Pouvoir profiter de trois grosses têtes d’affiche le même soir et au même endroit, c’est quand même quelque chose de fort appréciable. Le Up in Smoke Tour ou Roadfestival nous a encore concocté un menu des plus exotiques : succulent tartare polonais, poulet à la Kiev ukrainienne et cannelés bordelais. Autant vous dire qu’on s’est régalé.
Tandis que la salle se remplit, que le bar du bas devient rapidement inaccessible et que les curieux repèrent leurs futurs achats de merchandising. Belzebong ne se fait pas attendre et ouvre dans une ambiance des plus verdoyantes. Amis photographes, bon courage pour réussir à capter un beau cliché. Les Polonais commencent dès lors à ronger la salle à coup de larsens et de cymbales qui frétillent, puis, c’est la grosse détonation sonore qui s’invite à la fête. Le quatuor était clairement attendu par un public conquis dès les premières notes. On remue la tête au rythme hyper lent et tellement jouissif d’un gros son tellement gras, lourd et hypnotique. Ici, pas besoin de teinte vocale, juste une ambiance instrumentale, qui chante bien plus que certains groupes, accompagnée de longs cheveux qui se balancent. Le show du groupe est d’une telle intensité que le temps passe beaucoup trop vite. C’est déjà la fin que le public reste perché et en redemande.
Pas de souci, Stoned Jesus ouvre très rapidement à travers un style complètement différent du Doom/Stoner des Polonais. Cette fois-ci le trio, aux sonorités tout de même bien puissantes et lourdes, donne dans un Stoner plus rythmé et plus chaleureux. Le chanteur n’y est pas pour rien, puisqu’il réussit très vite à entrainer le public dans une osmose plus groovy. Le groupe propose ainsi de nombreux titres provenant de toute leur discographie : « Rituals Of The Sun », « Wound », « The Mountain » ou bien encore « Stormy Monday ». Bien qu’il demeure quelques incohérences de mixages quant à la sous exploitation des effets sur la voix, Stoned Jesus passe bien au dessus de tout ça. En effet, le groupe n’hésite pas à rendre un fervent hommage aux victimes du Bataclan en 2015 en renchérissant sur une très bonne reprise de David Bowie : « Lazarus ». Enfin, même les plus sceptiques se voient envoutés par la superbe « Bright Like The Morning » qui engage le public dans une folle danse mystique. On en veut encore !!!
Puis le dernier tour arrive déjà ! Que ça passe vite ! Mars Red Sky affiche une grande classe et beaucoup de joie à jouer devant son public français. Rien d’étonnant quand on vient de sortir ce très bon album qu’est Apex III. L’ambiance globale est vraiment très bonne et bien maîtrisée. Et, pour ceux qui ont déjà eu le plaisir de voir le trio bordelais sur scène, il est clair qu’il maitrise de mieux en mieux le son : gras, lourd, mélodique à souhait et planant. Une grosse ovation est à faire au batteur Matgaz, qui s’est tellement intégré au groupe qu’il en est devenu une pièce maîtresse, de par son efficacité et sa perfection rythmique. Puis de manière générale, on ne peut qu’applaudir le professionnalisme du groupe victime de problèmes techniques (une panne de courant pour le bassiste Jimmy Kinast) et assurant tout de même le show. Sans oublier la sensible et limpide voix de Julien Pras et son jeu de guitare aux multiples effets. Comment ne pas en être autrement quand on enchaine des titres comme « The Light Beyond », « Curse » (malheureusement avorté par le problème technique), ou encore la grandiose « Strong Reflection ». Mais me direz-vous, et les nouveaux morceaux ? C’est un peu la seule chose que certains pourront reprocher à Mars Red Sky puisqu’ils n’interprèteront que très peu de morceaux appartenant à Apex III : « Alien Grounds/ Apex III », « Mindreader « , sans oublier l’exclusive « Shot in Providence ». Mais en une seule heure de concert, on ne va pas se plaindre.
Donc au final, un super concert avec une très bonne ambiance que l’on doit au public bien déjanté et aux trois groupes de la soirée qui nous ont offert une superbe soirée. Même s’il est vrai qu’un changement d’ordre de passage de groupes du genre Stoned Jesus, Mars Red Sky et Belzebong aurait certainement apporté une dynamique encore plus dense et mémorable. Mais bon, ce n’est qu’un détail et on a hâte de retrouver chacune de ces formations pour d’autres aventures musicales.