Ça commence à sentir la rentrée cette histoire ! Les festivals d’automne occupent tous les week-ends, et les tournées annoncées depuis quelques mois se matérialisent un peu partout dans l’hexagone et autres pays limitrophes. C’est dans ce contexte que les plutôt rares The Atomic Bitchwax gratifient la France de trois jolies dates en headliner, dont cette soirée en banlieue bordelaise, dans cette petite mais impeccable salle Sortie 13.
Pas de première partie (c’est dommage, il y a pas mal de formations locales qui auraient apprécié, sans doute, de partager les planches avec ce groupe culte), on a donc juste le temps de papoter un peu et on est jetés direct dans le bain, à l’heure prévue, où l’assistance vient garnir en quelques minutes la petite salle. Même s’il n’y a pas des centaines de personnes, la capacité de la salle est parfaitement adaptée – pour un groupe qui a peu tourné en Europe dans sa carrière, et encore moins en headliner, prétendre à une plus grosse affluence ne serait pas raisonnable.
Quoi qu’il en soit, le groupe se chauffe sur une instru dérivée du “Frankenstein” de Edgar Winter en mode énervé, pour enchaîner direct, à son habitude, sur leur standard catchy “Hope You Die”. Le son est impeccable, et les gars sont en grande forme : ça joue, voire, comme me le souffle mon voisin dans l’assistance, “ça tricote”. La dextérité des musiciens est bien connue et documentée, et les voir sous nos yeux ne fait que nous le rappeler : Garrett Sweeny, le “petit nouveau” lead guitarist de Monster Magnet depuis quand même une douzaine d’années (!!) est un brillant soliste, peu démonstratif, mais d’une efficacité redoutable. Peu d’effets, peu de digressions, peu de gesticulations, mais du riff du riff du riff, et au milieu, des soli-éclairs, véloces et percutants. De l’autre côté de la scène, l’ineffable Chris Kosnik, désormais ancien Monster Magnet (il y a été remplacé par le discret Alec Morton ces dernières années) ne se dépare pas de son éternel sourire, et délivre entre chaque titre quelques bons mots au public, vannes bon enfant et contextualisations bienvenues de certaines chansons. Son jeu de basse, entre groove de forcené, mélodiste hors pair et technique impeccable (il faut voir les doigts de sa main gauche danser sur les cordes…), vient faire un lien parfait entre les leads de Sweeny et la pure rythmique, où il est épaulé par l’impeccable Bob Pantella, machine à rythme indéboulonnable. Techniquement, ça se plante là, mais sans démonstration, toujours au profit de brulots stoner jams nerveux et acérés, taillés pour le live, pleins d’énergie, de riffs glorieux et de soli météorites.
Côté set list, on ne va pas tergiverser, on est dans du “best of” ce soir, et le groupe étant si rare en concert, on ne va pas s’en plaindre : on est venus pour prendre du pur Atomic Bitchwax, on a exactement ce qu’on voulait. On a donc “Forty-Five” avec son gros riff soul-70’s et Kosnik au micro, les deux furieuses instru “Ninja” et “War Claw” autour du thème du King-Fu, la très Earthless “Kiss the Sun”, et le groovy “Liv a Little” pour finir le set… Enfin pas vraiment, après 50 minutes, les gars vont prendre une bouffée d’air frais et reviennent pour une paire de titres, dont le furieux standard “Shit Kicker” en conclusion – avec un discret dernier petit rappel riffique d’Ed Winter pour quitter la scène !
Une petite heure pour faire le job, et le groupe quitte la scène devant un public ravi. La durée du set était nickel finalement : au vu de l’énergie dépensée par le groupe, et de la vitesse d’interprétation, une quinzaine de titres ont été joués, largement de quoi repartir avec des souvenirs plein les cages à miel ! Sitôt sortis de scène, les gars vont dans la zone bar / merch / chill pour papoter avec le public, signer des skeuds, et finir de ravir un public qui n’en attendait pas tant pour clôturer cette excellente soirée.