Si vous étiez sur Paris hier soir, vous aviez le choix: aller voir PSG – Real Madrid au Parc des Princes pour la modique somme de 3 SMIC ou alors vous pouviez vous rendre au Supersonic, à quelques encablures de la place de la Bastille, pour assister à 3 concerts totalement gratuits! Le Supersonic est une petite salle qui peut contenir environ 200 personnes (voire un peu plus si on tasse bien) avec 2 bars, un au rez-de-chaussée et un autre à l’étage, accessible par 2 escaliers en métal de chaque côté de la salle. L’ambiance façon loft industriel est exceptionnelle: des poutres en métal, des inscriptions phosphorescentes au bar, un balcon qui surplombe la scène et une scène visible depuis l’extérieur grâce à une immense baie vitrée qui permet aux retardataires et aux recalés du soir de profiter malgré tout de l’image.
Qilin
C’est aux régionaux de l’étape que revient le plaisir d’ouvrir la soirée. Les parisiens connaissent à peu près la moitié des personnes présentes et l’autre moitié va instantanément devenir pote avec eux tant leur stoner instrumental est addictif. D’entrée, on est surpris de les voir évoluer en trio, le guitariste Frédéric manquant à l’appel (il sera excusé par ses camarades). Dès les premières mesures, on découvre un son rugueux et puissant et la paire Cold Pine Highway – Labyrinth, qui ouvre dans cet ordre leur EP paru en 2017, retourne une salle déjà largement acquise à sa cause. Sun strokes the wall continue de faire chavirer l’assistance et leur set se conclue par Lucid dreams et Head of Medusa, non sans avoir chaleureusement remercié le public et l’orga. Vivement l’album promis dans quelques mois par les gars!
Dirty raven
Après Qilin, voici venir les rémois de Dirty raven. Eux aussi sont en préparation d’un premier album et ils ont fait spécialement le déplacement depuis la ville des sacres pour l’occasion. U.F.O. se charge d’installer l’ambiance. Hypocrisy, tiré de Rust for blue, leur dernier EP en date, confirme ce qu’on pouvait penser dès les premières notes: les corbacs sont en forme et le public, réceptif, leur fait bien comprendre en headbangant en cadence. Desert of champagne accélère le rythme, tout comme le rugueux Hell on heels qui voit Bernard et sa guitare composer avec quelques problèmes de son. L’énergie déployée par le groupe fait passer la pilule et le public peut se délecter de Rockabilly girl et d’Open your doors et son riff pachydermique. Leur set se termine par un Brainwashing qui finit de convaincre les spectateurs: malgré ces regrettables problèmes de sono, les corbeaux ont assuré et le public les applaudira chaleureusement. Contrat amplement rempli.
Valley of the sun
Il est plus de 22h30 quand s’approche le groupe star de la soirée: les américains de Valley of the sun. Il n’y a plus un centimètre carré de libre devant la scène (ni dans la salle d’ailleurs), le public est agglutiné comme des sardines en boîte (il est quasiment impossible de se déplacer ni d’emprunter les escaliers) et les quelques malheureux qui attendent dehors n’auront que leurs yeux pour pleurer car ils vont rater un set dantesque lancé par un Old gods aux petits oignons. La troupe de Ryan Ferrier est en grande forme et Hearts aflame (tiré de The saying of the seers) va faire dévisser plus d’une cervicale. Le son est terrible (dans le bon sens du terme) et on sent bien que Valley of the sun maitrise son sujet. A l’américaine, quoi! All we are voit le public dévaster le pit et les premiers rangs souffrent pour repousser les attaques continues (certains se risqueront même au slam, assez dangereux vu le peu de hauteur sous plafond). Means the same ne va pas calmer les ardeurs d’une salle chauffée à blanc et la foule se balance d’avant en arrière comme un seul homme. Ceux qui sont au pied de la scène manquent de se la manger, Ryan Ferrier a failli se retrouver avec son micro planté dans l’oeil et la bagarre fait rage pour tenir debout. Vision impressionnante que cette fosse qui se lâche complètement dans ce espace plus qu’exigu. Le très attendu (enfin, surtout par votre serviteur…) Centaur rodeo, extrait de la galette Electric talons of the thunderhawk, ne calmera pas les ardeurs d’une assistance totalement en transe (un slammeur finira même balancé sur scène, un autre escaladera le balcon…) et tout le monde est happé par Valley of the sun. Mais la fin approche, Into the abyss et Riding the dunes finissent d’achever les plus courageux avant que les américains ne gratifient le public d’un titre supplémentaire en rappel. Les applaudissements sont nourris, les musiciens tapent dans les mains et saluent chaque personne qui vient leur dire tout le bien qu’ils pensent d’eux et les vinyles d’Old gods s’arrachent comme des petits pains. Et la foule quitte la salle, hagarde et vidée par ce qu’elle vient de vivre, une expérience à nulle autre pareille: celle d’un groupe qui aime la musique, qui aime le rock, qui aime partager sa passion et, surtout, qui la vit à fond. Merci encore, messieurs…
Voilà, il est temps pour chacun de regagner son foyer, de retourner à sa vie et de dire un grand merci à Below the sun pour ce genre de soirée qui nous fait aimer la musique live, qui nous fait sortir de notre torpeur quotidienne et qui nous fait vivre des moments de grâce et de bonheur. A la prochaine!
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