UP IN SMOKE 2014 – Jour 2 (Kadavar, Brant Bjork, Dozer, Mars Red Sky…) – 4 octobre 2014 – Pratteln (Suisse)

Après une courte nuit pour certains et une nuit de débauche encore plus courte pour d’autres, le temps libre de ce samedi matin était compté puisque les festivités débutaient dès l’heure du repas de la mi-journée. C’est donc très tôt – et munis de moult boissons énergisantes – que nous nous rendons à l’heure du lunch sur le site du festival après avoir croisé dans la zone des musiciens, des promoteurs du stoner et des spectateurs. A mi-parcours, les avis sont unanimes : tout se déroule comme sur des roulettes et nous nageons en plein bonheur si ce n’est des effluves industrielles encore plus nauséabondes que la veille qui planent dans l’air.

 

NO MUTE

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Il revient à No Mute, une formation suisse-alémanique, d’ouvrir les feux pour cette deuxième journée de fête et il convient de constater que l’ensemble des festivaliers n’a pas eu notre facilité à s’extirper des bras de Morphée. Ces représentants de la région ne s’offusquent point de la situation particulière dans laquelle ils se trouvent : celle de jouer en ouverture, à l’heure du repas, devant un public encore peu nombreux dont une frange non-négligeable est plus concentrée à s’employer à remplir son estomac ainsi que son gosier plutôt que de hocher du chef devant la petite scène. Le quatuor envoie son hard old-school et se paie le luxe d’échanger dans le dialecte régional avec les premiers rangs. Le style n’est pas révolutionnaire, mais la prestation fort sympathique. Après une demi-heure, le groupe tire sa révérence en ayant laissé une impression agréable aux rockers.

BLACK WILLOWS

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Les suisses de Black Willows prennent place ensuite sur la main stage. Surprise, c’est sous forme de trio que nous voyons débouler les trois lascars. Exit la deuxième guitare et place donc à la formule hautement risquée du saint triptyque rock qui ne permet aucune erreur. Nous nous demandons comment va raisonner leur « Haze » sorti en 2013 et ré-édité cette année en vinyl, l’album empilant les strates de psychédélisme et sonnant gros comme un camion. Et bien pour faire un parallèle, nous comparerons leur live avec l’effet sinusoïdale d’un champignon tout mignon appelé « mexicain ». En effet quand le trio trouve sa carburation, que la mise en place ne souffre d’aucune hésitation, les compositions de Black Willows vous emmènent loin, trèèès loin. Voix lointaines, basse hypnotique, batterie d’orfèvre s’imbriquent, se mélangent de manière orgiaque, vous portent à des années lumières de la Z7 Konzertfabrik. Mais à l’instar des effets du petit psychotrope, vous redescendez régulièrement de votre trip, la faute à des approximations de mise en place dues certainement au changement de formule. Plus tard, backstage, le groupe nous confiera avoir eu des retours mal réglés, ceci ajoutant pas mal de problèmes évidemment à leur écoute. Quoi qu’il en soit, malgré ce bémol, les suisses ont assuré et nous ne manquerons pas de les revoir, avec l’espoir qu’ils nous perchent encore plus haut.

HELLROOM PROJECTORS

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Le moment de nous extirper de la zone sombre est revenu et nous reprenons le chemin de la Side Stage pour une deuxième formation issue de la partie germanophone de la Suisse. La bande de Winterthour, en pleine forme, balance son heavy rock aux accents southern pour le plus grand bonheur d’une population de connaisseurs qui s’est massée devant l’estrade. Le dialogue s’installe rapidement entre leur velu chanteur à bandana et les premiers rangs. Quand on connaît l’antagonisme légendaire entre la région zurichoise et la région bâloise, on savoure les quolibets bienveillants qui meublent les instants de répits séparant les morceaux. Le rock sudiste plaît visiblement toujours à certains et Hellroom Projectors leur a laissé un large sourire sur le visage.

GREENLEAF

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Après les terres arides du Sud, le moment est venu de foncer en terres vikings pour la première fois de la journée. Dès que nous pénétrons dans la pénombre, nous constatons que les scandinaves trépignent sur scène, et dans ses alentours proches, déjà prêts à envoyer leur rock. Ce sera une première dans l’histoire de Dozer : Tommi jouera deux prestations avec deux groupes différents ce jour-là à Bâle, et avec le même t-shirt s’il vous plaît ! (un défi pas facile à assumer, sachant que le guitariste finit chaque concert trempe de sueur…) Après avoir constaté que le bassiste de la formation était à nouveau chaussé de baskets – l’histoire du stoner retiendra que la nuit précédente ce quidam avait perdu ses chaussures en se perdant en rase campagne avec un guide défaillant – et entendu résonner la mauvaise intro, le quatuor remonté à bloc déboule sur scène avec « Equators » tiré de leur dernier opus sorti il y a quelques mois. Ces garçons ayant peu joué cette année, c’est avec une énergie folle qu’ils investissent l’espace et le public savoure ces instants plutôt que de s’enfiler des grands cafés jaunes avec des bulles à l’extérieur (ou de goûter les mets mitonnés par la baraque à bouffe qui a un peu varié autour du thème de la saucisse). Nous profitons aussi du spectacle fougueusement rock’n’roll qui nous est proposé. Le quatuor est bien en place, ayant grand profit des nombreux concerts effectués sur le continent cette année, avec notamment une prestation habitée du vocaliste Arvid, qui s’il n’est pas un grand technicien vocal, compense par une énergie et une émotion remarquables. Envoyant une bonne cargaison de titres issus de sa dernière livraison dont l’apaisé « Ocean Deep » et le remuant « The Drum », Greenleaf fait monter la température à l’intérieur du Z7. Après quarante minutes de concert, dont « Highway Officier » ainsi que « Stray Bullit Woman » issus de l’excellent « Agents Of Ahriman » furent de grands moments (mais aussi les seuls titres non issus de Trails & Passes), nos amis quittent la scène au moins aussi ravis que nous le sommes, mais nettement plus moites que nous, non sans avoir informé la foule au sujet des chaussures de son bassiste (mais ce qui est se passe à Bâle, restant à Bâle, ne comptez pas sur nous pour balancer).

THE SOCKS

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C’est sur la petite scène que nous retrouvons le matos vintage, les pompes vintages, le look vintage des français de The Socks, occupés qu’ils sont à tenter de se faire comprendre pendant les balances. L’instant s’éternise, puis le quartet décide de prendre les choses en main. A la classe naturelle de leurs compos, les français rajoutent en live ce zeste de désinvolture « j’m’en bats les couilles » garage et sexy qui rameute immédiatement le public et lui fait secouer la tête comme si ses cheveux longs étaient mouillés. Boom. C’est carré, foutrement en place, l’harmonie des deux voix impressionne (en ce deuxième jour de festival, mention spéciale à la qualité des chanteurs de Greenleaf, The Socks et Mars Red Sky qui prouvent que la voix, quant elle n’est pas négligée, magnifie n’importe quel type de stoner). Le set se déroule, colle des sourires à toute l’audience, « Some kind of sorcery » et « Holy Sons » sont nerveux et enlevés mais c’est sur « The last dragon » que le groupe va tout emporter. Son long passage orgue(-asmique) piqué de cabine Leslie et la reprise qui s’ensuit va hérisser les poils sur nos avant-bras menus comme jamais. La voix éraillée fait une fois de plus des merveilles. On regrettera juste la guitare solo sous-mixée à la face empêchant de goûter les envolées seventies à leur juste valeur. Ce magnifique concert clôt donc, pour les Socks, une belle année 2014. Et selon les dernières indiscrétions on n’a pas fini d’entendre parler d’eux car les bougres se penchent actuellement sur de nouveaux titres, une évolution nécessaire, et on les attend avec impatience à la vue de cette prestation.

ALUNAH

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Soph et ses acolytes sont fins prêts à affronter le public lorsque nous nous en retournons du côté sombre du festival. Nous soulignons qu’initialement prévus sur la Side Stage, Alunah bénéficie d’un upgrade sur la Main Stage en permutant avec Lonely Kamel et que cet état de fait (bien annoncé par l’organisation) ne choque personne. Mus par le désir de partager avec nous sa nouvelle plaque « Awakening The Forest », les britanniques lui feront la part belle tout au long des quarante minutes de set qui leur sont accordées. Deux morceaux de « White Hoarhound » seront joués, dont le titre éponyme alors que le reste du concert ne sera constitué que de plages issues de la dernière production. Sorti la veille dans les régions germanophones, ce disque est encore peu connu du grand public et, malheureusement pour la bande de Birmingham, la foule ne s’est pas pressée devant la scène durant l’intégralité de sa prestation. Nous tenons à préciser que le show proposé par Alunah ne fût pas pour autant médiocre, mais que le style de ce quatuor avec ses chants travaillés et particuliers n’est pas nécessairement en phase avec les masses débarquées à Bâle pour entendre du rock’n’roll hard fuzzy. Le répertoire plus introspectif des anglais dépareillant au milieu de formations faciles d’accès n’a pas franchement aidé, mais les aficionados ont savouré. Nous avons nous-même passé un bon moment en compagnie d’Alunah que nous avions par ailleurs déjà croisés sur scène.

LONELY KAMEL

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Lonely Kamel se retrouve donc sur la petite scène alors qu’ils étaient prévus une heure plus tôt sur la main stage… Ils perdent de fait dix précieuses minutes de set et l’opportunité d’un light show plus sexy, à cause de l’arrivée trop tardive de leur batteur Espen sur le site (pour une raison que nous nous abstiendrons bien de commenter… On vous laisse vous faire votre idée !). On imagine donc bien nos trois autres larrons remontés comme des coucous helvètes (Espen, lui, est probablement plus détendu…) quand vient enfin l’heure de monter sur scène. Bel exutoire à cette tension qui a crû tout l’après-midi, « Shit City », issu de leur première galette, donne autant le ton du concert qu’il assène la première mandale à un public qui n’en demandait pas tant. La suite est à l’avenant, nos quatre lascars sortant l’artillerie lourde pendant quarante minutes, avec en sus un pied bien appuyé sur l’accélérateur (faut dire que les barbus avaient calé leur set sur un créneau horaire plus long et n’ont pas envie de sacrifier le moindre titre !). Scéniquement, les gars sont à fond dedans, chacun délivrant une prestation solide, avec toujours un Lukas au taquet, alignant des soli impeccables avec énergie, et arpentant la scène ou montant sur les amplis pour mieux décocher ses pauses de guitar hero. Niveau set list, là aussi, nothing but the best : le velu combo venu du froid pioche dans tous ses albums ses meilleurs titres, et soigne leur exécution pour faire de ce set une véritable machine de guerre parfaitement rodée. Du langoureux « Damn you’re hot » à l’énergique « Spacerider », en passant par le mi-bluesy, mi-boogie « Grim Reefer », ça n’arrête pas. En arrivant sur la fin du set, Thomas Brenna nous rappelle que c’est le dernier concert de leur tournée, et que c’est une fort belle manière de terminer, le tout en engageant le terrible « Evil Man », qui achève de briser les cervicales des derniers résistants au fond de la fosse surélevée de la scène extérieure : riff souverain, soli incisifs, groove dégoulinant, rythmique rutilante… Passé ce monument live, Brenna questionne la régie pour savoir s’ils peuvent encore placer des chansons : feu vert leur est donné pour deux derniers titres qui ne feront pas changer le tensiomètre, resté rouge écarlate sur toute la durée du set. Du grand travail de charpentier.

 

DOZER

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Nous demeurons en terres scandinaves avec Dozer qui était clairement le concert qui avait généré un mouvement vers Bâle de la part de certains inconditionnels. Nous n’allons pas y aller par quatre chemins : il paraît que le show de Dozer n’a pas été exempt de reproches au niveau technique et en ce qui concerne la qualité du chant. Fadaises que tout ça ; nous avons pris un panard terrible avec le quatuor suédois ! Nous n’étions pas à l’audition d’une école de musique pointue, mais à un putain de festival stoner avec une putain de légende sur scène qui a envoyé des putains d’ogives orgasmiques à un public qui n’attendait que ça ! Dozer était, est et demeurera à tout jamais une énorme référence pour la plupart des types qui gravitent autour du stoner depuis plus de cinq ans ; c’est écrit ! Après ses apparitions aux DesertFest londonien et berlinois il y a deux ans puis le Hellfest du millésime actuel, la formation a à nouveau transcendé ses fans et augmenté encore nos regrets de ne pas les voir aussi souvent qu’avant. Les pépites alignées au Up In Smoke ont flirté avec le best of : le meilleur de « Through The Eyes Of Heathens » avec « Until Man Exists No More » et l’obsédant « Big Sky Theory », la quintessence de « Call It Conspiracy » avec «  Rising » et « Hills Have Eyes », puis naturellement la crème de « In the Tail of a Comet » avec « Riding The Machine » et le splendide « Supersoul » en apothéose finale. Ajouté à ce menu quelques extraits du reste de la discographie du groupe dont le dispensable « Beyond Colossal » et le tour était joué. Monsieur Holappa avait transformé l’essai en se produisant avec ses deux formations ; il pouvait désormais changer de t-shirt et aller se désaltérer avec ses collègues au catering extérieur où les Suédois assurèrent une bonne partie de la joyeuse ambiance qui allait durer encore bien longtemps après que Kadavar eût rangé ses flying cases. Nous remercions Dozer pour cette excellente prestation !

MARS RED SKY

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Quand un groupe fait ses balances sur du Neil Young on peut être sûr d’une chose, c’est que la classe va accompagner le trio durant sa prestation. Mars Red Sky prend donc place sur la seconde scène du festival qui s’avérera trop petite tant le concert des bordelais va chavirer le public. La voix haute en tessiture de Julien Pras survole l’édifice heavy tricoté par les instruments. La basse « The Wall » tisse un véritable lien entre les compositions. La batterie cajole les fûts autant qu’elle martyrise les peaux. « Hovering Satellite », single nécessaire et accroche parfaite nous fait comprendre l’approche de Mars Red Sky. Le côté ultra-composé des morceaux malgré leur apparente simplicité. La touche constante de composition folk dans un écrin stoner.  Il n’y a qu’à voir les yeux du public s’écarquiller devant cet « Arcadia » et ce « Strong reflection » de toute violente beauté. Les vidéos en arrière plan participent aussi à ce numéro d’équilibriste, ajoutant une profondeur visuelle à l’ensemble. Tout est justement à sa place dans un concert de Mars Red Sky, c’est la cohérence et l’imbrication de toutes ses composantes qui en font un p’tit joyaux de heavy psychédélisme. Il convient de noter le mix aux petits oignons de leur ingé-son, certainement la meilleure face sur la petite scène durant le festival. Et le public exigeant de l’Up in Smoke ne s’y trompe pas en réclamant au groupe un rappel (qu’il ne pourra accorder à cause d’un running-order serré). Et les groupes se voyant réclamer un rappel lors de cette édition se comptent quasiment sur le doigt d’une main, c’est pour dire la qualité du show que viennent de nous balancer les français.

 

BRANT BJORK

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Après les derniers représentants de la Francophonie du festival, il était temps de s’en retourner à l’intérieur pour avoir le plaisir de revoir Brant Bjork dans une configuration frontman de sa propre formation. Mr Cool, épaulé par une nouvelle équipe, assume totalement sa reconversion après les tribulations Vista Chino. Bénéficiant du coup de pouce de la formation de légende qui l’a poussé à mettre de côté ses projets personnels (le live issu de la tournée « Gods & Godesses » et la plaque instrumentale « Jacuzzi » jamais sortis à ce jour) et de son statut de partie de deux mythes du stoner, le chevelu rassemble devant la scène la quasi-totalité des spectateurs. Pour ceux qui, comme nous, l’ont déjà croisé sur scène : la formule reste identique que par le passé avec un poil plus de gesticulations : on plane dans le hard seventies et les mouvements de nuques ainsi que le battement de mesure avec le pied sont automatiques dès les premières mesures. Ces dernières lorgnent en direction de « Jalamanta » puisque les 4 premiers titres en sont tirés. Il faut dire que l’ersatz de Jimmy Hendrix a axé son setlist sur la plus vieille de ses propres productions et sur celle à venir (dont la sortie est prévue 2 mois après ce show) puis y a ajouté quelques perles issues de « Saved By Magic » ou « Keep Your Cool ». Au rayon des nouveautés, le public s’est tout de même enfilé quatre nouveaux titres : ça ferait un poil beaucoup pour un combo standard, mais pas pour ce type épatant qui nous fait glisser ses titres sans nous perdre vu la cohérence de ceux-ci avec l’ensemble de son œuvre. Presque une heure et quart de bonheur !

NAAM

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En deux ans environ, depuis la sortie de « Vow », en gros, la notoriété de Naam a grimpé en flèche. Rien n’est fortuit toutefois, tant on a vu ces derniers mois le groupe new-yorkais s’investir sur scène, en réalisant plusieurs tournées et dates significatives. Cette abnégation les mène très haut sur l’affiche de ce Up In Smoke, à savoir factuellement en clôture de la side stage, avec presque une heure de temps de jeu. Au bout de quelques minutes de leur set, la prestance scénique du quatuor U.S. saute aux yeux : tandis que Ryan Lugar est tout en charisme tranquille (jamais exubérant, vaguement introverti même, sans pour autant renier son rôle de frontman), les regards ne manquent pas de s’accrocher sur le bassiste John Bundy, qui vit le set comme son dernier jour : le gars joue chaque note avec une émotion débordante, il chante les paroles (sans micro of course, juste pour lui) les yeux fermés, il déborde littéralement d’énergie, sans manquer de dresser des lignes de basse robustes. Mais les regards sont aussi (presque malsainement) attirés par l’autre côté de la scène où Weingarten, claviériste efficace mais par ailleurs assez morne scéniquement parlant, a jugé bon de revêtir un couvre-chef tendance « sombrero meets parasol » dont la présence absconse challenge tous les niveaux de lecture : mauvais goût, second degré, humour, sanction, bizuthage ? Tandis que les vaines tentatives d’explication se bousculent dans notre esprit embrumé, les volutes instrumentales du doom mélodique de Namm se font progressivement plus prenantes. Le style musical du groupe, où se mélangent adroitement et naturellement des  influences psyche, doom, revival 70’s, stoner, etc… est en tous les cas très vite addictif, et rapidement l’énergie scénique associée à un light show sobre (et sombre) mais efficace favorisent l’immersion et l’adhésion du public. Un set efficace, maîtrisé, mené de main de maître. On n’en attendait pas une révélation, mais on a quand même été très agréablement surpris. On n’en fut que plus étonné et déçu lorsque, une paire de jours plus tard, Naam a annoncé que le groupe s’interrompait, peut-être définitivement.

KADAVAR

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Le Up in Smoke devait se terminer ainsi. Après tout, nous sommes à un jet de canette de l’Allemagne, nos oreilles jamais rassasiées réclament une dernière salve de fuzz et nos corps fatigués de ces deux merveilleux jours n’attendent que la rouste ultime pour s’endormir enfin. Qui de mieux que Kadavar donc ? Le trio de géants s’installe sur la main-stage dans une config en avant-scène très frontale. Le backdrop triangulé et lunaire apporte la profondeur visuelle et, point de fuite éphémère, le but à atteindre pour ce road-trip 70’s que les teutons vont balancer. Pour qui a déjà vu Kadavar en concert, rien de bien nouveau à se mettre sous le tympan, juste le bonheur de se prendre, une fois de plus, le rock sauvage et leur maîtrise quasi-parfaite des codes du genre. Pour qui n’a jamais vu Kadavar, ce concert est le parfait exemple du savoir-faire germanique. Les compos déroulent leurs riffs simples et entêtants, soutenues par cette basse rêche et la batterie haute en cymbale et frappes sèches du tigre en chef. Le voyage 70’s est total, les solos sont toujours marqués de ce groove si particulier de Lupus Linderman, ce dernier faisant rugir de plaisir sa Gibson SG sur chaque note. Le trio n’a pas besoin de bouger tant sa musique est sexy et chaleureuse. Côté set list, Kadavar disposant d’une généreuse heure et quart de concert ne se force pas à être sélectif, et propose la plus grande part de ses deux longs-formats (efficacité garantie), ainsi qu’une paire de b-sides (les très bons « Living in your head » et « Broken wings »). Nous jetons nos dernières forces dans la bataille en suivant la chevelure du batteur, qui, constamment en mouvement, le fait passer pour le Cousin Machin de la famille Addams. Dernière note. Derniers applaudissements. Nous reprenons notre respiration après ces deux jours intenses offerts par le Up in Smoke. « Come back to life » serait-on tenté de chanter.

Le public reste longtemps hagard après la dernière d’une lourde série de déflagrations sensorielles ressenties sur une très grosse demi-journée, et on dirait que personne n’a vraiment envie de quitter les lieux : tout le monde reste donc tranquille à déconner, se détendre, boire des verres entre potes, etc… Certains (musiciens, public et organisateurs tous ensemble) pousseront même l’after-show jusqu’aux premières lueurs du jour sur le modeste parking d’un petit hôtel local au charme discret, comme pour repousser l’échéance de la séparation… jusqu’à l’année prochaine ! Car avec son carton cette année (encore plus de spectateurs que l’an dernier, alors que le festival a rallongé d’un jour supplémentaire, belle performance !), on est déjà assuré de retrouver le Up In Smoke dans un format similaire l’an prochain, et on en salive d’avance !

Flaux, Chris (et Laurent)

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