se faire tenue, fondue dans une nappe de chorus, un batteur assuré qui sort du temps et y revient sans aucun effort et un chant qui aura su être aussi mélodieux qu’hurlé quand il le faut.

Le Set passe malheureusement à la vitesse de l’éclair et c’est déjà l’heure de quitter la scène pour les Ukrainiens. Le public aura eu le temps cependant de venir se masser dans la salle, fort à parier qu’il ne sont pas nombreux ceux qui ont demandé le remboursement suite à l’annulation de My Sleeping Karma.

 

A peine le temps d’une bière et de débriefer sur le  premier set qui semble avoir convaincu tout le monde que c’est l’heure de retourner s’accrocher à la scène de l’Antipode MJC.

Glowsun

 

Si les apparitions de Glowsun sont moins rares que leurs sorties d’albums (Le dernier remonte à 2015) il faut admettre qu’il ne s’agit pas du groupe qui sillonne l’Hexagone tous les quatre matins. C’est donc un réel plaisir que de venir de nouveau prendre les bonnes vibrations que procurent leur musique.

Les Lillois sont accueillis par quelques cris qui laissent supposer que des supporters de choc se trouvent dans la salle. On aura donc pu dès le début du set fonder un bel espoir sur l’énergie qui se dégage de la fosse.

Le trio livre ce qu’il fait de mieux et les riffs de “Arrow of Time” ou de “Behind the Moon” ont de quoi porter l’assistance. Tantôt oriental, tantôt tribal, Glowsun fait péter les riffs les plus métal et les plus efficaces alors que Johan bouge comme possédé. Le public entre pour une part en transe. Sous les coups de boutoir de Fabrice derrière ses fûts. On assiste ce soir à un set rodé où les mélodies font 80% du show, les 20% restants étant sans doute grandement à chercher du côté de la console une fois de plus dont le travail remarquable permet de maintenir la qualité du set précédent

Une fois de plus Glowsun remporte une victoire et convainc par son professionnalisme autant que par son talent. Et même s’il est évident que la salle aurait pu se montrer plus vivace, le trio va laisser derrière lui une bien belle impression.

 

Alors que débute le dernier set, avec une tête d’affiche d’opportunité j’admets ne pas être dans un état d’esprit des plus ouverts. En effet, je l’ai dit, j’attends depuis assez longtemps de pouvoir me faire un avis sur Stoned Jesus en concert.

Stoned Jesus

 

Autant vous dire que tout à très vite dégénéré. L’excellence de la balance du début de soirée a été mise à mort et c’est un son terne par rapport à ses prédécesseurs que livre le trio qui attaque son set. Les compositions me semblent fades aprés ce que j’ai pu ressentir avec les deux groupes précédents et alors que doucement je décroche, je me demande s’il est bien légitime que Stoned Jesus ait eu la vedette même accidentellement. L’humour potache qui entrecoupe les morceaux ne parvient pas non plus à me rendre à la fête ni à me faire plus patient.

Je me tourne donc vers le public et je concède que  je dois me tromper quelque part, en effet, les spectateurs amassés ce soir sont galvanisés par le show et on sent bien que les 10 ans d’existence de Stoned Jesus les ont bien servis. Ils ont su s’approprier une fan base conséquente et motivée. Alors je me dis que je suis sans doute un peu dur, que les pastilles bluesy que j’arrive à capter de-ci de-là adjointes à une culture pop presque assumée font que non, Stoned Jesus ne fait pas les choses sans habileté mais je trouve dommage qu’un titre du concert serve à revenir sur les démos des débuts, je n’ai réussi qu’a capter la brutalité de la chose et non la beauté brute de l’acte sans doute. Pour autant les gars connaissent le jeu et vont clôturer la fête avec “I’m The Mountain” et “Here Come The Robots” les titres les plus attendus et qui vont encore faire monter d’un cran la température de la salle. Allez, je suis bon prince, je me désincarne pour que vous sachiez ce qu’il en était vraiment et je vais vous traduire ce que j’ai pu entendre au sortir de la salle: “C’était un super concert, une énergie incroyable et un groupe communiant avec son public, un pur régal.”

Pour ma part, je pense partir en retraite dans un grotte et réfléchir à mon manque de gout évident.