SYLAK Open Air Festival (General Cluster, Church of Misery, Red Fang,…), 10 août 2014, Saint Maurice de Gourdans

Clisson, Saint Maurice de Gourdans. Il semblerait que pour viser la qualité il faille taper dans du ptit bled. Parce que ce que j’ai vu ce week-end relève du futur grand festival métal de la région Est (au sens large, bien évidemment). Voilà 4 ans maintenant qu’une bande de passionnés s’est donné pour but de faire résonner la morne plaine de l’Ain au son des guitares et autres joyeusetés gutturales. Force est de reconnaître que le pari est de loin gagné puisque pour sa quatrième année (seulement) les gonzes ont fait venir Gojira, Phil Campbell, Red Fang entre autres. Un festival éclectique, sympathique, électrique et pleins d’autres mots en « ique ».
Bien évidemment nous allons nous concentrer sur la programmation stoner du festival qui occupait une part importante en ce dimanche ensoleillé mais pas trop.

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C’est donc sur un site arboré très agréable qu’est implanté le festival. La config du lieu confine à la bonne ambiance et les dimensions scène/parterre augure de bonnes interactions entre les groupes et le public. Un tiercé régional va se charger d’ouvrir cette dernière journée de festival. Il est 11h25 quand commence le set des Space Fisters. Le groupe développe pendant ½ heure des compos audacieuses alternant passages psychés et blast stoner massif. L’ossature basse-batterie tient la route et tant mieux puisque la gratte, complètement étouffée dans le mix, ne se laissera pas apprivoiser du set. Un concert prometteur qui donne envie de revoir le groupe dans une config moins ouverte pour en apprécier les talents. Pas le temps de siffler la moitié d’une bière de poney que Flayed, un combo rock’n’roll allume la mèche. Pas stoner, non, mais leur patate, l’écriture simple et directe des morceaux, l’interprétation poilue de leur set permet d’en-magasiner de l’énergie et de la bonne humeur pour la suite du festival. Un rock énergique et orgue hammondé qui chauffera le plateau comme il se doit pour General Cluster. La formation complète le panier déjà bien garnis de spécialités régionales par un gros southern rock qui tâche. Le groupe est heureux de faire une plus grosse scène que d’habitude et cela se ressent. Même si l’enjeu spatial semble étouffer un peu physiquement le combo, cela ne les prive pas d’envoyer du riff gras, d’appuyer la corde de Mi façon pachyderme et d’essuyer les frettes de grattes au cambouis. Ils auront fini de me dérouiller la nuque. Parfait échauffement pour les deux tartes stoner que le Sylak allait nous sortir du four plus tard !

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Parce que faire venir les deux entités suivantes relève du bon goût et d’un savoir-faire certain en terme de programmation. Une alliance subtile entre le heavy, le mainstrean, la prise de risque et la qualité. Pas le temps de se reposer que déboulent sur scène les japonais de Church of Misery. Une leçon de « savoir-doomer » qu’ils vont nous balancer les bougres. Et de prouver qu’on peut être gaulé comme des pompes à vélo, jouer de la basse et se gratter les genoux sans se baisser et être sexy en diable. Le potentiel érotique du quatuor est décuplé par un doom aux accents terriblement 70s, une maîtrise parfaite des codes du genre doublé d’un son de porc, d’un chant guttural et profond, mâtiné de Korg analogique et coquin. Le guitariste se fend de solos décontractes et groovy. La basse est énorme et les sourires communicatifs. Les puristes sont ravis et les néophytes aisément conquis par la qualité musicale proposée par l’église du soleil-levant. ½ heure de set et puis s’en va. Autant vous dire que la frustration est à la hauteur du show qu’on vient de se prendre dans les esgourdes. Qu’à cela ne tienne. J’écoute les concerts suivants de loin, assis dans l’herbe, un hot-dog dans une main, une « poney-beer » dans l’autre, me préparant mentalement et physiquement à accueillir les quatre cavaliers de l’Oregon.

Une balance rapide, du poilu souriant, un cauchemar à Bic une lame, Saint-Maurice-de-Portland. Red Fang commence pied au plancher, un gros son heavy dans la face. Le public est déjà chaud bouillant, le set va être abrasif. Piochant dans toutes leurs productions, faisant tout de même la part belle au dernier « Whales and Leeches », le stoner des américains va nous retourner. La force du Fang c’est de mêler du refrain catchy, de la mélodie accrocheuse et toujours un je-ne-sais-quoi de dissonant, d’improbable, dans ses compositions. On voit ainsi un public, poing levé, hurler « turn it up » sur « Blood like cream » puis devenir complètement cinglé sur les parties heavy de « Wires ». C’est beau, ça pogote, ça slame, un gamin nage sur la foule, marteau en mousse à la main, ce qui décoche de larges sourires sur le faciès du chanteur. Les 50 minutes de set sont éreintantes, portées par une interprétation sans faille, et une maîtrise dans les chants et les chœurs quasi-parfaite. Ça n’était pas le point fort du groupe mais là, la gifle est totale. Et de finir sur « Prehistoric Dog » bien sûr. Un Wall of Death se créé de lui-même, le public n’est plus que lave en fusion, c’est violent et magique, ça sent la sueur et la poussière. Red Fang repart, nous laissant pantois et à court de souffle. Monstre concert.

Il est temps pour moi de repartir. Je me dois de remercier le Sylak Open Air Festival pour sa programmation, son organisation, son attention de tous les instants pour le public et son professionnalisme. Ce fut un dimanche avec de belles rencontres, de bonnes découvertes, des sets uppercut, et une ambiance familiale, conviviale, parfois triviale et pleins d’autres mots en « ale ». Bravo.

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